Liman Oumaté Maloum Boukar: Le chef des "rebelles" des Monts Mandara parle de son mouvement et raconte son incarcération à la DGRE
YAOUNDE - 07 FEV. 2011
© Denis Nkwebo | Le Jour
“On m’a demandé si Amadou Ali est avec moi"
© Denis Nkwebo | Le Jour
“On m’a demandé si Amadou Ali est avec moi"
Liman Oumaté Maloum Boukar: “On m’a demandé si Amadou Ali est avec moi”
Le chef des « rebelles » des Monts Mandara parle de son mouvement et raconte son incarcération à la Dgre.
Réfugié dans les monts Mandara, vous aviez annoncé la création d’un mouvement rebelle et exigé le départ de Paul Biya du pouvoir. Pourriez-vous d’abord nous parler de vous ?
Je suis Liman Oumate Maloum Boukar.
Je suis né à Mora en 1972. Mon papa Maloum Boukar était un marabout. Il enseignait à l’école coranique. Ma maman, Dougdje, était une ménagère. Mes deux parents sont morts. Ma mère est morte lorsque j’avais l’âge de deux ans. Je ne l’ai donc pas connue. Mon père est parti lorsque j’avais 11 ans. Orphelin de père et de mère, je suis resté vivre avec mon oncle à Mora, dans la maison familiale. C’est mon oncle qui s’est pratiquement occupé à m’élever.
Sans revenir de façon générale sur votre enfance, pouvez-vous remonter votre cursus scolaire, du primaire à l’université ?
J’ai fréquenté à l’école publique de Mora, jusqu’au cours moyen deux. C’est dans cette école que j’ai obtenu le certificat d’études primaires et élémentaires. Ensuite, j’ai fait le lycée de Mora jusqu’en 3ème ; études couronnées par l’obtention du Brevet d’études primaires et élémentaires. J’ai continué mes études au lycée de Mokolo jusqu’en classe de première, ensuite j’ai fait la terminale au Tchad, à Ndjamena où j’ai passé le Bac C au lycée Félix Eboué. Je suis allé à Lagos State University au Nigéria, où j’ai faits des études de médecine. Ces études ont été couronnées d’un Phd en médecine. Je suis donc un médecin de formation.
Comment est-ce qu’un médecin devient donc chef rebelle ?
J’ai exercé dans une clinique, Larion Clinic, pendant six mois. Immédiatement après ces six mois, je suis parti au Tchad en 1998 où j’ai formé mon groupe rebelle, le Mouvement de Libération du Peuple Camerounais (Mlpc).
Lorsque vous vous retrouvez au Tchad, quelles sont les personnes qui assistent à la création du Mlpc ?
J’ai lancé le mouvement avec de jeunes Camerounais immigrants, venant de toutes les régions du Cameroun. Nous étions à peu près 500 au départ. Le mouvement était structuré en 10 groupes baptisés de 1 à 10. Charly était le chef de groupe. Charly par exemple est un gars du Sud-ouest. Mais moi je devais coiffer les dix groupes.
On note tout de même que beaucoup de vos camarades vont vous abandonner. Pourquoi ?
Je vous ai tantôt dit que la plupart des camarades était des immigrants qui se sont retrouvés au Tchad, sur le chemin de l’immigration. Ils sont donc allés en aventure en Europe.
Quels sont les objectifs que le Mlpc s’est fixé à sa création ?
Nous voulions le changement. Nous voulons toujours le changement aujourd’hui. Nous voulons le changement par la démocratie.
Dites-nous, comment un groupe rebelle peut-il parler de démocratie ?
Nous sommes un groupe rebelle pacifique. Nous n’avons pas d’armes. J’ai dit à l’époque que si nous ne sommes pas entendus, nous allons descendre dans la rue. Moi et mes hommes comptions descendre dans la rue, pour obtenir le changement de manière pacifique.
Des monts Mandara, comment est-ce que vous vous retrouvez alors au Nigeria ?
J’ai fui au Nigeria parce que certains de nos partisans à l’intérieur du pays m’ont dit que les élites de Mora ont recruté des bandits à la frontière pour essayer de m’éliminer. Donc, comme on n’est pas armé, je suis allé informer le gouvernement nigérian par le biais de Nigerian Television Authority (Nta) qu’il y a des bandits qui sont armés par les élites de Mora au Cameroun, qui me cherchaient sur le territoire nigérian. Et qu’ils pouvaient commettre des crimes et rejeter la responsabilité sur le Mlpc. Voilà comment je me retrouve au Nigeria.
Qu’est-ce qui vous a été répondu au Nigeria ?
Le message a été transmis à Abuja. Je vous rappelle que je n’ai reçu aucune réponse de personne. Par contre, je n’ai reçu aucune menace. Aucune pression. Je n’ai pas été inquiété.
Décrivez un peu cette opération qui a débouché sur votre enlèvement. Comment cela s’est-il passé ?
C’est l’un des membres de mon groupe qui m’avait invité. Il m’a dit que le gouvernement camerounais voulait la négociation. Donc, il m’a donné un rendez-vous dans un hôtel, Marazen Hotel à Maiduguri. Lorsque je suis arrivé sur le lieu du rendez-vous, il est allé appeler la police nigériane qui à son tour est venu m’arrêter. On m’a amené à la frontière à Banki, au service d’immigration. Là on m’a remis aux mains des éléments de la Direction générale de la recherche extérieure. Les Nigérians étaient une dizaine, ils avaient trois pick-up. Ils m’ont mis les cagoules. J’ai été conduit à Mora, au domicile du maire. Là-bas, un infirmier m’a examiné. Ensuite on m’a emmené à Maroua à l’antenne de la Dgre. J’ai passé une nuit dans les locaux de la Dgre. A Mora comme à Maroua, tout comme à la frontière où j’ai été récupéré, on ne m’a posé aucune question. Personne ne m’a adressé la parole. Par contre, ils ont enlevé les cagoules qui me cachaient les yeux. Le lendemain, on m’a transféré à Yaoundé, dans un appareil de la compagnie Air Leasing.
C’est au Tchad que vous avez lancé le Mlpc. Quels sont vos soutiens au Tchad ?
On n’a aucun soutien au Tchad. Les autorités tchadiennes ne savaient même pas que nous avions lancé un mouvement. Ce que nous faisions était secret.
Avez-vous des soutiens au Nigeria ?
Au Nigeria également personne n’était au courant de notre mouvement, jusqu’au moment où j’ai fait des déclarations à la télévision Nta.
Et les élites de l’Extrême-nord ?
Je n’ai aucun rapport avec ces élites de l’Extrême-nord. Personne d’eux ne me connait physiquement.
Que pensez-vous du ministre Amadou Ali ?
Je n’ai rien à penser de lui. Amadou Ali n’est pas dans notre groupe.
Et Cavaye Yeguié Djibril ?
On n’a rien à voir avec lui. Si Biya doit partir, il faut qu’il parte avec toutes ces élites-là. Et je précise bien que nous voulons une transition pacifique au Cameroun.
Qui sont les financiers du Mlpc ?
Comment voulez-vous connaître les financiers du Mlpc. Je vous ai dit que nous avons eu notre idée tout seul, sans influence de qui que ce soit. Si vous voulez tellement savoir, ce sont les membres du groupe qui cotisent pour faire fonctionner et vivre le Mlpc. Ce sont les membres qui cotisent pour ma nutrition et mes déplacements.
Que devient le Mlpc aujourd’hui ?
Le Mlpc reste toujours le mouvement que nous avions lancé. Au départ, on était localisé seulement au Nigeria. Aujourd’hui, j’ai des partisans sur tout le territoire camerounais. Au départ, nous étions 500, mais au Nigeria on avait 2000 hommes. Aujourd’hui il y en a beaucoup plus. Mais je ne peux pas vous dire quel est le nombre exact de membres maintenant.
Quels sont les prochains plans du Mlpc ?
Le mouvement reste actif. Comme je vous l’ai dit, nous voulons une transition pacifique actuellement, sans bain de sang. Nous, en ce qui nous concerne, avons demandé une transition pacifique au Cameroun. Maintenant, il appartient au pouvoir en place d’organiser cette transition pacifique. Si rien n’est fait, notre comité exécutif va se réunir et prendre une décision appropriée. Nous voulons des élections libres et transparentes au Cameroun. Cela passe par la création d’une commission électorale indépendante. Il n’y a pas une alternative à cela.
Revenons maintenant à votre séjour à la Dgre à Yaoundé. Comment vous ont-ils accueilli là-bas ?
J’ai été bien accueilli là bas à la Dgre. On m’a interrogé. A plusieurs reprises, on m’a demandé si j’accepte qu’on légalise mon mouvement pour qu’il devienne un parti politique. J’ai refusé, parce que nous sommes un groupe rebelle et nous ne voulons pas devenir autre chose que ça. On m’a proposé d’être ministre, j’ai refusé. On m’a demandé si le gouvernement du Nigeria était derrière moi, j’ai dit non. On m’a demandé si Amadou Ali est avec moi, j’ai dit non. On m’a enfin demandé si toutes les élites me soutenaient. Naturellement, j’ai répondu par la négative.
Comment viviez-vous à la Dgre ?
A la Dgre, je mangeais ce que je voulais. J’avais 1000F.Cfa de ration par jour. Ils m’ont demandé si j’avais quelqu’un chez qui je pouvais vivre en ville à Yaoundé, en attendant de revenir chaque fois que l’on aurait besoin de moi. Je n’ai pas été torturé. Mais j’ai été injecté avec un produit que je ne connais pas. Ils m’ont injecté en usant la force. Cette injection a été faite par le Dr. Tonye, avec à peu près huit éléments de la Dgre. Depuis lors, ma tête a été troublée pendant deux mois. Ça se manifeste jusqu'à ce jour par une perte d’appétit. Le Dr. Tonye m’a dit qu’il m’avait injecté l’oxen plus le valium.
Comment votre libération est-elle intervenue ?
C’est après cette injection qu’on m’a annoncé ma libération pour le lendemain. Effectivement, on m’a libéré le lendemain. Nous avons pris l’avion de Yaoundé pour Maroua. De Maroua, nous avons pris la route pour Mora. A Mora, il y a un policier qui venait de temps en temps en civil me surveiller. Tout ce qu’ils m’ont fait ne me dérange pas. Je continue ma lutte jusqu'à la mort.
Le chef des « rebelles » des Monts Mandara parle de son mouvement et raconte son incarcération à la Dgre.
Réfugié dans les monts Mandara, vous aviez annoncé la création d’un mouvement rebelle et exigé le départ de Paul Biya du pouvoir. Pourriez-vous d’abord nous parler de vous ?
Je suis Liman Oumate Maloum Boukar.
Je suis né à Mora en 1972. Mon papa Maloum Boukar était un marabout. Il enseignait à l’école coranique. Ma maman, Dougdje, était une ménagère. Mes deux parents sont morts. Ma mère est morte lorsque j’avais l’âge de deux ans. Je ne l’ai donc pas connue. Mon père est parti lorsque j’avais 11 ans. Orphelin de père et de mère, je suis resté vivre avec mon oncle à Mora, dans la maison familiale. C’est mon oncle qui s’est pratiquement occupé à m’élever.
Sans revenir de façon générale sur votre enfance, pouvez-vous remonter votre cursus scolaire, du primaire à l’université ?
J’ai fréquenté à l’école publique de Mora, jusqu’au cours moyen deux. C’est dans cette école que j’ai obtenu le certificat d’études primaires et élémentaires. Ensuite, j’ai fait le lycée de Mora jusqu’en 3ème ; études couronnées par l’obtention du Brevet d’études primaires et élémentaires. J’ai continué mes études au lycée de Mokolo jusqu’en classe de première, ensuite j’ai fait la terminale au Tchad, à Ndjamena où j’ai passé le Bac C au lycée Félix Eboué. Je suis allé à Lagos State University au Nigéria, où j’ai faits des études de médecine. Ces études ont été couronnées d’un Phd en médecine. Je suis donc un médecin de formation.
Comment est-ce qu’un médecin devient donc chef rebelle ?
J’ai exercé dans une clinique, Larion Clinic, pendant six mois. Immédiatement après ces six mois, je suis parti au Tchad en 1998 où j’ai formé mon groupe rebelle, le Mouvement de Libération du Peuple Camerounais (Mlpc).
Lorsque vous vous retrouvez au Tchad, quelles sont les personnes qui assistent à la création du Mlpc ?
J’ai lancé le mouvement avec de jeunes Camerounais immigrants, venant de toutes les régions du Cameroun. Nous étions à peu près 500 au départ. Le mouvement était structuré en 10 groupes baptisés de 1 à 10. Charly était le chef de groupe. Charly par exemple est un gars du Sud-ouest. Mais moi je devais coiffer les dix groupes.
On note tout de même que beaucoup de vos camarades vont vous abandonner. Pourquoi ?
Je vous ai tantôt dit que la plupart des camarades était des immigrants qui se sont retrouvés au Tchad, sur le chemin de l’immigration. Ils sont donc allés en aventure en Europe.
Quels sont les objectifs que le Mlpc s’est fixé à sa création ?
Nous voulions le changement. Nous voulons toujours le changement aujourd’hui. Nous voulons le changement par la démocratie.
Dites-nous, comment un groupe rebelle peut-il parler de démocratie ?
Nous sommes un groupe rebelle pacifique. Nous n’avons pas d’armes. J’ai dit à l’époque que si nous ne sommes pas entendus, nous allons descendre dans la rue. Moi et mes hommes comptions descendre dans la rue, pour obtenir le changement de manière pacifique.
Des monts Mandara, comment est-ce que vous vous retrouvez alors au Nigeria ?
J’ai fui au Nigeria parce que certains de nos partisans à l’intérieur du pays m’ont dit que les élites de Mora ont recruté des bandits à la frontière pour essayer de m’éliminer. Donc, comme on n’est pas armé, je suis allé informer le gouvernement nigérian par le biais de Nigerian Television Authority (Nta) qu’il y a des bandits qui sont armés par les élites de Mora au Cameroun, qui me cherchaient sur le territoire nigérian. Et qu’ils pouvaient commettre des crimes et rejeter la responsabilité sur le Mlpc. Voilà comment je me retrouve au Nigeria.
Qu’est-ce qui vous a été répondu au Nigeria ?
Le message a été transmis à Abuja. Je vous rappelle que je n’ai reçu aucune réponse de personne. Par contre, je n’ai reçu aucune menace. Aucune pression. Je n’ai pas été inquiété.
Décrivez un peu cette opération qui a débouché sur votre enlèvement. Comment cela s’est-il passé ?
C’est l’un des membres de mon groupe qui m’avait invité. Il m’a dit que le gouvernement camerounais voulait la négociation. Donc, il m’a donné un rendez-vous dans un hôtel, Marazen Hotel à Maiduguri. Lorsque je suis arrivé sur le lieu du rendez-vous, il est allé appeler la police nigériane qui à son tour est venu m’arrêter. On m’a amené à la frontière à Banki, au service d’immigration. Là on m’a remis aux mains des éléments de la Direction générale de la recherche extérieure. Les Nigérians étaient une dizaine, ils avaient trois pick-up. Ils m’ont mis les cagoules. J’ai été conduit à Mora, au domicile du maire. Là-bas, un infirmier m’a examiné. Ensuite on m’a emmené à Maroua à l’antenne de la Dgre. J’ai passé une nuit dans les locaux de la Dgre. A Mora comme à Maroua, tout comme à la frontière où j’ai été récupéré, on ne m’a posé aucune question. Personne ne m’a adressé la parole. Par contre, ils ont enlevé les cagoules qui me cachaient les yeux. Le lendemain, on m’a transféré à Yaoundé, dans un appareil de la compagnie Air Leasing.
C’est au Tchad que vous avez lancé le Mlpc. Quels sont vos soutiens au Tchad ?
On n’a aucun soutien au Tchad. Les autorités tchadiennes ne savaient même pas que nous avions lancé un mouvement. Ce que nous faisions était secret.
Avez-vous des soutiens au Nigeria ?
Au Nigeria également personne n’était au courant de notre mouvement, jusqu’au moment où j’ai fait des déclarations à la télévision Nta.
Et les élites de l’Extrême-nord ?
Je n’ai aucun rapport avec ces élites de l’Extrême-nord. Personne d’eux ne me connait physiquement.
Que pensez-vous du ministre Amadou Ali ?
Je n’ai rien à penser de lui. Amadou Ali n’est pas dans notre groupe.
Et Cavaye Yeguié Djibril ?
On n’a rien à voir avec lui. Si Biya doit partir, il faut qu’il parte avec toutes ces élites-là. Et je précise bien que nous voulons une transition pacifique au Cameroun.
Qui sont les financiers du Mlpc ?
Comment voulez-vous connaître les financiers du Mlpc. Je vous ai dit que nous avons eu notre idée tout seul, sans influence de qui que ce soit. Si vous voulez tellement savoir, ce sont les membres du groupe qui cotisent pour faire fonctionner et vivre le Mlpc. Ce sont les membres qui cotisent pour ma nutrition et mes déplacements.
Que devient le Mlpc aujourd’hui ?
Le Mlpc reste toujours le mouvement que nous avions lancé. Au départ, on était localisé seulement au Nigeria. Aujourd’hui, j’ai des partisans sur tout le territoire camerounais. Au départ, nous étions 500, mais au Nigeria on avait 2000 hommes. Aujourd’hui il y en a beaucoup plus. Mais je ne peux pas vous dire quel est le nombre exact de membres maintenant.
Quels sont les prochains plans du Mlpc ?
Le mouvement reste actif. Comme je vous l’ai dit, nous voulons une transition pacifique actuellement, sans bain de sang. Nous, en ce qui nous concerne, avons demandé une transition pacifique au Cameroun. Maintenant, il appartient au pouvoir en place d’organiser cette transition pacifique. Si rien n’est fait, notre comité exécutif va se réunir et prendre une décision appropriée. Nous voulons des élections libres et transparentes au Cameroun. Cela passe par la création d’une commission électorale indépendante. Il n’y a pas une alternative à cela.
Revenons maintenant à votre séjour à la Dgre à Yaoundé. Comment vous ont-ils accueilli là-bas ?
J’ai été bien accueilli là bas à la Dgre. On m’a interrogé. A plusieurs reprises, on m’a demandé si j’accepte qu’on légalise mon mouvement pour qu’il devienne un parti politique. J’ai refusé, parce que nous sommes un groupe rebelle et nous ne voulons pas devenir autre chose que ça. On m’a proposé d’être ministre, j’ai refusé. On m’a demandé si le gouvernement du Nigeria était derrière moi, j’ai dit non. On m’a demandé si Amadou Ali est avec moi, j’ai dit non. On m’a enfin demandé si toutes les élites me soutenaient. Naturellement, j’ai répondu par la négative.
Comment viviez-vous à la Dgre ?
A la Dgre, je mangeais ce que je voulais. J’avais 1000F.Cfa de ration par jour. Ils m’ont demandé si j’avais quelqu’un chez qui je pouvais vivre en ville à Yaoundé, en attendant de revenir chaque fois que l’on aurait besoin de moi. Je n’ai pas été torturé. Mais j’ai été injecté avec un produit que je ne connais pas. Ils m’ont injecté en usant la force. Cette injection a été faite par le Dr. Tonye, avec à peu près huit éléments de la Dgre. Depuis lors, ma tête a été troublée pendant deux mois. Ça se manifeste jusqu'à ce jour par une perte d’appétit. Le Dr. Tonye m’a dit qu’il m’avait injecté l’oxen plus le valium.
Comment votre libération est-elle intervenue ?
C’est après cette injection qu’on m’a annoncé ma libération pour le lendemain. Effectivement, on m’a libéré le lendemain. Nous avons pris l’avion de Yaoundé pour Maroua. De Maroua, nous avons pris la route pour Mora. A Mora, il y a un policier qui venait de temps en temps en civil me surveiller. Tout ce qu’ils m’ont fait ne me dérange pas. Je continue ma lutte jusqu'à la mort.