Les
explications de M. Issa Tchiroma Bakary, ministre de la Communication
du Cameroun, délivrées mardi 25 février 2014 à la presse, relatives au
décret présidentiel, concernant les 24 000 détenus devant bénéficier de
la « clémence » de M. Paul Biya, le chef de l’Etat camerounais, ont du
mal à convaincre l’opinion publique nationale et internationale.
Si pour le ministre de la Communication, le décret n° 2014/058/du 18/02/2014 a été pris par le chef de l’Etat, « en vertu du pouvoir régalien et des prérogatives que lui confère la constitution ». Dès lors, poursuit M. Issa Tchiroma Bakary, « Il s’agit d’un acte de gouvernement, pris par l’autorité investie du pouvoir et en tant que tel, nous ne pouvons ni l’interpréter, ni le commenter et encore moins discuter de son opportunité car il relève de la très haute discrétion du chef de l’Etat, pris par ailleurs dans un moment [le cinquantenaire de la réunification Ndlr], marqué par la tolérance et les vertus de paix ».
De la sorte, comment comprendre qu’alors que, tous les 24 000 prisonniers repartis dans les 77 prisons, et concernés par cet acte « historique de mansuétude » de M. Paul Biya, le chef de l’Etat camerounais, attendent l’aboutissement du processus de leur mise en liberté effective, enclenchée par M. Laurent Esso, le ministre d’Etat, en charge de la Justice garde des Sceaux, Michel Thierry Atangana Abega et le Pr Titus Edzoa, aient pu bénéficier, avant l’aboutissement de ladite procédure, de leur libération ? Une sortie effectuée nuitamment, à des heures non ouvrables.
Main de la France
A titre de rappel, lorsque M. François Hollande accède aux destinées
de la France, il décide de faire de l’affaire du franco-camerounais, une
priorité. Sur les ondes de la radio française, Rfi, le 31 mai 2013, il
parlait même de la détention « inadmissible » de Michel Thierry
Atangana Abega.
Malgré les pressions, M. Paul Biya le chef de l’Etat camerounais, tient
bon et « n’interfère pas » dans les affaires de justice. Après une
séance de travail avec son homologue français, le 30 janvier 2013, face
aux médias internationaux, il confiera « le problème de Michel Thierry
Atangana, que j'ai connu dans les dossiers, je ne le connais pas
personnellement, il ne peut pas être un ennemi politique, c'est un homme
qui a été condamné par les tribunaux pour détournement de deniers. Et
son affaire est en instance.
Erreur, c’est mal connaître la détermination de son homologue français, et des avocats de Thierry Michel Atangana Abega qui vont saisir le Haut-Commissariat aux Droits de l’homme de l’Onu. Des recommandations non contraignantes tombent et exigent la libération « immédiate » du franco-camerounais.
L’organisation onusienne s’y mêle et M. Paul Biya signe un décret concernant 24 000 détenus. Parmi ceux-ci, le Pr Titus Edzoa et Michel Thierry Atangana Abega. Les deux « colis » encombrants, sont libérés avant l’aboutissement de la procédure, engagée par le ministre d’Etat, en charge de la Justice garde des Sceaux. François Hollande, a atteint son premier objectif, celui de faire plier le régime de M. Paul Biya. Jusqu’où ira-t-il ?
 |
 |
 |