Monsieur le Président et très honorable député,La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination a pris connaissance avec une particulière attention, de vos déclarations faites sur le la construction en cours, d'une unité de cimenterie du groupe industriel authentiquement africain Dangoté à Douala, capitale économique du Cameroun et de l'Afrique centrale.La Commission observe que la substance de vos propos à cette occasion est constitué de menaces, de demandes, d'observations, d'insinuations et d'accusations qui méritent que les citoyens et citoyennes avisés, individuellement collectivement ou par le bais des organisations civiles structurées, se préoccupent.
Premièrement, la Commission s'étonne que vous fassiez dorénavant de l'implantation de cette unité industrielle, quasiment une affaire personnelle, et ce au mépris d'un certain nombre de paramètres qui de toute évidence, invalident complètement votre démarche et disqualifient les actions envisagées aussi bien à court terme qu'à long terme tendant à faire opposition à la réalisation effective de l'ouvrage.
Deuxièmement, la Commission constate, qu'après avoir sans succès brandi l'argument de la protection d'un lieu chargé de symboles culturels, vous mettez aujourd'hui en avant un humanisme et un volontarisme écologiques dont la pertinence reste à démontrer, et lequel de toute façon ne résiste pas à une analyse générale s'agissant de vos antécédents en la matière. Votre fixation sur le projet Dangoté laisse chaque observateur convaincu à la fois du caractère d'agitation intéressé, et de la volonté de nuisance discriminatoire dont le chantage même commandité, ne saurait être la seule limite immédiatement saisissable.
Troisièmement, si tant est que vous avez le souci de la santé des habitants de la ville de Douala, de la qualité de la vie dans la ville, de l'hygiène générale et de la sécurité, tout plaide contre vous, et tout vous accuse, faisant ressortir clairement votre sectarisme. Combien d'unités industrielles hautement nuisibles sont-elles implantées à Douala et qu'avez-vous déjà dit, fait ou entrepris à propos? Les infrastructures dans la ville sont aujourd'hui plongées dans une dégradation des plus humiliantes et le processus de pourrissement pour ne pas dire d'abandon des populations à cette situation déplorable, s'est mis en place sous vos yeux. Pouvez-vous démentir?
Quatrièmement, monsieur le président et honorable député, que vous inspire le boulevard lugubre, infecte, honteux et dégoûtant qui va de l'aéroport de Douala jusqu'au carrefour des fleurs? Etes-vous donc fier d'une telle situation, avec des poteaux en bois pourris, renversés, faméliques, des crevasses de plus d'un mètre de profondeur, des trottoirs encombrés d'immondices? Est-ce plus sain et plus acceptable à vos yeux que la cimenterie Dangoté?
Cinquièmement, votre dernière sortie, à moins de démentir toutes les sagesses, prends le caractère tantôt d'un défi à un système dont vous êtes l'un des acteurs et bâtisseurs, tantôt l'exécution d'une mission non loin des tueurs à gage patentés disposés à faire tonner des canons pour les besoins d'une cause perdue et impopulaire. C'est bien vous, monsieur Ekindi, le premier président local du parti totalitaire UNC renaissant qui porta le nom de RDPC et qui demeure ce parti-Etat? C'est donc de cette métamorphose que devenu député du même système avec ses valeurs et ses contradictions, vous désirez vous positionner aujourd'hui en sauveur de la nature au profit crois-t-on savoir, soupçonne-t-on, concluez-vous, d'une population qui serait en danger du fait uniquement, de la cimenterie Dnagoté?
Sixièmement, votre parti a pris le pas sur la thématique, parce que en intellectuel rusé et en politicien capable de muter de la gauche vers la droite et vice-versa, vous avez accaparé sans un seul coup de canon, sans triomphe mais également sans gloire, l'épithète de progressiste. Voici donc venu le moment, le temps, l'occasion des progressismes tactiques, habiles à éviter de s'attaquer aux industries polluantes françaises, et vertueux dans la guerre de tranchée contre les investisseurs Africains. On comprend mieux la signification du progressisme dans la logique de l'espèce qui envoya nos premiers patriotes dans la tombe, en ayant évolué dans les entrailles de nos nationalismes imprudents.
Septièmement, l'intellectuel brillant, le politicien avisé, le fils du terroir choyé et agile, était quand même au Cameroun lorsque, avec tambours, trompettes, fanfares, verres de champagne et autres victuailles festives et mondaines, une pléiade composite d'honorabilités, de sages coutumiers et d'élites diverses du monde des affaires et de la politique emmenés par de hauts représentants de l'Etat et de la république, posa la première pierre de la future cimenterie. Alors, qu'est-ce qui explique que l'on ne vous ait pas entendu le lendemain, ni la semaine ni le mois suivant? Hypnotisme, négligence, forfaiture, attentisme stratégique, ou insuffisante compréhension des enjeux?
Monsieur le député, cher compatriote, l'art de la prééminence événementielle lorsqu'il prend des allures d'une entreprise de terrorisme psychologique et moral attentatoire au bonheur collectif, finit par construire les armes d'un sursaut du plus simple et du plus insignifiant des citoyens opposés à la roublardise. Vous n'êtes ni propriétaire de Douala, ni maître de la conscience économique et politique de la cité. Vous aviez déjà lors d'un mouvement d'humeur des benskinneurs accusés à tort de meurtre, montré cette propension chronique chez vous de vouloir dicter aux consciences et de vouloir imposer votre vérité, toujours par le verbe travesti d'une offre de médiation douteuse. Le temps vient où sortant des bas fonds de ces majorités silencieuses dont la force et les ambitions vous échappent, des voix à l'instar de la nôtre, vous ordonneront brutalement de vous taire et de laisser avancer le Cameroun.
La cimenterie Dangoté sera construite, et aucune de vos actions, même programmée dans la plus parfaite des compromissions et des mixtures procédurières, n'arrêtera la réalisation de ce qui représente un bel exemple de coopération Sud-Sud, tout en étant la démonstration éloquente d'un capitalisme africain inventif, expansif, nationaliste et solidaire.
La Commission conclu que vous ne sauriez, monsieur le président, monsieur le député, vous placer irrémédiablement en travers de ce projet, et vous appelle par conséquent à la raison et à la lucidité. Vous devez au plus vite renoncer à cette agitation qui au bout du compte, risque de trahir votre longue histoire de contradictions, de trahison et de turpitudes.
La Commission continue cependant, à vous ranger parmi les meilleurs fleurs que la promesse des semences ensanglantées d'une indépendance mal assumée, confisquée ou déviée, a offert en don au Cameroun. Elle vous renouvèle cela étant, son profond respect et sa très haute considération./.