Libération: Tout sur la rançon des otages
Yaoundé, 29 avril 2013
© Lucien Embom | Le Soir
Les membres de la famille Fournier n'ont pas encore fini de jubiler, et voila que l'opinion se demande comment ils ont été libérés.
C'est une histoire digne des films policiers que le Cameroun et le reste du monde viennent de vivre. Sept ressortissants français, enlevés à Dabanga par des membres de la secte islamique Boko Haram, ont été remis aux autorités camerounaises dans la nuit du jeudi 18 au vendredi 19 avril 2013. La nouvelle a fait l'effet d'une bombe et a provoqué la sortie médiatique du porte-parole du Gouvernement camerounais. Issa Tchiroma, qui est resté muet depuis le rapt des compatriotes de François Hollande, a subitement retrouvé toute sa verve des grands jours au cours de sa communication du vendredi 19 avril dernier. Comme il n'y a pas de fumée sans feu, la libération des otages français est due à quelque chose. Les langues ne cessent de se délier autour d'une probable rançon versée aux ravisseurs. Des sources nous ont soufflé qu'en échange de cette libération historique, des membres de Boko Haram, détenus en terre camerounaise, ont été libérés.
Libération sous conditions
Ces thèses ont été réfutées par le Nigeria, le Cameroun et la France. Ces pays expliquent que la diplomatie camerounaise a prévalu dans cette affaire. On voit selon l'opinion, une volonté manifeste de cacher la vérité au peuple. Avant la libération des membres de la famille Moulin, la secte avait ouvertement et à plusieurs reprises fait savoir qu'elle pourrait céder si ses combattants étaient relâchés. L'équation ne pouvait pas trouver solution qu'à travers les négociations, précise une source bien introduite. Pour rester dans la sphère des révélations, Boko Haram aurait exigé une somme de 2,5 millions d'euros par otage. En faisant les calculs, on se rend compte qu'une mallette contenant environ 17,5 millions d'euros a été expédiée aux preneurs d'otages. Les acteurs ayant fait office de courroie de transmission entre les gouvernements et la secte islamiste auraient empoché la somme de 1 million d'euros.
Il fallait donc dégager 18,5 millions d'euros pour obtenir la libération des otages. Les autorités du Cameroun et de la France ont estimé que les ravisseurs leur demandaient un peu trop. C'est ainsi qu'au bout d'âpres négociations, le montant à débourser a été ramenée à 14 millions d'euros, soit 2 millions par otage. En dépit du sceau de confidentialité qui a enveloppé les démarches, on a appris que le Cameroun a supporté 80% de la rançon. L'Etat camerounais a débloqué 7.280.000.000 FCFA. C'est pour cette raison que les otages ont été remis à ses soins. Cette information semble être très proche de la réalité. Le nom du Cameroun a été sans relâche cité lorsqu’il fallait égrener le chapelet d'actions de grâce. Le groupe GDF, qui est l'employeur du chef de la famille Moulin, aurait mis la main à la poche. Pourquoi avoir eu recours à cette entreprise? Les caisses du Trésor Public français feraient-elles face à l'heure actuelle à une sévère sècheresse? Ces questions ne trouveront peut être pas by Text-Enhance">réponse, mais il faut avouer que les choses n'ont été faciles. Relevons que l'attitude de l'Elysée serait liée au fait que, la négociation n'a jamais figuré dans l'agenda de la bande à François Hollande.
Le Cameroun ne s'est pas contenté uniquement de débloquer du pognon, dont les mallettes ont été déposées en catimini dans le Nord du Nigeria, plus précisément à Maiduguri. Le pays de Ruben Um Nyobe a dû libérer des membres de Boko Haram. Adoum Mahamat et ses camarades, appréhendés à Amchidé en octobre 2012, ont été relaxés. Moustapha et ses compères, arrêtés à Fotokol, ont aussi été libérés par les autorités camerounaises. Au terme de ces différentes opérations, les captifs se sont déployés sous bonne escorte vers l'Extrême-Nord, zone où ils avaient été enlevés lors d'une virée touristique. C'est à partir de là qu'on les a transportés par avion vers la capitale camerounaise. Le Nigeria a refusé de se plier à cet exercice peu ordinaire et dangereux. Pour ce pays voisin, il est hors de question de faire la paix avec Boko Haram. La preuve, au lendemain de la libération des otages français, 200 membres de la secte ont été massacrés près de Maiduguri. Les forces de sécurité nigérianes n'y sont pas allées de main morte. Elles ont non seulement ôté la vie, mais ont également réduit les habitations en cendre.
Porosité des frontières
Par le biais de cette libération, Yaoundé vient de prouver qu'il reste et demeure un interlocuteur valable au Sud du Sahara. En déployant leurs services de sécurité à grand renfort de publicité, nos amis gaulois n'ont pas pu obtenir ce qu'ils cherchaient, à savoir la libération des otages. C'est l'occasion ici de souligner que l'impérialisme est en perte de vitesse. La peur du colon n'est plus la chose la mieux partagée sur le continent. Le rapt des 7 Français à Dabanga pose indubitablement le problème de sécurité et de surveillance de nos frontières. Plus de 50 ans après l'indépendance, nos frontières se présentent comme des passoires. Cette porosité avérée fait en sorte qu'il est pratiquement impossible de contrôler les mouvements des personnes et des biens. Boko Haram en 2011, était considéré comme un cercle d'agitateurs utilisant les principes religieux pour mettre Abuja mal à l'aise. Avec le temps, le réseau a pris du galon au point où il s'est bâti une aile militaire, constituée de vaillants combattants capables de frapper même hors du Nigeria. Le Cameroun s'est fourré le doigt dans l'œil en pensant que la secte islamique représentait un danger rien que pour le Gouvernement nigérian.
Risque de contamination
On craint que notre patrie ne devienne une base arrière de ce réseau islamique déterminé à nuire au régime de Goodluck Jonathan Ebelle. Les membres de Boko Haram, ayant constaté que les enlèvements sont générateurs de revenus, ils peuvent en faire une activité principale pour asseoir leur hégémonie. Il faut faire attention parce que l'appétit vient en mangeant, a-t-on souvent coutume de dire. Les points que Boko Harem vient de marquer, peuvent pousser certains nationaux à épouser leur logique. Pour étendre ses tentacules, la secte peut procéder à des recrutements massifs en terre camerounaise. Ce serait une aubaine pour tous ceux qui en ont après la France. Bon nombre des fils du continent noir trouvent que l'ancienne puissance coloniale passe son temps à lutter pour son rayonnement. Rien n'est fait pour asseoir une politique de développement adéquate pouvant aboutir à la croissance économique. Les années passent et les problèmes restent les mêmes. La dévaluation du franc CFA, la détérioration des termes d'échange et la promotion des modèles économiques inefficaces, voilà autant de choses qu'on reproche aux Gaulois.
En ce qui concerne la lutte contre l'islamisme en terre africaine, la France doit revoir sa stratégie. Les milieux intégristes musulmans, actifs sur le continent noir, tiennent à imprimer leur marque. Au lieu de s'enfermer dans les schémas qui sont d'un autre âge, il faut ouvrir grandement les yeux et accepter la réalité. Ce n'est pas facile de briser les ailes aux islamistes qui, après avoir conquis les cœurs des croyants musulmans, s'attirent actuellement la sympathie des francophobes. L'insécurité grandissante en Afrique ne peut être vaincue que si les gouvernements décident de mettre ensemble leurs énergies. Paul Biya l'a d'ailleurs reconnu quand il recevait les otages au Palais de l'Unité. C'est une réalité que le terrorisme est en train de s'implanter chez nous. Après la libération des Moulin, le regard est porté vers les Français détenus au Mali. Les seconds individus cités connaîtront-ils le même sort que Tanguy et sa famille? Une chose est sûre. Le mandat de François Hollande ne sera pas de tout repos.
Stratégies à adopter
Sa cote de popularité ne fait que baisser et les aspirations de ses concitoyens restent entières. Le chef de file des socialistes français a intérêt à remporter tous les combats engagés sur plusieurs fronts. Les électeurs pourraient le sanctionner le moment venu, si les objectifs ne sont pas atteints. Hollande qui est sur une pente glissante, doit démontrer qu'il n'a pas été élu au hasard. Les ressortissants français ne pourront pas se sentir, bien dans leur peau, tant que certains de leurs compatriotes restent captifs des groupes terroristes. Le rayonnement d'une nation se mesure aussi par sa capacité à veiller sur ses fils partout dans le monde. Il faut tout mettre en œuvre pour que les enlèvements des Gaulois ne se produisent plus sur la face de la terre. Ce serait bénéfique dans la mesure où les organisations terroristes utilisent les rapts comme une arme de guerre. A défaut de multiplier des actes d'agression sur le sol hexagonal, les islamistes ont trouvé mieux de promouvoir la terreur en capturant les Français. Ils veulent briser toutes les velléités visant à effacer le terrorisme. François Hollande doit réviser sa stratégie pour venir à bout de l'islamisme qui ne cesse de monter. La victoire n'est pour demain car, en face, se trouve un adversaire dont on ne peut pas parfaitement mesurer la capacité de nuisance. L'humanité toute entière doit lutter pour l'émergence d'un monde sécurisé.
© Lucien Embom | Le Soir
Les membres de la famille Fournier n'ont pas encore fini de jubiler, et voila que l'opinion se demande comment ils ont été libérés.
C'est une histoire digne des films policiers que le Cameroun et le reste du monde viennent de vivre. Sept ressortissants français, enlevés à Dabanga par des membres de la secte islamique Boko Haram, ont été remis aux autorités camerounaises dans la nuit du jeudi 18 au vendredi 19 avril 2013. La nouvelle a fait l'effet d'une bombe et a provoqué la sortie médiatique du porte-parole du Gouvernement camerounais. Issa Tchiroma, qui est resté muet depuis le rapt des compatriotes de François Hollande, a subitement retrouvé toute sa verve des grands jours au cours de sa communication du vendredi 19 avril dernier. Comme il n'y a pas de fumée sans feu, la libération des otages français est due à quelque chose. Les langues ne cessent de se délier autour d'une probable rançon versée aux ravisseurs. Des sources nous ont soufflé qu'en échange de cette libération historique, des membres de Boko Haram, détenus en terre camerounaise, ont été libérés.
Libération sous conditions
Ces thèses ont été réfutées par le Nigeria, le Cameroun et la France. Ces pays expliquent que la diplomatie camerounaise a prévalu dans cette affaire. On voit selon l'opinion, une volonté manifeste de cacher la vérité au peuple. Avant la libération des membres de la famille Moulin, la secte avait ouvertement et à plusieurs reprises fait savoir qu'elle pourrait céder si ses combattants étaient relâchés. L'équation ne pouvait pas trouver solution qu'à travers les négociations, précise une source bien introduite. Pour rester dans la sphère des révélations, Boko Haram aurait exigé une somme de 2,5 millions d'euros par otage. En faisant les calculs, on se rend compte qu'une mallette contenant environ 17,5 millions d'euros a été expédiée aux preneurs d'otages. Les acteurs ayant fait office de courroie de transmission entre les gouvernements et la secte islamiste auraient empoché la somme de 1 million d'euros.
Il fallait donc dégager 18,5 millions d'euros pour obtenir la libération des otages. Les autorités du Cameroun et de la France ont estimé que les ravisseurs leur demandaient un peu trop. C'est ainsi qu'au bout d'âpres négociations, le montant à débourser a été ramenée à 14 millions d'euros, soit 2 millions par otage. En dépit du sceau de confidentialité qui a enveloppé les démarches, on a appris que le Cameroun a supporté 80% de la rançon. L'Etat camerounais a débloqué 7.280.000.000 FCFA. C'est pour cette raison que les otages ont été remis à ses soins. Cette information semble être très proche de la réalité. Le nom du Cameroun a été sans relâche cité lorsqu’il fallait égrener le chapelet d'actions de grâce. Le groupe GDF, qui est l'employeur du chef de la famille Moulin, aurait mis la main à la poche. Pourquoi avoir eu recours à cette entreprise? Les caisses du Trésor Public français feraient-elles face à l'heure actuelle à une sévère sècheresse? Ces questions ne trouveront peut être pas by Text-Enhance">réponse, mais il faut avouer que les choses n'ont été faciles. Relevons que l'attitude de l'Elysée serait liée au fait que, la négociation n'a jamais figuré dans l'agenda de la bande à François Hollande.
Le Cameroun ne s'est pas contenté uniquement de débloquer du pognon, dont les mallettes ont été déposées en catimini dans le Nord du Nigeria, plus précisément à Maiduguri. Le pays de Ruben Um Nyobe a dû libérer des membres de Boko Haram. Adoum Mahamat et ses camarades, appréhendés à Amchidé en octobre 2012, ont été relaxés. Moustapha et ses compères, arrêtés à Fotokol, ont aussi été libérés par les autorités camerounaises. Au terme de ces différentes opérations, les captifs se sont déployés sous bonne escorte vers l'Extrême-Nord, zone où ils avaient été enlevés lors d'une virée touristique. C'est à partir de là qu'on les a transportés par avion vers la capitale camerounaise. Le Nigeria a refusé de se plier à cet exercice peu ordinaire et dangereux. Pour ce pays voisin, il est hors de question de faire la paix avec Boko Haram. La preuve, au lendemain de la libération des otages français, 200 membres de la secte ont été massacrés près de Maiduguri. Les forces de sécurité nigérianes n'y sont pas allées de main morte. Elles ont non seulement ôté la vie, mais ont également réduit les habitations en cendre.
Porosité des frontières
Par le biais de cette libération, Yaoundé vient de prouver qu'il reste et demeure un interlocuteur valable au Sud du Sahara. En déployant leurs services de sécurité à grand renfort de publicité, nos amis gaulois n'ont pas pu obtenir ce qu'ils cherchaient, à savoir la libération des otages. C'est l'occasion ici de souligner que l'impérialisme est en perte de vitesse. La peur du colon n'est plus la chose la mieux partagée sur le continent. Le rapt des 7 Français à Dabanga pose indubitablement le problème de sécurité et de surveillance de nos frontières. Plus de 50 ans après l'indépendance, nos frontières se présentent comme des passoires. Cette porosité avérée fait en sorte qu'il est pratiquement impossible de contrôler les mouvements des personnes et des biens. Boko Haram en 2011, était considéré comme un cercle d'agitateurs utilisant les principes religieux pour mettre Abuja mal à l'aise. Avec le temps, le réseau a pris du galon au point où il s'est bâti une aile militaire, constituée de vaillants combattants capables de frapper même hors du Nigeria. Le Cameroun s'est fourré le doigt dans l'œil en pensant que la secte islamique représentait un danger rien que pour le Gouvernement nigérian.
Risque de contamination
On craint que notre patrie ne devienne une base arrière de ce réseau islamique déterminé à nuire au régime de Goodluck Jonathan Ebelle. Les membres de Boko Haram, ayant constaté que les enlèvements sont générateurs de revenus, ils peuvent en faire une activité principale pour asseoir leur hégémonie. Il faut faire attention parce que l'appétit vient en mangeant, a-t-on souvent coutume de dire. Les points que Boko Harem vient de marquer, peuvent pousser certains nationaux à épouser leur logique. Pour étendre ses tentacules, la secte peut procéder à des recrutements massifs en terre camerounaise. Ce serait une aubaine pour tous ceux qui en ont après la France. Bon nombre des fils du continent noir trouvent que l'ancienne puissance coloniale passe son temps à lutter pour son rayonnement. Rien n'est fait pour asseoir une politique de développement adéquate pouvant aboutir à la croissance économique. Les années passent et les problèmes restent les mêmes. La dévaluation du franc CFA, la détérioration des termes d'échange et la promotion des modèles économiques inefficaces, voilà autant de choses qu'on reproche aux Gaulois.
En ce qui concerne la lutte contre l'islamisme en terre africaine, la France doit revoir sa stratégie. Les milieux intégristes musulmans, actifs sur le continent noir, tiennent à imprimer leur marque. Au lieu de s'enfermer dans les schémas qui sont d'un autre âge, il faut ouvrir grandement les yeux et accepter la réalité. Ce n'est pas facile de briser les ailes aux islamistes qui, après avoir conquis les cœurs des croyants musulmans, s'attirent actuellement la sympathie des francophobes. L'insécurité grandissante en Afrique ne peut être vaincue que si les gouvernements décident de mettre ensemble leurs énergies. Paul Biya l'a d'ailleurs reconnu quand il recevait les otages au Palais de l'Unité. C'est une réalité que le terrorisme est en train de s'implanter chez nous. Après la libération des Moulin, le regard est porté vers les Français détenus au Mali. Les seconds individus cités connaîtront-ils le même sort que Tanguy et sa famille? Une chose est sûre. Le mandat de François Hollande ne sera pas de tout repos.
Stratégies à adopter
Sa cote de popularité ne fait que baisser et les aspirations de ses concitoyens restent entières. Le chef de file des socialistes français a intérêt à remporter tous les combats engagés sur plusieurs fronts. Les électeurs pourraient le sanctionner le moment venu, si les objectifs ne sont pas atteints. Hollande qui est sur une pente glissante, doit démontrer qu'il n'a pas été élu au hasard. Les ressortissants français ne pourront pas se sentir, bien dans leur peau, tant que certains de leurs compatriotes restent captifs des groupes terroristes. Le rayonnement d'une nation se mesure aussi par sa capacité à veiller sur ses fils partout dans le monde. Il faut tout mettre en œuvre pour que les enlèvements des Gaulois ne se produisent plus sur la face de la terre. Ce serait bénéfique dans la mesure où les organisations terroristes utilisent les rapts comme une arme de guerre. A défaut de multiplier des actes d'agression sur le sol hexagonal, les islamistes ont trouvé mieux de promouvoir la terreur en capturant les Français. Ils veulent briser toutes les velléités visant à effacer le terrorisme. François Hollande doit réviser sa stratégie pour venir à bout de l'islamisme qui ne cesse de monter. La victoire n'est pour demain car, en face, se trouve un adversaire dont on ne peut pas parfaitement mesurer la capacité de nuisance. L'humanité toute entière doit lutter pour l'émergence d'un monde sécurisé.