L’Extrême-Nord au bord du délire
DOUALA - 17 SEPT. 2012
© Salomon KANKILI | Le Messager
Cela va faire une semaine qu’un quotidien de la place attirait l’attention de l’opinion nationale et internationale sur les graves pertes enregistrées dans les régions du Nord et de l’Extrême-Nord ces dernières semaines. Auparavant, toujours en rapport avec les inondations meurtrières de juillet (pour le Nord) et août (pour l’Extrême-Nord) 2012, votre journal avait relayé en guise d’alerte (Cf. Le Messager n°3668 du 3 septembre 2012) l’insalubrité criarde dans les zones englouties par les eaux. Et la situation humanitaire dramatique des évacués/sans abris parqués -au même titre que des bêtes- dans des écoles et autres sites de fortune. Outre les menaces d’une catastrophe écologique et la situation sanitaire déplorable des déplacés, toutes les conditions agricoles désastreuses sembles être réunies. Pour une nouvelle plongée… Cette fois dans la disette !
De manière chiffrée, pour le seul département du Mayo Danay, les statistiques puisées auprès des responsables du Minader et de la Société d’expansion pour la modernisation de la riziculture de Yagoua (Semry) font état de plus de 60 000 tonnes de riz paddy emportés par les eaux enfurie. Des centaines d’autres hectares de champs de maïs, de mil et d’arachide ont disparu tout simplement. C’est l’équivalent d’une demi-dizaine de milliards de nos francs. Que dire de ces nombreuses pertes en vies humaines (une vingtaine de morts) ? Ces dizaines de disparus ? Ces milliers de troupeaux noyés dans les trombes d’eau.
Le spectre de la razzia n’a pas épargné la Société de développement de coton (Sodécoton). Une source interne (sic) citée par notre confrère Mutations affirmait la semaine dernière que « les cultivateurs de coton auront de la peine à rembourser les crédits de campagne constitués d’intrants qu’on leur a accordés, du fait d’hypothétiques récoltes. Ce sera une double perte et pour la Sodécoton et pour les producteurs ». Même son de cloche à la Semry. Une structure dont les responsables avaient maintes fois alerté le gouvernement dans les années 90, invoquant le délabrement de la digue de retenue d’eau de Maga.
Ce bricolage place le gouvernement Yang Philémon dos au mur. En plus de colmater au plus vite ces brèches qui menacent de faire engloutir des départements entiers, il y a l’équation de prise en charge des 30 000 sinistrés en débandade. Ce n’est pas demain qu’ils se remettront de leur désespoir : pas de moisson cette année.
Salomon KANKILI
Drame: Au moins 1 mort à Gobo
La psychose s’est emparée des populations sinistrées décidément en débandade.
Une rumeur persistante s’est propagée dans la nuit du 6 au 8 septembre dernier à Maga ; obligeant les populations sinistrées à un exode massif, périlleux et incontrôlé. Des centaines de villageois transportant sur leurs têtes ou à l’aide des vélos de fortune quelques effets personnels ont convergé vers Bogo, Guirvidig, Pouss…Dans l’optique de se mettre à l’abri d’une nouvelle vague d’inondations. Vieux, adultes, femmes et enfants qu’accompagnaient des animaux rescapés ont dû passer la nuit dans des camps de fortune. A la belle étoile. Les propos rassurant du gouverneur Augustine Awah n’y changeront pas grand-chose. Preuve que dans ces camps, la psychose a pris ses quartiers au milieu des milliers de déplacés.
L’alerte à l’origine de cette débandade générale est donnée suite de la formation de six (6)« renards » (trous, fissures dues à la dégradation de la digue) en direction des zones habitées. Une situation qui remet au goût du jour le manque de communication entre les équipes déployées sur les lieux et les populations apeurées. Le discours des pouvoirs publics (gouverneur, Minatd) s’inscrit très souvent en décalage avec celui des élus locaux et autres chefs traditionnels. « Chaque ministre vient ici et rentre. Puis plus rien », tançait un député dans un hebdomadaire de la place. « Un haut gradé du génie militaire est arrivé à Maga, évaluer la situation mais trop tard. Colmater les renards est un exercice difficile parce qu’il n’y a plus de terre disponible. Les autorités auraient dû intervenir plus tôt », fustigeait dans les mêmes colonnes le maire Zigla de Maga.
Ce cafouillage ne rassure pas nombre d’observateurs. A certains égards, la question du recasement définitif des sinistrés seraient l’idéal. Car, parqués sous des cabanes dans ces sites de fortune, la situation humanitaire des sinistrés laisse perplexe. Aux dernières nouvelles, Bogo a enregistré un (1) premier mort et de nombreux disparus. Quatorze (14) localités du même arrondissement sont englouties. A Kaikai (site de recasement suite à l’exode) est complètement envahi par les eaux. Le préfet du Mayo Danay, Baba Ngamdi parle d’au moins 22 558 sans-abris.
Salomon KANKILI
© Salomon KANKILI | Le Messager
Cela va faire une semaine qu’un quotidien de la place attirait l’attention de l’opinion nationale et internationale sur les graves pertes enregistrées dans les régions du Nord et de l’Extrême-Nord ces dernières semaines. Auparavant, toujours en rapport avec les inondations meurtrières de juillet (pour le Nord) et août (pour l’Extrême-Nord) 2012, votre journal avait relayé en guise d’alerte (Cf. Le Messager n°3668 du 3 septembre 2012) l’insalubrité criarde dans les zones englouties par les eaux. Et la situation humanitaire dramatique des évacués/sans abris parqués -au même titre que des bêtes- dans des écoles et autres sites de fortune. Outre les menaces d’une catastrophe écologique et la situation sanitaire déplorable des déplacés, toutes les conditions agricoles désastreuses sembles être réunies. Pour une nouvelle plongée… Cette fois dans la disette !
De manière chiffrée, pour le seul département du Mayo Danay, les statistiques puisées auprès des responsables du Minader et de la Société d’expansion pour la modernisation de la riziculture de Yagoua (Semry) font état de plus de 60 000 tonnes de riz paddy emportés par les eaux enfurie. Des centaines d’autres hectares de champs de maïs, de mil et d’arachide ont disparu tout simplement. C’est l’équivalent d’une demi-dizaine de milliards de nos francs. Que dire de ces nombreuses pertes en vies humaines (une vingtaine de morts) ? Ces dizaines de disparus ? Ces milliers de troupeaux noyés dans les trombes d’eau.
Le spectre de la razzia n’a pas épargné la Société de développement de coton (Sodécoton). Une source interne (sic) citée par notre confrère Mutations affirmait la semaine dernière que « les cultivateurs de coton auront de la peine à rembourser les crédits de campagne constitués d’intrants qu’on leur a accordés, du fait d’hypothétiques récoltes. Ce sera une double perte et pour la Sodécoton et pour les producteurs ». Même son de cloche à la Semry. Une structure dont les responsables avaient maintes fois alerté le gouvernement dans les années 90, invoquant le délabrement de la digue de retenue d’eau de Maga.
Ce bricolage place le gouvernement Yang Philémon dos au mur. En plus de colmater au plus vite ces brèches qui menacent de faire engloutir des départements entiers, il y a l’équation de prise en charge des 30 000 sinistrés en débandade. Ce n’est pas demain qu’ils se remettront de leur désespoir : pas de moisson cette année.
Salomon KANKILI
Drame: Au moins 1 mort à Gobo
La psychose s’est emparée des populations sinistrées décidément en débandade.
Une rumeur persistante s’est propagée dans la nuit du 6 au 8 septembre dernier à Maga ; obligeant les populations sinistrées à un exode massif, périlleux et incontrôlé. Des centaines de villageois transportant sur leurs têtes ou à l’aide des vélos de fortune quelques effets personnels ont convergé vers Bogo, Guirvidig, Pouss…Dans l’optique de se mettre à l’abri d’une nouvelle vague d’inondations. Vieux, adultes, femmes et enfants qu’accompagnaient des animaux rescapés ont dû passer la nuit dans des camps de fortune. A la belle étoile. Les propos rassurant du gouverneur Augustine Awah n’y changeront pas grand-chose. Preuve que dans ces camps, la psychose a pris ses quartiers au milieu des milliers de déplacés.
L’alerte à l’origine de cette débandade générale est donnée suite de la formation de six (6)« renards » (trous, fissures dues à la dégradation de la digue) en direction des zones habitées. Une situation qui remet au goût du jour le manque de communication entre les équipes déployées sur les lieux et les populations apeurées. Le discours des pouvoirs publics (gouverneur, Minatd) s’inscrit très souvent en décalage avec celui des élus locaux et autres chefs traditionnels. « Chaque ministre vient ici et rentre. Puis plus rien », tançait un député dans un hebdomadaire de la place. « Un haut gradé du génie militaire est arrivé à Maga, évaluer la situation mais trop tard. Colmater les renards est un exercice difficile parce qu’il n’y a plus de terre disponible. Les autorités auraient dû intervenir plus tôt », fustigeait dans les mêmes colonnes le maire Zigla de Maga.
Ce cafouillage ne rassure pas nombre d’observateurs. A certains égards, la question du recasement définitif des sinistrés seraient l’idéal. Car, parqués sous des cabanes dans ces sites de fortune, la situation humanitaire des sinistrés laisse perplexe. Aux dernières nouvelles, Bogo a enregistré un (1) premier mort et de nombreux disparus. Quatorze (14) localités du même arrondissement sont englouties. A Kaikai (site de recasement suite à l’exode) est complètement envahi par les eaux. Le préfet du Mayo Danay, Baba Ngamdi parle d’au moins 22 558 sans-abris.
Salomon KANKILI