LIBÉRATION ANNONCÉE DE LYDIENNE EYOUM : BIYA DÉLIVRE UN PERMIS DE VOL AUX FRANÇAIS
Alors que des voleurs de poules croupissent en prison sans être jugés ; que Marafa Hamidou Yaya y séjourne pour « complicité intellectuelle », Atangana Mebara pour des broutilles, les Thierry Atangana et bientôt Lydienne Eyoum, détourneurs condamnés sont ou seront libérés sur injonction de la France au nom d’une nationalité opportune. Au point où on en est, on n’a plus un Camerounais au sommet de l’Etat, mais un sous-préfet français qui exécute les ordres de François Hollande.
Après la prise opportune, depuis la prison, de la nationalité française par l’avocate Lydienne Eyoum, la presse hexagonale et les hommes politiques de ce pays « bavent » beaucoup sur la détention de celle qui est devenue leur compatriote, comme par enchantement, après s’être enrichie de manière particulièrement grossière et scandaleuse, en puisant dans les caisses de l’Etat camerounais aux finances exsangues.
La réaction extravagante de Paul Biya
Dès l’annonce de la venue du président de la République française au Cameroun, les médias de ce pays n’ont pas hésité à insister sur le fait que sur l’ordre du jour, cette affaire de détention de l’avocate figurerait en bonne place. Même des gens comme nous, qui avons du mal à attribuer un « bon point » à Paul Biya, pensions que jamais, au vu des problèmes urgents de l’heure, il n’allait s’abaisser à répondre à une telle question qui relève finalement du fait divers et de la justice « indépendante » camerounaise.
Comme dans le cas Thierry Atangana, il ne nous a pas « déçu », en répondant, presqu’avec « gourmandise » à la question posée sur le cas de cette dame, qui est camerounaise quand il faut ramasser l’argent, mais française quand il faut rendre compte. C’est un Paul Biya raide comme l’injustice et presque jouissif, qui devant son pupitre déclare : « Je verrai ce que je peux faire, si tel est le souhait de l’intéressée et si la constitution me donne les moyens de faire quelque chose. C’est de bon cœur que je le ferai le moment venu ».
En langage peu diplomatique, cela veut dire que les jours de Lydienne Eyoum en prison sont comptés ; sur injonction de la France. Quelle injustice pour ceux qui croupissent dans nos prisons pour des faits qui apparaîtraient, même pour le plus mécréant des Camerounais, comme un « péché véniel » ?
Après cette nième déculottée de notre Chef d’Etat devant ses « maîtres français », il convient de revenir sur le fond de cette affaire. Une avocate, alors camerounaise, récupère la somme de deux milliards de Fcfa à une banque de la place pour le compte de l’Etat. Le mandat qu’elle reçoit du ministre des finances d’alors pour le faire, est d’autant plus incompréhensible quand on sait que dans ce pays, l’Etat ne peut avoir aucun problème pour récupérer une telle créance de la part d’une institution ayant pignon sur rue. Qu’à cela ne tienne, l’avocate récupère cette somme et se « paye sur la bête » : 50 % de la somme recouvrée, soit un milliards de Fcfa. Un montant « monstrueux» pour le commun des Camerounais.
Devant la justice, qui goute peu à ce tour de passe-passe, l’avocate est condamnée et incarcérée. Fort opportunément, elle devient Française par le biais d’un mariage qui n’était jusque-là pas mis en avant. Depuis lors, la justice et le Cameroun sont traînés dans la boue par des lobbies et des autorités françaises. Personne ne s’étonne, au pays de François Hollande, que pour un tel travail sans véritable risque dans un pays où les rats d’égouts et les souris sont au menu du plat quotidien de la plupart des habitants, une avocate puisse gagner tant pour si peu de travail. Si c’était une rémunération habituelle et normale, quel Camerounais ne se battraient pas pour intégrer cette profession, hélas, constituée de nombreux « crève-la-faim » ?
Quel message, avec cette capitulation en ras-campagne, Paul Biya veut-il faire passer ? Qu’il n’est qu’un représentant de la France au Cameroun ? Qu’on peut détourner impunément des fonds publics au Cameroun quand on est sous la protection de la France ? Qu’un délinquant ne l’est plus si un président de la République exprime le vœu qu’il en soit ainsi ?
Après le cas de Thierry Atangana, désargenté lorsqu’il croise le chemin de Titus Edzoa, alors tout puissant secrétaire général de la présidence de la République, voici une avocate, qu’on ne voyait plus dans les prétoires qui, sous le parapluie français, va retrouver la liberté après une véritable casse : c’est indécent. On voudrait se moquer des Camerounais qu’on ne s’y prendrait pas autrement.
Quelle message pathétique et humiliante pour le Cameroun de voir le président de la République française indiquer à la face du monde que lors d’un entretien de quelques heures, il a parlé du sort d’une délinquante condamnée par la justice. Plus humiliant encore, cette posture de Paul Biya indiquant que c’est de « bon cœur » qu’il accèderait aux exigences françaises : les Ruben Um Nyobè, Felix Rolland Moumié, Ouandié Ernest, Monseigneur Ndongmo… ont dû « s’étrangler » dans leur tombe. En matière de « vassalisation », peu de Chef d’Etat sont allés aussi loin.
Où est la justice dans cette libération annoncée de Lydienne Eyoum ?
Qu’on se comprenne bien. Loin de nous l’idée de vanter la justice de notre pays au sein de laquelle un seul homme (Paul Biya), au gré de ses humeurs, fait la pluie et le beau temps. Quelle justice peut-il y avoir dans un pays, quand des voleurs de poules restent pendant des années en détention préventive pour que le jour du jugement, ils soient condamnés à la prison avec …sursis ? On va libérer des détourneurs avérés et laisser en prison Marafa Hamidou Yaya pour « complicité intellectuelle » et Atangana Mebara pour des peccadilles si l’on compare à l’action de Lydienne Eyoum : c’est un scandale que seule la peur bleu de subir le sort réservé à Gbagbo et Kadfhafi… peut justifier.
L’affaire Lydienne Eyoum est d’une telle simplicité biblique, que l’on peut s’étonner que la justice ait mis autant de temps pour rendre son verdict. La sanction qui frappe l’avocate était exemplaire et utile. Les dernières sanctions prises contre certains avocats véreux par la corporation dont l’excellent maître Ngnié Kamga assume la gestion en tant que bâtonnier, montre qu’il est urgent de faire quelque chose.
Ceux qui connaissent un peu la profession savent que sous Paul Biya, certains avocats, de connivence avec certains tenants du pouvoir se sont enrichis au-delà de l’acceptable en utilisant les caisses de l’Etat. Non content de le faire, ils se moquaient de leurs confrères qui croyaient encore à l’éthique nécessaire pour mener cette noble profession. A eux, les grandes affaires dans l’ombre, à une large majorité d’avocats le prétoire et la défense de la « veuve et de l’orphelin ».
L’arrestation de Lydienne Eyoum semblait aller dans le sens de l’assainissement de la profession. En la libérant, comme il est prévisible après la visite de François Hollande, Paul Biya délivre à tous les français supposés ou réels, un véritable « permis de vol » sur l’ensemble du territoire camerounais.