Il ya à distinguer dans ce qui se passe dans le magma confus de la nébuleuse des UPC, deux phénomènes d’importance inégale : les désertions et les divisions. Comme nous avons essayé de le montrer plus haut, les divisions sont le fait de l’homonyme de l’UPC, pour une raison simple : qui doit légitimement continuer à gérer le pactole que selon certaines sources, le pouvoir aurait mis à la disposition de M. KODOCK pour perpétuer l’alliance ? Les désertions quant à elles, concernent l’UPC pour une raison simple elle aussi. Le blocage causé à l’UPC par la création de l’homonyme et la reconnaissance de celui-ci comme la seule UPC légale, mettait à rude épreuve, la fidélité de certains camarades au parti. En effet, cette position délicate ne permet pas à l’UPC de participer aux élections. Quand en plus M.KODOCK par on ne sait quels tours de passe-passe fit protéger le sigle UPC à l’OAPI
(Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle) et traîna les dirigeants de l’UPC devant les Tribunaux pour usage non autorisé du sigle (dans une série de procès qui se poursuit encore) , il fallait être taillé dans un bloc de granit pour rester fidèle à l’UPC et à son combat. Telle est la raison majeure pour laquelle beaucoup de camarades ont déserté le parti et se sont positionnés soit dans une des principales factions de l’homonyme, soit dans d’autres partis politiques de leur création ou de leur choix. D’autres ne se sont retrouvés nulle part et d’autres encore, renonçant à un militantisme ouvert, s’occupent tout simplement de leurs propres affaires. L’hémorragie commence dès la fin du premier Congrès unitaire avec la démission du Dr. KUISSU Siméon, Secrétaire Général élu au Congrès. Elle se poursuivra un an plus tard, lors de la démarcation du parti en UPC- MANIDEM (MANIDEM ici veut dire : Manifeste National pour l’Instauration de la Démocratie) .Mais le MINAT de M. ANDZE TSOUNGUI ayant refusé de reconnaître le parti malgré deux ordonnances de la cour suprême reconnaissant la légalité de l’UPC-MANIDEM, a fait persister le blocage.
C’est alors qu’éclate au sein du parti, un débat sur le (re)changement du nom. Nous sommes en 1995, quelques jours seulement après le premier et unique Congrès de l’UPC-MANIDEM. Malgré le rejet de l’idée par l’écrasante majorité des délégués venus de toute la base du parti au cours d’un Comité Directeur élargi organisé à Yaoundé , un groupe de camarades dont Anicet EKANE et ABANDA KPAMA par un acte d’indiscipline notoire, décidèrent de quitter le parti en créant le MANIDEM (Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie). L’UPC-MANIDEM fut dissoute au cours du processus qui devait conduire à la tenue du deuxième Congrès unitaire. Ce fut l’une des exigences majeures que posa le pouvoir pour libérer le récépissé. Après que la Direction issue du Congrès fut sabordée par le pouvoir et ses suppôts de l’homonyme, l’UPC a continué son combat, fidèle à la ligne de ses fondateurs et aux résolutions du deuxième Congrès unitaire.
Les désertions de certains camarades du parti peuvent humainement se comprendre. Après tant d’années de lutte, il peut être compréhensible que certains camarades parfois au soir de leur vie croient venu le temps de penser aussi à eux-mêmes, en devenant qui député, qui maire, qui sénateur, et demain peut-être, Conseiller Régional, ou en faisant autre chose. Donc à priori, nous ne les condamnons pas pour ça à condition bien sûr qu’ils ne dénigrent ni le parti, ni ses dirigeants. Par contre, la seule chose qui pourrait objectivement être reprochée à ceux qui ont choisi de continuer le combat upéciste sous d’autres chapelles Politiques, c’est la naïveté dont ils ont fait preuve en pensant que le problème de l’UPC se réduit à un simple bout de papier délivré par le MINAT. Or depuis 1995, la situation n’a fondamentalement changé ni pour le parti, ni pour les déserteurs, bien que certains aient obtenu le bout de papier du MINAT. Ce qui est arrivé à nos amis des homonymes pendant les sénatoriales en cours doit amener nos déserteurs qui se trouvent de ce côté- là, à bien y réfléchir. A moins de se renier publiquement en ralliant officiellement le RDPC, leur camouflage derrière l’homonyme ne trompera pas le pouvoirs qui sait qui ils sont et d’où ils viennent. Nous pensons quant à nous, que le problème de l’UPC est un problème de lutte contre le pouvoir néocolonial du RDPC, en vue d’un retour effectif et définitif de l’UPC sur la scène politique camerounaise. Seul ce retour créera les conditions objectives d’un changement profond et durable au Cameroun.
LE NECESSAIRE RASSEMBLEMENT.
Il est donc inutile de s’enfermer dans son amour propre et de refuser de regarder la vérité en face. La stratégie des désertions a échoué. Elle a affaibli le parti sans pouvoir créer une force alternative tout en accentuant de plus de 20 ans, les souffrances de notre peuple. Il est temps de reposer la problématique de rassemblement sous une approche nouvelle. Jusqu’ici, la problématique de rassemblement des upécistes a été posée en termes d’unité, visant à regrouper sous une même orientation et une même Direction, l’UPC et son homonyme. Comme on le sait, cette approche a échoué à deux reprises : en 1991 et en 1996. D’ailleurs, ces tentatives étaient programmées pour échouer car l’UPC et son homonyme sont comme l’eau et l’huile, deux corps incapables de constituer un mélange homogène.
Aujourd’hui, la problématique de rassemblement des upécistes doit changer aussi bien dans sa conception que dans sa mise en œuvre. Elle doit d’abord être considérée comme incontournable contrairement à ce que pensent certains camarades qui, à force de courir derrière une unité introuvable, en sont venus à se convaincre de ce que le problème du rassemblement est un faux problème à propos duquel il ne faut plus perdre du temps.
Toutefois, cette problématique doit cesser d’être perçue comme une fusion de deux entités que tout sépare, à l’exception des symboles apparents du parti. Elle doit plutôt être conçue comme la remise en cause du principe même de désertion qui a longtemps sévi dans le parti et l’a considérablement affaibli.
Dans cette perspective, tout doit repartir de Bamougoum 91, premier Congrès du parti après 36ans de clandestinité. Tous ceux qui avaient pris part au Congrès dit unitaire de Bamougoum en décembre 91, qui sont encore vivants, et où qu’ils se trouvent en ce moment, doivent se sentir concernés au premier chef par l’idée de rassemblement, à condition qu’ils croient encore à l’UPC et à son combat, et qu’ils acceptent de cheminer avec ceux qui sont resté dans le Parti. Pour cela, une amnistie générale et inconditionnelle doit être prononcée dans le parti, vis-à-vis de tous ceux qui, pour quelque raison que ce soit, l’avaient déserté. De leur côté, les camarades ayant déserté le parti, doivent eux-mêmes pardonner à tous ceux des camarades qu’ils estiment à tort ou à raison, avoir été à l’origine de leur départ. E n somme, une mini Conférence Nationale Souveraine interne au parti est absolument nécessaire.
Bafoussam le 19 juillet 2013