L’HEGEMONISME BAMILEKE, PARLONS-EN !
Source: Camer.be 10 08 2017
Nous revenons donc volontiers sur l’explication de notre stratégie et sur les lieux-communs anti-bami dont certains se contentent. Rappelons que j’ai été un collaborateur d’Ernest Ouandié, et même son ami personnel. Ouandié, après l’assassinat du Président Moumié, était naturellement le candidat potentiel de l’UPC à la Présidence de la République du Cameroun. C’est dire que ce n’est pas aujourd’hui que nous maîtrisons ce problème ; même si c’est seulement aujourd’hui que nous exposons une solution exhaustive à cette peur de l’hégémonisme bamiléké ; ce qu’aucun parti politique camerounais n’a encore fait à ce jour.
Rappelons d’abord cette solution, telle qu’exposée dans notre « note de stratégie »
« Ayant constaté que le Pr Maurice Kamto et le Pr Alain Fogué sont des patriotes de la qualité d’Ernest Ouandié, nous pouvons mettre en œuvre une solution efficace en trois volets :
Eduquer les non-Bami au fait que la haine tribale n’est pas une solution valable et ne sert à rien ;
Eduquer les cadres du MRC à l’idéologie du partage démocratique, en mettant en exergue les risques gravissimes inhérents à tout hégémonisme ;
Mener activement l’ensemble du MRC à une politique harmonieuse où les patriotes bamiléké en position de responsabilité gèrent le pays (sa politique, son économie, et tous les aspects de son développement) avec les patriotes des autres ethnies, en lutte ensemble contre l’hégémonisme. »
Nous partons des axiomes suivants :
La tendance à l’hégémonisme est une réalité qu’il est plutôt suspect de nier : il a été clairement théorisé par Monseigneur Ndongmo et tous les Camerounais en suivent l’évolution. Et dans une société ultra-corrompue où tout se monnaye, la tendance à l’hégémonisme devient de plus en plus forte, objective.
Néanmoins, il ne sert à rien d’opposer à cette tendance une stérile haine tribale qui n’a jamais été un obstacle à l’hégémonisme, qui n’a pas empêché le contrôle de toutes les banques, l’achat des terrains, le contrôle des pans entiers de l’économie et de la vie nationale par nos compatriotes de l’Ouest.
Par ailleurs, il est absurde de stigmatiser un groupe ethnique, quel qu’il soit, en posant qu’il ne devra jamais accéder à la Présidence de la République.
« Jamais nous n’accepterons un Bami comme Président de la République » ! Cette proclamation est malsaine. Accepteriez vous qu’on stigmatise ainsi votre ethnie ? Non ! Nous posons donc comme règle d’or, qu’aucune ethnie ne doit être stigmatisée dans notre pays.
Aussi lançons nous un vibrant appel à nos compatriotes bami pour leur demander de ne pas hésiter à soutenir le MRC, non pas parce qu’il serait « le parti des Bamiléké» mais parce qu’il est le seul parti à présenter une offre pour le changement pour notre pays.
« Le MRC est sans idéologie patriotique valable. Il ne mérite la caution, le ralliement du Cdt Kissamba », entendons nous proclamer. C’est trop facile de diaboliser le « petit parti ». Mais vous-mêmes, cher compatriote, quelle est votre idéologie ? Vous préférez sacrifier la perspective de changement démocratique qu’ouvre le MRC, à une haine tribale viscérale : est-ce une idéologie valable pour des patriotes ?
Vous dites : « Kissamba aurait dû créer sa propre structure au lieu de « se rallier » au MRC. Kissamba n’est pas un petit bourgeois qui préfère ouvrir sa petite structure pourvu qu’elle soit à lui, mais sans ouvrir aucune perspective à la lutte pour le changement, plutôt que de soutenir une structure comme le MRC qui affiche au moins l’ambition de couvrir tout le pays ! Où est donc votre patriotisme et même votre bon sens ? Est ce que d’ici 2018 Kissamba est en mesure de mettre en place une organisation qui puisse affronter le parti gouvernemental ? Non ! En vérité, les auteurs de pareilles propositions tirent un trait sur la présentation d’une solution pour 2018 : ils s’en foutent de lutter pour le changement.
Nous avons beau répéter que l’UPC ce n’est pas le sigle, mais la lutte : ils insistent à demander au Cdt de retourner à la maison dont il est le Père pour chercher une solution dans ce cadre ! Une solution d’ici 2018 ? Non, il faut mettre la lutte pour le changement aux oubliettes… Kissamba a compris.
De toutes les façons disent les farouches adversaires des Bami : « Kissamba fait une faute grave en faisant confiance aux Bami, ils finiront par le tromper » : pour nous il ne s’agit pas de faire confiance à telle ou telle personne mais de crédibiliser la donne politique du MRC en prenant le pays, le peuple et les militants du MRC à témoin.
Soyons donc clairs :
de nos compatriotes Bamiléké d’accéder aussi au pouvoir, d’avoir aussi un, Président de la République, est légitime et doit être encouragée, n’en déplaise. Cependant, ils peuvent soit opter pour la ligne Ouandié (qui était radicalement anti-tribaliste), ligne qui consiste à vouloir gouverner le pays démocratiquement, avec toutes les autres ethnies, en luttant contre l’hégémonisme ; soit se laisser aller explicitement ou silencieusement vers l’hégémonisme selon la ligne Ndongmo. Cette dernière ligne conduit au génocide.
Le MRC présente la possibilité d’une implantation sur toute l’étendue du territoire national. Nous ajoutons à cette possibilité une double dynamique d’inversion du rapport des forces électoral dans le grand Nord et le Sud.
Le tandem Habiba/Kissamba ne peut aboutir à l’inversion du rapport des forces électoral dans le Nord que s’il y a fusion des forces de l’UPC et du MRC. Repousser l’alliance avec le MRC par peur de l’hégémonisme Bamiléké, c’est œuvrer pour le maintien du RDPC en position dominante. Et c’est la même chose pour le Sud : s’il n’y a pas union des forces de l’UPC avec le MRC, le parti au pouvoir restera en position dominante. On ne saurait donc poser que « (K) » ne veut pas écouter les autres, quand ceux-ci proposent des thèses erronées dictées par la peur irrationnelle de l’hégémonisme Bamiléké.
VIVE LE CAMEROUN !
Douala, le 9 Août 2017
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