Les USA vont déloger Gbagbo ? Déjà plus de 200 morts
Vendredi, 24 Décembre 2010 01:56
La
secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a exhorté à nouveau jeudi
le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo à renoncer "immédiatement"
au pouvoir pour laisser la place à son rival
Alassane Ouattara et mettre fin à la crise dans le pays.
"Le président Alassane Ouattara est le dirigeant légitimement élu
et internationalement reconnu de Côté d'Ivoire. Nous renouvelons notre
appel pour que le président sortant Laurent Gbagbo se retire
immédiatement", a déclaré la chef de la diplomatie américaine dans un
communiqué adressé au Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève.
Les Etats-Unis avaient déjà demandé vendredi le retrait de M. Gbagbo.
"Les droits du peuple ivoirien ne peuvent être pleinement
respectés que si la démocratie peut fonctionner et si l'Etat de droit
est rétabli en Côte d'Ivoire", a souligné Mme Clinton.
"Les
Etats-Unis se joignent à la communauté internationale pour condamner la
violence grandissante, les graves violations des droits de l'homme et la
détérioration de la sécurité en Côte d'Ivoire", a-t-elle ajouté.
"Nous soutenons le Conseil (des droits de l'homme de l'ONU) dans
son appel à l'arrêt immédiat de la violence et d'autres exactions, et
nous oeuvrerons pour que les responsables de ces violations des droits
de l'homme rendent des comptes", a assuré Mme Clinton.
Le Conseil des
droits de l'homme de l'ONU a adopté par consensus jeudi à l'issue d'une
session spéciale sur la Côte d'Ivoire une résolution dénonçant les
"atrocités" commises après les élections de novembre.
A l'issue du second tour de la présidentielle du 28 novembre en
Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara a été désigné vainqueur avec 54,10% des
voix face au président sortant Laurent Gbagbo par la Commission
électorale indépendante.
Mais le Conseil constitutionnel, acquis à M. Gbagbo, a invalidé
ces résultats, pourtant certifiés par l'ONU, et proclamé la victoire du
président sortant, qui se maintient depuis au pouvoir en dépit d'un
isolement croissant sur la scène internationale.
AFP
Près de 200 morts en Côte d`Ivoire, selon les Etats-Unis
Le
Premier ministre d'Alassane Ouattara, Guillaume Soro, a estimé jeudi
que Laurent Gbagbo devrait être traduit devant la Cour pénale
internationale (CPI) pour les événements survenus en Côte d'Ivoire
depuis le scrutin présidentiel et qui ont fait près de 200 morts selon
l'Onu.
Désigné vainqueur par un Conseil constitutionnel acquis à
sa cause, le chef de l'Etat sortant, Gbagbo, résiste aux pressions de la
communauté internationale qui souhaite le voir céder le pouvoir à
Ouattara, proclamé vainqueur par la commission électorale et réfugié à
l'hôtel du Golf.
Charles Blé Goudé, chef de file des Jeunes
Patriotes, proches de Laurent Gbagbo, a appelé jeudi à un rassemblement
le 29 décembre à Abidjan pour dénoncer l'ingérence étrangère dans les
affaires ivoiriennes.
Dans un entretien publié jeudi dans le
quotidien français Libération, Guillaume Soro, espère l'envoi d'une
mission de la CPI dans le pays pour "établir la responsabilité des uns
et des autres et que tous ceux qui sont impliqués d'une manière ou d'une
autre soient transférés à La Haye".
"Nous espérons vivement que
la communauté internationale ne prenne pas trop de temps pour se rendre
compte que la place de Gbagbo n'est pas au palais présidentiel mais à la
Cour pénale internationale de La Haye", a-t-il ajouté.
Réuni à
Genève, le Conseil des droits de l'homme de l'Onu a adopté jeudi soir
une résolution condamnant les violences politiques et préconisant
l'ouverture d'une enquête sur l'ensemble des crimes commis et la
protection des civils.
Lors d'une séance extraordinaire convoquée
à la demande de pays africains, les pays membres du Conseil ont
condamné les graves atteintes aux droits de l'homme commises depuis le
second tour de la présidentielle, le 28 novembre, et fait part de leur
crainte d'une escalade de la violence.
SOMMET DE LA CEDEAO VENDREDI A ABUJA
Le
Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH)
affirme disposer d'accusations étayées faisant état de la mort d'au
moins 173 personnes dans des violences et des arrestations pendant la
période allant du 16 au 21 décembre (voir ).
L'ambassadrice des
Etats-Unis auprès du HCDH, Betty E. King, a parlé pour sa part de près
de 200 personnes tuées dans les violences qui ont suivi le deuxième tour
du scrutin.
Dans un communiqué, l'Opération des Nations unies en
Côte d'Ivoire (Onuci) a indiqué que des partisans masqués de Laurent
Gbagbo armés de lance-roquettes barraient une route menant à Anyama, aux
abords de NDotre, un village situé à la périphérie d'Abidjan
renfermant, selon certaines allégations, un charnier.
Depuis
l'hôtel du Golf, Soro a appelé mercredi le Conseil de sécurité des
Nations unies à envisager la force pour contraindre Laurent Gbagbo à
quitter le pouvoir.
Une telle initiative doit relever des pays africains, a estimé jeudi le ministre français de la Coopération.
"La
communauté internationale, qui a ratifié les résultats en Côte
d'Ivoire, est représentée par la force de l'Onu, l'Onuci, et je ne vois
pas l'Onuci déclarer la guerre à une partie de la Côte d'Ivoire contre
l'autre partie", a dit Henri de Raincourt au micro de RFI.
"Donc,
si quelque chose devait en la matière se produire ça ne pourrait être
qu'à l'initiative des pays africains eux-mêmes", a-t-il ajouté.
Jeudi,
le président français Nicolas Sarkozy a réitéré jeudi le soutien de
Paris à la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao)
qui doit se réunir vendredi à Abuja pour trouver une issue à la crise
ivoirienne.
Paris a recommandé à ses 15.000 ressortissants de quitter la Côte d'Ivoire dans l'attente d'une normalisation de la situation.
Un
possible renforcement des 10.000 casques bleus de l'Onuci déployés en
Côte d'Ivoire pour parer à toute action des partisans de Gbagbo est
actuellement discuté aux Etats-Unis.
Les pays de l'Union
européenne ont annoncé lundi qu'ils imposeraient sous peu des
restrictions de déplacement à Laurent Gbagbo et son épouse ainsi qu'à 17
de ses collaborateurs.
Les ministres de la banque centrale de
l'Union monétaire ouest-africaine devaient jeudi en Guinée Bissau pour
discuter d'un possible gel des financements de la Côte d'Ivoire.
Reuters