Lions Indomptables: Des marabouts réclament 23 millions au gouvernement
DOUALA - 28 Juin 2012
© Christian TCHAPMI | Le Messager
A en croire Bernard Laurent Avom Bloup, leur coordonnateur, le paiement de cette dette, qui est d'ailleurs à l'origine de la déconfiture de l'équipe nationale de football au Mondial 2010 en Afrique du Sud, reste la condition siné qua-none pour que les Lions retrouvent leur gloire d'antan.
© Christian TCHAPMI | Le Messager
A en croire Bernard Laurent Avom Bloup, leur coordonnateur, le paiement de cette dette, qui est d'ailleurs à l'origine de la déconfiture de l'équipe nationale de football au Mondial 2010 en Afrique du Sud, reste la condition siné qua-none pour que les Lions retrouvent leur gloire d'antan.
L'homme que le reporter du Messager
reçoit à la rédaction ce vendredi 22 juin 2012 est à la fois anxieux et
exténué. Boule à zéro, il est vêtu d'un polo défraîchi et d'un pantalon
jeans assorti d'une babouche en cuir. Ses yeux écarquillés se promènent
malaisément le long de la salle de rédaction comme s'il avait perdu
quelque chose. L'objet de sa visite? «Je suis coordonnateur des
marabouts traitants des Lions résidant à Tibati. J'ai passé de longues
heures dans le train avant d'arriver à Yaoundé. Si je suis venu vous
voir c'est parce que nous voulons que notre équipe nationale de football
retrouve son auréole d'antan», lâche-t-il avant de dévoiler
l'important contenu de la chemise qu'il garde jalousement entre les
aisselles. Dans cette pile de documents, des coupures de journaux, une
lettre sans date, écrite dans un français décousu avec pour objet: «requête en vue d'intervention pour paiement de facture des sacrifices faits au sujet des Lions indomptables du Cameroun» adressée à Chantal Biya,
première dame de la République du Cameroun. En prime, des photos de
certains Lions indomptables trônant devant des taureaux égorgés,
visiblement en pleine séance d'incantation. Pour Bernard Laurent Avom Bloup, ces documents sont la preuve irréfutable des déclarations qu'il fait tout au long de l'entretien ci-dessus.
Celui qui se présente comme le chef de file des (ex) marabouts des Lions explique qu'à la veille de chaque compétition importante, les pouvoirs publics ont toujours fait appel à ces conseillers spirituels qui, à travers des sacrifices et l'invocation des aïeux ou des dieux, protègent les joueurs et mettent à nu le plan de l'adversaire. Ce service, précise-t-il, se réalise généralement moyennant une forte somme d'argent. Ainsi des objets sont souvent enterrés sous la pelouse où le match va se jouer. Seulement, «nous avons été floués à la veille du Mondial 2010. Michel Zoah, ancien ministre des sports à qui nous revendiquons 23 millions 800 000 FCFA, nous a abandonnés pour faire confiance à d'autres marabouts et prêtres exorcistes qui n'ont pu éviter la déconfiture des Lions», explique-t-il. Et de poursuivre «Si ce préjudice n'est pas réparé, les Lions ne sortiront jamais des profondeurs abyssales dans lesquelles ils sont condamnés depuis deux ans». Sérénité Charlatan en mal de célébrité ou récit des faits avérés? Par souci d'équilibre, Le Messager a joint au téléphone Michel Zoah qui rigole avant de nous apprendre que Bernard Laurent Avom est en effet un repris de justice qui tente par cette campagne de dénigrement de salir l'image de marque des Lions indomptables. Pour l'ancien patron des Sports, il s'agit d'un plaisantin, «qui souhaite au moyen de chantage et de campagnes médiatiques, troubler la paix et la sérénité que connaît notre équipe nationale. Il n'en est pas à sa première tentative puisqu'il ne fait que ça. Je ne veux en aucun cas être mêlé à cette affaire avilissante; j'ai passé trois années douloureuses à la tête de ce ministère et je voudrais rester à l'écart des affaires sportives pour le moment. Le Messager est un journal sérieux qui force du respect au Cameroun et ailleurs. Libre à vous de voir s'il faut ou non ouvrir vos colonnes à ce genre d'individus», indique-t-il. Avant de conclure, «monsieur Avom connait la procédure qu'il faut adopter lorsqu'on veut se plaindre. On se rend simplement au tribunal. Qu'il le fasse donc pour donner du crédit à ses accusations fantasmagoriques». |
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