Lions Indomptables: Excellents footballeurs, ils sont devenus de piètres hommes d'affaires

YAOUNDE - 11 Avril 2012
© Jean Robert Fouda | Repères

Samuel Eto'o, Patrick Mboma, Roger Milla, Rigobert Song et Marc Vivien Foé... ont tenté des expériences diverses. Mais, les résultats sont très mitigés, pour des investissements qui tombent en désuétude.

Une carrière brillante, couronnée par de nombreux lauriers glanés. Cependant, l'expertise des footballeurs camerounais en matière d'investissements ou de création d'entreprises, reste à parfaire. Patrick Mboma, ancien avant-centre de la sélection camerounaise, ne peut pas s'empêcher de le reconnaitre. «Je n'ai pas totalement abandonné. Mais, pour l'instant, je préfère mettre ce projet de côté afin de me consacrer à autre chose», a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse à Yaoundé, au sujet de son entreprise mort-née.

Il a voulu ainsi tirer son épingle du jeu en se reconvertissant dans les affaires après une carrière impressionnante : deux Coupes d'Afrique des nations et une médaille d'or olympique. Sa structure Hope Finance (une filiale du groupe Hope Corporate, une entreprise de micro finance basée à Paris) qui comptait déjà des représentations dans certains pays africains dont la Côte d'Ivoire, est depuis plusieurs années en hibernation. Cette jeune entreprise créée au lendemain de sa décision de mettre un terme à sa carrière en 2005, avait pour but de venir en aide de façon pérenne au développement du continent africain.

Patrick Mboma a mis en place un concept baptisé «TransFair service» qui consiste à transférer un service précis, un service en lieu et place du traditionnel transfert d'argent. Simultanément, les prestations de santé, le transfert de biens de services et de consommation, devenaient possibles même déjà à partir des différents sites. En conclusion, explique-t-il dans une interview au site Okabol, «nous transférons autre chose que simplement de l'argent».

Malheureusement, cette initiative a fait long feu. Car, l'ancien international de football camerounais qui voyait en la Côte d'Ivoire «un pays propice pour le développement de nos activités», n'a pas été aussi «Magic» dans les affaires. Et même encore pire pour Samuel Eto'o. Le footballeur africain le plus titré du Cameroun avec une médaille d'or olympique, deux Coupes d'Afrique des nations 2000 et 2002, trois ligues des champions et quatre Ballons d'or africains, a connu également un flop dans sa dernière tentative de création d'entreprise au Cameroun.

Prévues pour être lancées le 21 janvier dernier, les activités de Eto'o Télécom, qui aurait dû être le quatrième opérateur de téléphonie mobile au Cameroun au même titre que Camtel, MTN, et Orange, ont été renvoyées aux calendes grecques. Et pourtant, le 22 décembre dernier, Samuel Eto'o Fils et Charles Gueret, respectivement Administrateur directeur général et Directeur général d'Eto'o Telecom, promettaient des prix défiant toute concurrence.

Les propriétaires des 50.000 puces déjà vendues n'attendent plus que leur activation qui était pourtant prévue en janvier dernier. Mais, contre toute attente, dans le communiqué paru le 5 janvier dernier dans le quotidien gouvernemental «Cameroon tribune», l'Agence de régulation des télécommunications informe l'opinion nationale et internationale que l'entreprise Eto'o Télécom n'est pas un opérateur du mobile. Au contraire, une entreprise spécialisée dans l'exploitation des bonus des trois opérateurs déjà installés. Il s'agit bien de la revente de trafic téléphonique et non de l'établissement et/ou l'exploitation d'un nouveau réseau de téléphonie mobile (une soixantaine de sociétés disposent de titres d'exploitation similaires au Cameroun).

Le joueur qui, parfois, brille par sa générosité en octroyant des ambulances médicalisées à l'Etat du Cameroun peut éviter un nouvel échec dans la gestion de son académie de football en construction dans la ville balnéaire de Kribi. Ledit Centre de formation va associer sport, et études et devrait accueillir entre 200 et 300 jeunes de 10 à 13 ans.


L’ŒUVRE DE FOÉ

Les autorités camerounaises n'ont entrepris aucune initiative pour parachever l'œuvre de cette figure emblématique du football, décédée à Lyon (France) le 26 juin 2003 lors d'un match de Coupe des Confédérations de la Fifa face à la Colombie. Le complexe sportif de Marc Vivien Foé dont l'achèvement a fait l'objet des discours prometteurs pendant ses obsèques, n'a connu aucune avancée. Le joyau architectural dont avait rêvé le footballeur, accueille désormais une église: la paroisse Saint Marc d'Okoui.

Marc Vivien Foe avait rêvé d'un complexe multisport, pour venir en aide aux enfants démunis. Un complexe constitué d'un bâtiment principal composé de plusieurs bureaux, une grande salle de jacuzzi, une salle de gymnastique au sous-sol et deux piscines, dont une avec des vagues similaires à celles de la mer, un hôtel, une grande piscine à ciel ouvert, trois courts de tennis et un grand terrain de football doté de gradins. Malgré cette image apocalyptique, l'un des édifices portant la griffe de Marc Vivien Foé, a fière allure à Yaoundé. Il abrite essentiellement des commerces.


LES RÉALISATIONS PHARES

Au-delà de ces échecs, quelques footballeurs connaissent néanmoins une relative réussite dans leurs entreprises. Dans ce registre, se compte Gustave Bollanga. L'ancien espoir du football camerounais, passé par le Canon, la France et la Corée, a créé une marque d'équipements sportifs qui commence à séduire.

L'ancien footballeur qui rata de peu la World cup 94 aux USA, s'est installé à son compte à Douala. Il a créé Gama Services, une structure de Conseil dans le domaine du sport, avec laquelle il a piloté l'année dernière l'organisation des 80 ans de son ancien club au Cameroun le Canon sportif de Yaoundé. Il compte accompagner les associations et fédérations sportives dans leur démarche marketing et dans la préparation des compétitions. Et évidemment, dans l'habillement des athlètes.

Déjà, Oeris a pu habiller les sélections nationales de handball dames et messieurs et la Fédération camerounaise d'athlétisme, puisqu'il a vêtu ses athlètes lors des récents championnats d’Afrique zone IV à Yaoundé et pendant les Jeux africains de Maputo 2011.


SONG PASSIONNÉ DE FASHION

Au lendemain de la Coupe du monde en Afrique du Sud, l'ancien capitaine des Lions indomptables a mis un terme à sa carrière. Comme activité extra sportive, le joueur également passionné de fashion, s'attelle à promouvoir sa marque «Rig Song».

Il s'agit d'une ligne de vêtements de grande qualité à prix abordable. «C'est une marque qui monte. Je pense que d'ici 2012, la Rig Song sera une marque reconnue», a-t-il indiqué. Il s'investit en même temps dans l'immobilier. A ce sujet, un impressionnant building de plusieurs niveaux et dont la paternité lui est attribuée, est actuellement bâti au quartier Bastos à Yaoundé. Un projet rentable dans la mesure où il comprend à la fois bureaux et commerces. Il espère aussi résoudre partiellement la crise du logement social dans la capitale camerounaise.

Au-delà de tout, la réalisation la plus en vue est à mettre à l'actif de l'ancienne vedette Albert Roger Milla, double Ballon d'or africain (1976 et 1990), buteur le plus âgé dans une phase finale de Coupe du monde de football en 1990 en Italie...

Il a créé le 08 avril 2005 sa propre Fondation, «Cœur d'Afrique». «J'ai créé ma propre Fondation pour m'occuper des enfants au Cameroun, avec des amis, une fondation qui lutte contre les discriminations en matière de santé, d'éducation et de sport», a expliqué M. Milla.

Fondation Roger Milla entend venir en aide aux déshérités en apportant une assistance et un encadrement aux orphelins et enfants vulnérables, à travers l'éducation, la santé, l'assistance juridique et judiciaire, les activités socio-économiques, le sport, la culture et les loisirs.

Cœur d'Afrique veut en même temps apporter une assistance matérielle et/ou technique au mouvement sportif africain, aux associations et fédérations sportives, œuvrer pour la reconversion des anciennes gloires du sport à travers des programmes de formations spécifiques dans les domaines du sert, de la culture et des nouvelles technologies et enfin, contribuer à la lutte contre la pauvreté à travers des programmes de développement communautaire dans les secteurs de l'accès à l'eau potable, l'électrification, les routes, etc.



15/04/2012
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