Les réseaux sociaux et l'expression de la peur des camerounais
Le gouvernement camerounais a appris à ne pas compter et à ne pas faire avec son opinion publique. Pour lui elle n'existe pas tout simplement et personne dans le cercle presqu'inexistant des chercheurs camerounais n'a rien fait pour donner à cette force publique une existence réelle. Alors ce qui reste ce sont les camerounais dans les réseaux sociaux avec des identités que personne ne peut vraiment vérifier.
Le Cameroun c'est le Cameroun LCCLC est la mère de ces réseaux qui tant malheureusement à se diluer dans la pornographie juvénile au point d'attirer l'attention d'Interpol depuis quelques semaines. Les administrateurs ont décidé de taper du point sur la table pour redonner consistance à cette page.
Viennent ensuite code 237 dirigé de main de maître par Diane Boula et enfin Commentons les Commentaires CLC de Françoise Mbarga. Une seule chose semble rassembler ces réseaux sociaux c'est la présentation du Cameroun tel qu'il est vu par les uns et les autres mais surtout tel qu'il est vu par les quotidiens camerounais. Les articles de journaux constituent 80% des fournitures à commenter.
Les critiques vont dans tous les sens, généralement c'est deux blocs qui s'affrontent, les actions du gouvernement sont passées à la critique du commun des facebookers. On critique l'amateurisme du gouvernement, les absences à répétition du Chef de l'Etat, les faiblesses des ministres, les décès des artistes etc etc. Mais au final une seule chose semble rassembler les internautes camerounais dans les réseaux sociaux: Les camerounais ont peur.
Bien sûr, on peut minimiser une telle fronde dans les réseaux sociaux puisque selon une étude de l'Association des Ingénieurs et Informaticiens Camerounais basée en Allemagne, c'est 300 000 camerounais résidants au Cameroun qui se connectent sur facebook tous les jours au au 6 octobre 2011. Une chose semble certaine les camerounais dans les réseaux sociaux expriment leur part face à une équipe gouvernementale qui cafouille, inexpérimentée et même un brin surmenée.
Les camerounais sont de moins en moins louangeux devant les agissements des autorités gouvernementales de leur pays et de plus en plus le font savoir, avec leurs mots et chacun suivant son style. Le langage écrit ici est loin d'être accadémique et a donc le mérite de rassembler toutes les couches sociales capables de débourser la modique somme de 50 F cfa la minute pour dire et dire ce que l'on pense sur tous les sujets postés soit par nous-mêmes soit par les autres membres du groupe. Il ne faut pas confondre la cause et la conséquence d'un désamour: Il y a un très gros malaise.
Les Camerounais ont peur de ce qu'ils voient et entendent au quotidien. Personne n'oserait demander ce qu'ils voient et ce qu'ils entendent. Pas une seule Une dans un quotidien qui rassure, la magico-anal livre culte de monsieur Charles Atéba Eyene est partout sur toutes les lèvres et tous les regards, plus on veut le cacher plus il est en surface comme une bouteille plastique fermée vide dans l'eau! L'opération dite Epervier encore appelé par les poètes et écrivains de la cité Obam Boulou ne rassure personne, ni le pouvoir en place, ni les victimes et plus encore les observateurs. 83% de Camerounais parlent d'épuration politique et de règlement de compte au sein de l'appareil vorace au pouvoir. A peine 7% y croient tout en sollicitant l'anonymat pour s'exprimer.
Les camerounais ont peur de la fin du régime annoncée même naturellement parce que le président Biya est né en 1933 et que l'espérance de vie au Cameroun est de 45 ans pour les hommes - très peu de camerounais croient qu'il achève son mandat et le vide constitutionnel quant à une éventuelle succession sans bain de sang ne rassure plus personne. La paix est une illusion qui ne mystifie plus personne même les enfants à la maternelle.
Pour bon nombre de camerounais la victoire du président Biya à la dernière élection a créé plus de problèmes que proposer des solutions et la vacance du pouvoir continue. Oui quand on interroge les camerounais dans la rue, ce n'est plus seulement Biya qui rest responsable de leur malheur mais l'ensemble des hommes et des femmes qui gravitent au sein du pouvoir, ce qu'ils appellent la mangeoire nationale au pays organisateur.
Le football camerounais autrefois cache-misère d'un peuple fier est aujourd'hui le ventre mou de la Fédération Internationale de Football, deux fois consécutivement les Lions indomptables avec un effectif au sein duquel au moins 60% des footballeurs peuvent évoluer dans n'importe quelle selection nationale dans le monde, ne se sont pas qualifiés pour la phase finale de la Coupe d'Afrique des Nations. L'arbre qui cachait la forêt est tombé de lui-même! L'économie camerounaise n'est plus compétitive dans la sous région et son leadership est contesté par les pays dont la taille de la population ne fait pas l'une des plus petites villes du Cameroun c'est le cas avec la Guinée Equatoriale de Théodoro Obiang Nguémé, le Gabon d'Ali Bongo Odimba ou encore le Congo de Sassou Nguesso!
Le gouvernement camerounais reste muet face aux cris de misère de sa population. De ce fait c'est un sentiment d'impuissance et de flou politique qui se dégage, l'ensemble du pays est comme pétrifié. Pour les analystes politiques que les camerounais se pressent de regarder le dimanche sur STV, Canal 2 et Equinox pour achever la nuit avec la CRTV l'heure est plus que grave, les investisseurs ne frappent pas à la porte depuis des decennie pour ce qui est de la France le dernier président à avoir été à Yaoundé c'est Jacques Chirac depuis il a eu deux successeurs Sarkozy et Hollande!
Les Camerounais ont peur de ce silence autour d'eux, cette indifférence face à leur souffrance, ce silence pour eux contraste avec l'énormité des problèmes auxquels ils font face au quotidien. La police nationale ne rassure plus les usagers et les viols dans les commissariats de police sont légion et tout le monde y passe, hommes femmes, enfants, veuves mamans, jeune filles femmes mariées, tout le monde a droit au même tarif.
Les Camerounais ont peur des hôpitaux pas seulement parce que les médecins demandent de l'argent avant de s'occuper de votre cas mais parce que la morgue jouxte la salle de consulation et que si vous mourrez c'est un morguier qui fera son marché sur la dépouille comme le revèle le cas de l'hôpital Laquintinie.
Les Camerounais n'ont pas d'eau et toutes les familles ont peur d'envoyer les enfants à la corvée d'eau à 3h du matin parce que là se trouve le gang des violeurs comme celui signalé au quartier Damas à Yaoundé pas loin du domicile de l'homme d'affaire Omgba Damase et à un jet de pierre de la résidence du ministre André Mama Fouda de la santé publique! Le Premier Ministre est aussi pâle que l'ensemble de son équipe gouvernementale face à tout ceci, on cherche leurs noms dans la rubrique des faits divers!
Le Président Biya disent les Camerounais a montré ses limites mais il est aussi celui qui tire et ralonge indéfiniment la nuit! Voila pourquoi ils lui demandent des actions fortes du moins des actions à la mesure de ce qui lui reste comme force pour retisser les fils de la confiance entre différentes couches sociales. Il faut briser le mur qui sépare riches et pauvres. Il y a nécessité d'ouvrir de réelle négociation avec la société civile, il faut impliquer l'ensemble de la population pour essayer de redresser le bateau qui coule. Oui la négociation est la meilleure manière d'impliquer les acteurs sociaux dans des choix courageux. Mais cette politique de cache-cache et de silence devient anxiogène devant l'urgence des réponses qu'appellent les coups de boutoir de la crise.
Les Camerounais ont peur de mourir sans avoir été malade, oui être mangés par les "frères" mais aussi d'être emportés par la nouvelle mode de la mort au pays des lions devenus des chattes sans griffe; l'AVC. On est loin du simple couac d'idée voire de communication. Les Camerounais soyons certain n'attendrons pas 2018.
Dr Vincent-Sosthène FOUDA
www.generationcameroun2011.com