LETTRE OUVERTE AUX PRESIDENTS DES GROUPES PARLEMENTAIRES A L’ASSEMBLEE NATIONALE DU CAMEROUN
Monsieur les Présidents des Groupes Parlementaires, Honorables députés,
J’ai porté voici déjà plus d’un an, avec courage et dignité le problème de trafic d’enfants et par la même occasion le débat presque nécessaire de l’adoption dans notre pays. Je traçais alors là, la nécessité d’instaurer un véritable Code de la Famille dans notre pays. Depuis quelques jours est soumis à votre lecture puis à votre adoption ainsi que le titre Cameroon-Tribune un texte dit Document de Procédure en vue d’Adoption - Adoption d'enfants: Voici les règles! (CT du 23 novembre 2012). Madame la Ministre des Affaires Sociales légalise donc par votre adoption de son texte la dissolution de la famille telle que nous la définissons anthropologiquement dans notre pays et dans l’ensemble des cultures négro-africaines. Elle légalise aussi par son texte une ouverture à l’adoption par les homosexuels dans notre pays notamment dans son volet international.
Ce texte messieurs les Présidents de groupes parlementaires, Honorables députés, viole dans ces cinq grandes lignes le principe fondateur de la République du Cameroun : — La nation protège et encourage la famille, base naturelle de la société humaine. Elle protège la femme, les jeunes, les personnes âgées et les personnes handicapées; (Préambule de la Constitution de 1996). Le texte sur vos bureaux ne vise pas à combler une lacune de la loi, il est là pour satisfaire les attentes de groupes mafieux, des adeptes de trafic d’enfants, d’organes humains et des homosexuels. C’est ce qui justifie messieurs les Présidents de groupes parlementaires, Honorables députés que le texte cité plus haut ait disparu de la Constitution modifiée par la Loi n°2008/001 du 14 avril 2008.
La famille est la base de notre société elle-même construite sur les doubles notions de parenté et de parentalité, c’est donc un sujet très sérieux pour ne pas le laisser entre les mains des politiques.
Messieurs les Présidents, Honorables députés, mieux que quiconque, je sais que les lois civiles ont pour but de purifier les mœurs en les guidant vers les impératifs de la raison universelle. A défaut donc d’avoir nous-mêmes su produire un savoir scientifique sur les sujets liés à la fondation de la famille dans notre société, invoquons Lévi-Strauss et les Structures élémentaires de la parenté, afin de nous opposer à ce texte qui va puiser dans les loi de 1939, 1941 et 1949, soit des textes remontant avant même l'indépendance du Cameroun en 1960. Autrement dit quand nous vivions encore dans la barbarie de l’ignorance ! Sans apporter une seule fois un nouvel argument sinon celui d’ouvrir notre pays à la plus grande des abominations. Oui allons puiser si vous le voulez dans la vulgate psychanalytique et sans complexe aucun pour dire que l’enfant se construit dans l’acceptation de la différence, dans l’altérité. La fonction du père, même s’il est absent est de séparer l’enfant de sa mère pour que l’enfant apprenne qu’on se construit dans la différence. L’humanité est fondée sur l’existence de la différence des sexes. Si l’un des droits les plus solennels, celui du Code civil, reconnaissait l’abolition de cette différence, je crois que symboliquement ce serait très grave. Les choix de société n’appartiennent pas à la science mais au débat démocratique. Il est légitime que les sociologues ou les anthropologues interviennent comme experts pour informer la décision politique – mais non pour la fonder scientifiquement. Madame la Ministre et ses conseillers techniques n’ont pas perdu la mémoire et savent mieux que quiconque que le Cameroun n’a pas ratifié les accords notamment du 5 avril 1967 relative notamment à la « loi applicable, à la compétence et à l’exequatur dans le droit des personnes et de la famille », la convention du 20 novembre 1989 relative « aux droit de l’enfant » pourtant instrument universel formulant en matière d’adoption les principes généraux et enfin la convention de la Haye du 29 mai 1993 sur « la protection des enfants et la coopération en matière d’adoption internationale » et qui est une application directe de l’article 21 de la Convention de l’ONU.
Messieurs les Présidents des groupes parlementaires, Honorables députés, le texte soumis à votre adoption ne protège pas mais livre, il ne renforce pas la famille mais la détruit dans ses fondements les plus élémentaires. Posons-nous si vous le voulez bien les questions les plus élémentaires sur la base de ce que nous vivons dans notre pays. Les Mvog-Ada, ce n’est qu’un exemple, ne se marient pas entre eux, si une jeune fille mvog-Ada abandonne un enfant où donne celui-ci à l’adoption (sous anonymat, et que celui-ci est adopté par un Bagangté, un Mvog-Ada en maturité pourra-t-il plus tard épouser cette fille ? – En matière d’adoption internationale l’homoparentalité (adoption par les couples homosexuels est ouvert) que faisons-nous si un couple homosexuel ayant obtenu son agrément international en vue d’adopter frappe à nos portes ? Il est à la fois un couple et est dans le désir d’enfant ? Voilà les questions auxquelles Madame la Ministre et ses conseillers n’ont pas abordées, mieux vous cachent parce qu’ils ont donné une réponse invisible afin qu’au nom de la loi tout cela soit permis, autorisé parce qu’ayant été légiféré. La nature biologique de notre espèce exige que les deux sexes qui la constituent unissent leur altérité pour qu’elle se perpétue et le mariage est la trame qui donne à cette union sa dimension sociale. Le « mas » (mâle), la racine étymologique de mariage, ou le « matrimonium » des latins qui dit clairement son rapport à la maternité ne laissent aucun doute sur le fait que cette institution concerne les deux sexes. Plus profondément, le secret de la réussite de l’humanité repose dans cette obligation de l’autre, dans la nécessité de l’autre sexe et dans l’impératif de l’autre groupe qui, lui, interdit l’inceste. L’adoption est une parentalité, une parenté de substitution et par conséquent doit obéir au même principe.
Messieurs les Présidents des groupes
parlementaires, Honorables députés, si vous vous posez ces questions
élémentaires, alors vous comprendrez où veut nous conduire ce texte
soumis à votre adoption, vous le rejetterez alors et vous ne serez pas
seuls dans ce rejet. Beaucoup de nos hommes politiques, ont renoncé à
éclairer la marche de l’Etat avec la lumière trop vive de la raison, ils
sont réduits aujourd’hui à le guider à la lueur vacillante
d’expériences nées du hasard. Mais qu’elle est très incertaine, la
clarté que diffusent les expériences de foyers que nous proposent Madame
la Ministre et ses conseillers ! Dès qu’on se donne la peine de
vérifier point par point le texte soumis à votre adoption, on ressent un
sentiment de malaise. Les lois convoquées sont fragiles, les méthodes
d’analyse et de rédaction douteuses et leurs conclusions hâtives. Le but
visé s’accorde mal avec des constatations élémentaires. Ce que les
adeptes de la dissolution de la famille n’ont pas obtenu hier et que
j’ai dénoncé dans ma correspondance à Mgr Joseph Atanga Archevêque de
Bertoua en sa qualité de Président de la Conférence des Evêques du
Cameroun, oui ils veulent l’obtenir par vous, avec vos signatures. Je
disais alors ceci :
Monseigneur,
La famille camerounaise est ébranlée dans ses fondements ; Les pratiques de sou-missions sexuelles pour la promotion de la nouvelle élite politique, économique, sociale voire religieuse dans notre pays est contraire à l’exhortation apostolique post-synodale ; « l’avenir du monde et de l’Église passe par la famille » (63).
Qui ne me comprendrait pas ne comprendrait pas
davantage le rugissement du tigre ! Messieurs les Présidents, Honorables
députés, les fondements de la pensée politique et de l’action
gouvernementale se sont effondrés du côté de nos gouvernants, il vous
revient de renvoyer la copie à vous soumise par Madame la Ministre des
Affaires sociales car ce texte est porteur de lourdes conséquences pour
l’avenir de la famille dans notre pays. Le principe de précaution est
inscrit dans notre Constitution, servez-vous de lui. Oui étendez ce
principe au bénéfice de nos enfants et de notre famille.
Je devine les pressions qui vont s’exercer sur vous pour vous inciter à
faire quand même voter immédiatement cette loi. Mesurez les risques
qu’on vous ferait prendre. Vous seriez, poussé à rien de moins que
renoncer publiquement à l’engagement le plus solennel de votre
engagement envers la Nation camerounaise: rassembler les Camerounais
dans la justice. Où trouver la justice, en effet, dans une mesure qui
sacrifierait des enfants innocents à l’impatience d’une petite minorité
d’adultes qui ne pensent qu’à faire joujou d’eux ! Messieurs les
Présidents, ayez des mots d’hommes pour contenir l’ignominie, parce que
le Cameroun n’est pas une terre en friche ! Oui Honorables députés,
gardez-vous de vous croiser les bras en l’attitude stérile du spectateur
face au péril et à l’effondrement de la famille ! Oui la vie la nôtre
en dépend et n’est pas un spectacle mais un vécu construit sur des bases
solides.
Messieurs les Présidents des groupes parlementaires, Honorables députés, L’avenir de notre société et celui de nos enfants n’appartiennent pas dans ce qu’ils ont d’essentiel à des lobbies, ni à des élans hasardeux auxquels certains sont soumis, voilà pourquoi confiant à votre sens de l’avenir de notre pays, je vous prie de trouver ici l’expression de ma considération.