Monsieur le Ministre, La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination vous présente ses compliments et s'empresse de porter à votre connaissance, une situation des plus graves devenue une épidémie incontrôlable.En effet, nous recevons chaque jours, de nombreuses plaintes, concernant des abus commis dans la circulation, par des militaires, des gendarmes, des policiers. Ces abus sont de deux ordres: le refus d'immatriculer leurs véhicules, et l'entretien d'un véritable désordre en période de pointe. Il suffit de se placer durant une heure à n'importe carrefour des grandes villes, pour constater que 90% des hommes en tenue roulent à bord de véhicules non immatriculés, souvent même sans le numéro de châssis. Ils jouissent d'une tolérance inexplicable et choquante. Généralement lorsqu'ils sont impliqués dans des accidents, ils refusent de présenter leurs pièces personnelles et les pièces du véhicules, et se livrent à la violence, l'intimidation, l'injure, la menace, la condescendance.
D'ailleurs, très souvent bien qu'ils aient tort, ils s'imposent enquêteurs, confisquent les pièces de l'autre partie, le violentent même et appellent des renforts pour embarquer le citoyen qui se retrouve sans défense, jeté dans une cellule et obligé de payer ses bourreaux pour recouvrer la liberté voire son véhicule.
L'autre pan de ces bus, c'est leur habitude de ne pas respecter les balisages, violant les lignes continues, refusant les consignes de l'agent chargé de réguler la circulation. D'ailleurs, plus le grade est important, plus ce comportement est récurrent, ostentatoire, insolent et pernicieux.
Les populations, les usagers de la route, piétons et automobilistes sont profondément vexés par ces actes d'incivisme ouverts. Nous ne sommes pas encore dans un régime militaire pour subir ces travers qui relèvent soit du Mali du capitaine Sanogo, soit de la Centrafrique soit de l'Est du Congo.
Les citoyens attendent qu'il y soit mis fin, et que les hauts gradés de tous les corps confondus, respectent les indications de balisage dans la circulation. De plus, il n'est écrit nul part que être policier, militaire ou gendarme, donne le droit d'entretenir des véhicules non immatriculés et de rouler en troisième position quand bon leur semble.
La vue de ces comportements dans la circulation représente pour les nationaux et encore mieux pour les diplomates et les étrangers visiteurs, la preuve que notre société serait plongée dans une parfaite anarchie. D'ailleurs, c'est la première chose qui frappe un camerounais de la diaspora lorsqu'il met les pieds au pays. En privé, certains membres du corps diplomatique ne sont pas avares de commentaires amers sur cet état de chose qu'ils vivent au quotidien.
Il faut ajouter, que nos enquêtes ont établi que
nombre de véhicules qui se livrent au transport clandestin (OPEP,
CARGO), route des universités, banlieues et zones rurales, appartiennent
à des hommes en tenue. Non, c'est trop, il faut agir.
Il importe de signaler que les citoyens victimes, refusent régulièrement
de témoigner ouvertement, craignant légitimement des représailles.
Dans l'attente de votre prompte réaction, la Commission vous renouvelle les assurances de sa haute considération./.