A qui un député de l'assemblée nationale rend-il compte de son mandat dès qu'il a été élu par le peuple? Qu'est-ce qui assure la pertinence, l'efficacité et la probité du travail d'un ministre camerounais sans compter les autres hauts cadres de la fonction publique?
En l'absence d'un véritable système de contrôle constitutionnel et institutionnel de l'efficience des actes des hauts commis de l’État et devant une embryonnaire et tortuose volonté d'assainir les mœurs publiques, ce qui d'ailleurs n'est que preuve de probité et non d'efficacité ou de compétence de ces personnes, il s'est développé au Cameroun une royauté mandatée ou décrétée selon que l'on est élu ou nommé de la part des bénéficiaires de ce statut, vite devenu privilège au lieu d’un sacerdoce.
Les royautés mandatées aux mairies et à l'assemblée nationale:
D'un travail à lourde responsabilité qu'est le mandat à la
mairie ou a l'assemblée, où les acteurs devraient user de leur génie
pour œuvrer à l'amélioration des conditions de vie de leurs électeurs,
il en est ressorti une sinécure où le député par exemple s'isole de tout
le monde dès qu'il reçoit ses attributs de l’hémicycle pour jouir seul
des avantages à lui confiés par sa profession, avantages pourtant
confiés par le peuple. Il devient un vrai roi élu par le peuple pour une
durée déterminée au cours de laquelle il ne rend compte à personne. Ses
actions à l'assemblée sont méconnues de tous, ses activités se
réduisent à se rendre à la capitale pour pointer son gombo. Rien
d'important n'est entrepris sur le terrain sauf si c'est pour leurrer
les populations en vue d'une prolongation du mandat signe d'une
extension de sa royauté par un suivant mandat.
En amont, c'est-à-dire à l'assemblée nationale elle-même où le député doit exercer, aucune pertinente proposition de loi en faveur des électeurs digne n'est établie par un député ; aucune idée méliorative ne voit jour, rien, absolument rien de bon ne vient du député pour l'essor du pays. Nombre de nations ont réussi leur développement grâce aux acquis sociaux réalisés dans leur parlement par les députés. Mais ici, les députés passent leur temps dans cette chambre à se tourner les pouces en attendant un éventuel courrier administratif que déposera le gouvernement pour enregistrement. Au fait, de lieu de débat d'idées et de filtrage de points de vue pour le meilleur dans la marche évolutive du pays, l'assemblée nationale est une chambre d'enregistrement qui valide le moindre document que lui pose l’exécutif sur la table.
C'est que d'une part, les députés sous-entendent qu'il ne revient pas aux rois élus qu'ils sont de cogiter. Et par conséquent, ils ne font finalement rien d'autre que ne rien faire d'autre. Sinon, chercher par comment gagner un marché dans les ministères. Dans cette politique du ventre, Jean Nkueté alors ministre avait été accusé par les rois d'un rare crime de lèse majesté: il ne laissait suffisamment pas les élus du peuple se faire du beurre dans les marchés de son ministère! Et c'est le PAN qui s'en est plaint le premier! .50 ans après l'indépendance , bien malin sera celui-là qui dira que tel député a été à l'origine de tel ou autre loi favorable au citoyen , pourtant, ils ne manquent d'être présent au palais de Ngoa-Ekellé, les députés!
Un ministre tenant ses pouvoirs de l'invisible Paul Biya se prend-il pour autre personne qu'un tout puissant roi qui n'a de compte à rendre à personne? Puisque même celui-là qui l'a nommé ne le reçois jamais en audience ni ne lui demande ce qu'il fait de sa journée, quoi d'autre qu'une sinécure est son travail? N'étant audité ni à l'entrée tout comme à la sortie du gouvernement, celui-ci n'a qu'à faire ce qu'il veut et tant que ses crimes économiques soutenus par une incompétence calamiteuse n’empêche le faiseur de roi de tourner en rond, rien ne l’inquiétera! Les ministres, il en passe chaque jour, de plus en plus incompétents, qui au lieu d’œuvrer pour l'édification de leur pays lui font gagner des lauriers du genre pays le plus corrompu du monde entre autres.
En réponse à ce phénomène grandissant, le faiseur de rois-ministres a inventé "les feuilles de route " , déjà promises à l'impraticabilité car même un crétin sait que le Cameroun n'a pas de ...routes! Du coup, depuis cette invention, le Cameroun n'a pas connu mieux que sa pauvreté habituelle et son ambiance de corruption ouverte affichée haut et fort par les hommes en tenue pourtant sur les bords de ce qui nous est comme "route"! "Les feuilles de route " qui ne changent rien sur la "route", même le plus téméraire des bébés ne résisterait pas au sommeil que prodigue pareil conte! Les éléments de l'incompétence notoire des ministres sont quasiment illimités: ponctualité, célérité dans le traitement des dossiers, efficacité des décisions et nominations, absence de recherche personnelle novatrice, fuite du débat avec l'opinion, aucun acquis social pratiquement... Tout ceci parce que ces hommes se prennent pour des rois à leurs postes.
Pourtant, il n'est pas si difficile de réussir sa députation. La législation est l'un des handicaps à l’intelligence de cette institution: quelle digne société peut-elle recruter ses hauts fonctionnaires à la condition principale de "savoir lire et écrire le français ou l'anglais"? Ne peut-on pas faire mieux? Comment avec les ambitions d'émergence on oublie que l'école est justement la clé principale de celle-ci? Les chinois auront beau construire les barrages, si les camerounais ne savent pas l'entretenir... La méritocratie ne serait pas sévère si elle frappe inéligibilité à vie tout député qui au cours de son mandat n'a pas été à l'origine d'une loi. Une application qui ne saurait se limiter aux élus du peuple.