Les reactions aux confidences d’Amadou Ali
Les reactions aux confidences d’Amadou Ali
- Mercredi, 07 Septembre 2011 07:46
- Assongmo Necdem
« Cette déclaration relève d’une autre époque » : Ateba Eyéné
Amadou Ali dans sa posture d’homme politique n’a pas toujours intégré
les règles et les exigences de la démocratie moderne qui ne s’accommode
pas de la dimension ethnique mais de la vision et de l’ambition dans
la réalisation des rêves.
C’est ainsi que Barack Obama, qui a des origines africaines, est devenu
président des Etats unis d’Amérique où l’on retrouve des indiens,
espagnols … La politique basée sur la dimension ethnique est le degré
zéro de la politique. Par contre, les nouvelles familles politiques
partagent d’autres valeurs. C’est sur cette base que l’alternance
politique se fera au Cameroun après Biya. Ce sont les vieilles élites
qui sont accrochées à ce contrat Nord –Sud qui est aujourd’hui dépassé
et qui ne sert en réalité que la minorité et non le peuple profond. Ce
que mon camarade Ahmadou Ali a dit rend la triste réalité de la
construction politique dans notre pays. Dans la vérité politique, on
juge les gens sur les projets de sociétés, la capacité à communiquer
dans les médias et parfois la mise vestimentaire. Tous ceux qui résument
la politique à l’ethnie n’oeuvrent pas pour la culture et la
modernisation de la politique au Cameroun. Cette déclaration relève
d’une autre époque. La politique moderne intègre aussi le multimédia.
Mon camarade Ali n’a pas par exemple imaginé que sa conversation privée
se retrouverait sur la toile. A-t-il une idée de Facebook où les arabes
parlent avec des chrétiens, des beti avec des bassa …
Le problème est aussi générationnel. Les propos d’Ahmadou Ali ne
peuvent pas engager les jeunes musulmans, ni les jeunes bamilékés qui
veulent vivre ensemble. Au passage ses propos vont à l’encontre de
l’unité nationale qui est l’une des grandes ambitions du Cameroun en ce
moment. Je rappelle pour mémoire qu’en 2011, les nouvelles solidarités
sont générationnelles, au niveau des valeurs, au niveau de la vision et
au niveau de la capacité à œuvrer pour le bien être car les pauvres du
grand Nord, de l’Ouest, du Sud et de l’Est sont généralement solidaires.
Ils ne vont voter que celui qui va proposer un projet de société
pouvant changer leur quotidien. Cette sortie de mon camarade choque plus
d’un camerounais moi en premier. Mais je comprends le père Ali.
« Des propos indécents et dangereux » : Abanda Kpama, président du Manidem
J’ai trouvé indécent et dangereux les propos attribués à M. Amadou Ali,
vice-premier ministre et ministre de la Justice. Après tout, c’est
révélateur de l’état d’esprit de ceux qui dirigent le Cameroun, alors
que le pays vient de fêter en grandes pompes le cinquantenaire de son
indépendance. La propagande officielle a fait état de ce que nous sommes
un pays uni et stable. Voilà qu’on découvre dans ces révélations qu’un
membre éminent du gouvernement ne considère pas le Cameroun comme une
nation. Selon lui, la dévolution du pouvoir se fait autour des prismes
ethniques. C’est grave. Dans la géographie politique de M. Amadou Ali,
il y a des peuples de notre pays qui sont a priori exclus du pouvoir.
Dans le cas d’espèce, il est nommément question des bamilékés, sans nous
expliquer en quoi leur appartenance ethnique les disqualifie de la
gestion du pouvoir suprême. Sous d’autres cieux pourtant, le pouvoir
économique des bamilékés seraient un facteur pour diriger le pays.
Plus grave dans les propos M. Ali, la révélation que le chef de l’Etat,
détenteur de la légalité républicaine et garant du respect de la
constitution, a confié d’importantes responsabilités à des personnes qui
agissent avec grande légèreté et enfreignent les principes républicains
de la gestion du pays. Les mécanismes de dévolution du pouvoir sont
clairement prescrits dans la constitution. Il en découle l’exercice de
la compétition politique des partis politiques. Par ailleurs, tout ce
qui est identifié comme pouvant affaiblir l’unité nationale et diviser
les Camerounais doit être lourdement sanctionné. Ces propos sont en
effet source de frustrations et peuvent engendrer la discrimination à
l’égard de certaines populations du seul fait de leur appartenance
ethnique. Si les propos d’Amadou Ali sont exacts, il convient que le
chef de l’Etat l’écarte du gouvernement. Le coupable doit être poursuivi
pour atteinte à l’intégrité de l’Etat et à l’unité de notre pays.
« Manœuvres pour reconduire M. Biya » : Alexis Ndéma Samè, Président de l’UPC
Le contenu de ce « scoop » daterait d’au moins 6 mois je crois, puisque
l’entretien du Garde des Sceaux de la République avec l’Ambassadeur des
Usa au Kamerun a eu lieu au mois de février dernier lorsque le
gouvernement a été une fois de plus interpellé sur le non respect des
droits de l’Homme dans notre pays. Mais ces « analyses » selon la
source, livrées par une haute personnalité de l’Etat, sont bien
d’actualité en cette période électorale et votre journal « Le Jour »
fait bien de les mettre en exergue.
Les propos attribués à Amadou Ali confirment un aveu criard et
dégagent quelques enseignements dont certains relevés ci-après sont
également des confirmations.
1/ D’abord, d’après Amadou Ali (A.A) et très probablement l’ensemble
des cercles du pouvoir qui gouvernent notre pays, l'avenir du Cameroun, à
commencer par la succession de Paul Biya à la tête de l’Etat, ne peut
être envisagée que sous les considérations ethnique et régional au sein
de l’oligarchie régnante.
M. le Vice Premier Ministre et Ministre de la Justice confirme ainsi
que pour les véritables organisateurs du prochain scrutin eux-mêmes,
l’élection présidentielle annoncée n’a aucun intérêt. Tout est mis en
œuvre pour reconduire le candidat du Rdpc choisi parmi eux, dans des
combinaisons occultes entre les élites des différentes régions plus ou
moins influentes du pays. Ce candidat garantit naturellement la
stabilité du régime c’est-à-dire la reconduction du même système qui
appauvrit les kamerunais jour après jour.
2/ Ensuite A.A. nous rappelle que la succession dans le camp du pouvoir
est bloquée ; Ainsi Paul Biya se trouve en otage dans son propre
système. En effet, un éventuel désistement de ce dernier serait de
nature à déclencher une guerre de clans sans merci qui mettrait
naturellement le pays en danger. Ce n’est pas le sort des malheureux
kamerunais qui le préoccuperait tant, que non ! Mais ce sont les
immenses fortunes, fruit du travail de kamerunais et les positions de
pouvoir juteux que lui-même et ses amis occupent qui seraient en jeu.
D’où leurs multiples appels à une paix qu’ils sont seuls à menacer. Le
verdict est donc tombé depuis dimanche dernier, avant même le fameux
congrès du Rdpc annoncé : Biya Paul est le candidat des soi-disant
élites du pays. Depuis l’entretien auquel vous faites allusion au mois
de février dernier, aucune solution alternative n’a pu être trouvée
dans le camp du pouvoir. Les fameuses élites qui nous gouvernent ont
donc repoussé leur affrontement fratricide à plus tard, voilà pourquoi
elles resservent à la nation le candidat élu d’avance, bien que celui-ci
soit fatigué et à bout de souffle. Même l’éventualité d’un candidat
issu du Septentrion n’a pas été jugée satisfaisante pour eux. Mais Biya
étant mortel comme tout le monde, la seule perspective que ces messieurs
et dames offrent au pays inéluctablement, n’est faite que de cris et
des larmes pour les kamerunais. Ce qui est inadmissible !
3/ Enfin nous disons à l’Upc que notre pays mérite beaucoup mieux
qu’une perspective aussi macabre. Nous avons des richesses immenses du
Nord au Sud du pays ; des bras et des têtes de qualité, il y a en a
dans toutes nos régions. D’où vient- il donc qu’une bande de mafieux
ayant confisqué l’appareil d’Etat malmène ainsi la nation toute
entière? Pourquoi les accompagner dans une mascarade à laquelle
eux-mêmes s’en foutent royalement ? Pourquoi dilapider tant d’argent et
tant d’énergie au moment où la rentrée scolaire écrase les familles si
démunies et qui n’en peuvent plus ? Même les retraités attendent encore
leur petit pécule du mois d’août bien après la rentrée scolaire ! Où
sont les milliards récupérés de l’opération Epervier dont parlait encore
M. le Vice Premier Ministre lors du même entretien avec Mme Janet
Garvey ?
Le Peuple Kamerunais dans sa large majorité n’est pas dupe ; il ne
s’est pas inscrit sur les listes électorales malgré un forcing indécent,
déployé par tous les moyens. Et il a raison; le vote du 09 Octobre est
inutile ; c’est une escroquerie de plus; son résultat n’engage pas le
Peuple Kamerunais.
Les upécistes véritables, et les patriotes kamerunais n’iront pas voter
le 09 Octobre 2011. Ils continueront à exiger des conditions pour des
élections justes et transparentes dans notre pays. Des élections qui
permettront d’envisager l’avenir de notre pays sous un angle différent,
de concert avec d’autres peuples du monde qui ont conquis le droit à une
alternance démocratique, pour conduire le développement de leur pays et
l’amélioration progressive de leurs conditions de vie. Loin des
tripatouillages ethnico-mystiques et des menaces de milices armées comme
le prétendent Amadou Ali et ses amis. Tous les véritables patriotes
kamerunais et il y en, doivent barrer le chemin à cette gangrène
rampante qui est la vraie menace contre la paix et la concorde entre les
différentes ethnies de notre pays.
«Une information judiciaire» : Jean Michel Nintcheu, député Sdf
En date du 03 septembre 2011, le site wikileaks a rendu public les
confidences du vice premier ministre chargé de la justice Amadou Ali et
celles du ministre d’Etat chargé de l’administration territoriale et de
la décentralisation Marafa Amidou Yaya à l’ex ambassadrice des Etats
Unis au Cameroun Son Excellence Janet Garvey.
Au cours de l’entretien avec la plénipotentiaire américaine, les propos
et les visées tribalistes de monsieur Amadou Ali, les confessions de M.
Marafa Amidou Yaya - qui dit avoir personnellement interdit en 2008 à
Douala les marches de l’opposition contre la modification de la
Constitution tout en avouant qu’il ne croit pas à Elecam et que le
peuple camerounais ne s’inscrit pas sur les listes en raison de ce que
le système électoral est corrompu - ainsi que les révélations du
directeur de l’ANIF - qui précise qu’il n y a que trois ministres non
corrompus dans le gouvernement et indique que M. Biya a admis au cours
d’une conversation que la liste des soixante dossiers transmis par cette
institution a été modifiée par le Garde des sceaux - sont un véritable
coup de tonnerre en ce sens qu’ils traduisent la perversité maléfique
entretenue depuis 29 ans par le régime moribond de M. Biya.
Le contenu des confidences du directeur de l’ANIF et de ces
personnalités sans vergogne dépourvues du moindre esprit républicain a
le mérite de confirmer que le recul trentenaire de notre démocratie
ainsi que les détournements de deniers publics, la corruption,
l’enrichissement illicite et l’impunité ont toujours été entretenus par
des thuriféraires du parti des flammes dont certains sont encore en
fonction.
Vice premier ministre en charge de la justice et membre de droit du
Conseil supérieur de la magistrature, M. Amadou Ali a forcément
influencé la nomination des membres de la Cour suprême. Son acharnement
démentiel contre les Bamilékés, les Bétis autres que M. Biya et les
anglophones constitue la preuve de ce que la victoire à l’élection
présidentielle d’un candidat autre que M. Biya ne pourra jamais être
validée par la Cour suprême dont les membres ont été nommés par le
Président de la République à la suite d’une réunion du Conseil supérieur
de la magistrature. De même que sa haine viscérale contre ces
communautés achève de convaincre l’ensemble des camerounais qu’il a
toujours été un véritable obstacle à la manifestation de la vérité au
cours des procès et que l’opération épervier est incontestablement une
opération à tête chercheuse visant uniquement à écarter à tout prix et à
tous les prix les rivaux politiques.
En raison de l’extrême gravité des déclarations criminelles de M.
Amadou Ali et de M. Marafa Amidou Yaya et compte tenu des renseignements
contenus dans les propos du directeur de l’ANIF qui dit craindre pour
sa vie du fait que M. Amadou Ali menace de signer son arrêt de mort au
cas où il ne se soumet pas à ses desiderata dans la conduite de
l’opération épervier, le SDF Littoral exige :
- La démission immédiate de M. Amadou Ali du gouvernement, à défaut de sa révocation.
- La libération de toutes les personnes détenues depuis le
lancement de l’opération épervier suivie de la reprise de leurs procès
dans des conditions justes et équitables qui garantissent les droits
fondamentaux de la défense inscrits dans le nouveau code de procédure
pénale qui ont été considérablement bafoués pour des raisons désormais
connues.
- L’ouverture par les parquets de la République d’une
information judiciaire contre les sieurs Marafa Amidou Yaya, Edgard
Alain Mebe Ngo’o, Jean Baptiste Bokam ainsi que tous les autres
ministres en fonction en 2007 qui ont été citées comme étant des
prévaricateurs dans les différentes confidences.
Le SDF Littoral prévient que le maintien en poste de M. Amadou Ali
créera et exacerbera de fortes tensions politiques et sociales
incontrôlables qui déstabiliseront à coup sûr les élections
présidentielles prochaines et le pays tout entier.
« Confidences explosives » : Jean Robert Wafo, Sdf Littoral
Les confidences parues dans le site wikileaks sont potentiellement
explosives pour l’unité et la stabilité de l’unité et de l’intégration
nationales. Je suis personnellement scandalisé par ces desseins obscurs
projetés sur notre vivre ensemble. On ne saurait tolérer pour quelque
raison que ce soit que des personnalités de haut rang dont la longévité
au sein du gouvernement est connue de tous les camerounais en viennent à
tenir des propos aussi incendiaires et monstrueux. On a désormais la
preuve par mille que le climat au sein de la classe dirigeante est
malsain depuis des décennies et que les différents gouvernements
respectifs ont toujours été l’épicentre permanent d’intrigues, de coups
bas, de prévarication à haute échelle et de règlements de comptes
politiciens en vue de la succession plutôt que d’être des équipes
soudées dans laquelle on retrouve des ministres qui se mettent en
synergie pour servir le peuple. Puisqu’il est désormais établi que le
principal acteur gouvernemental en charge de la mise en œuvre de
l’opération dite épervier a, pour des raisons personnelles,
considérablement obstrué les instructions judiciaires, la norme
républicaine à la suite de ce qui est désormais une affaire d’Etat,
voudrait que tous les détenus dans le cadre de l’opération épervier dont
les droits ont été démesurément violés au cours des instructions
judiciaires soient libérés quitte à ouvrir de nouveaux procès justes et
équitables. Je suis d’avis que le vice Premier ministre en charge de la
justice et tous ceux qui sont cités dans les confidences comme étant
des détourneurs de deniers publics démissionnent rapidement du
gouvernement. Il serait suicidaire pour le pays qui a pour principal
socle l’unité nationale si chèrement acquise et surtout scandaleux que
le Président de la République s’obstine à maintenir dans l’ossature
gouvernementale des personnes dont les propos et actes sont porteurs de
germes de guerre civile dont nul n’a absolument besoin en cette période
sensible de la vie de la nation. La salubrité publique est plus
qu’urgente au sein de l’élite régnante.
« Cette dérive est d’une gravité extrême » : Victorin Hameni Bieleu
J’ai lu comme tout le monde l’intervention de monsieur Ahamadou Ali à
wikileaks dans laquelle il donne sa vision du pouvoir camerounais sur
les quatre années avenir. Ce qu’il a dit clairement dans sa déposition
et que toute personne avertie peut comprendre facilement, c’est que
l’axe Nord Sud comme les deux seuls pôles de pouvoir ; c’est le Nord pas
le Sud. Le premier président camerounais était du Nord. Il a passé
délibérément le pouvoir un camerounais du Sud. Maintenant Paul Biya va
partir il faut que le pouvoir revienne au Nord. Ainsi les anglophones
bami pour utiliser un terme qui leur est cher sont exclus du pouvoir
Il s’agit là d’une curieuse manière d’appeler la démocratie. Le pouvoir
ne doit pas venir des urnes mais d’une sorte de balance entre des
requins qui s’estiment les détenteurs naturels du pouvoir d’Etat dans
notre pays. Cette dérive est d’une gravité extrême venant de la personne
qui garde les sceaux de la Nation.
Pour ma part, je pense qu’il s’agit d’une illusion qui va s’effondrer
comme un château de cartes dans les années avenir. Ce que les
camerounais et notamment la frange jeune attendent du gouvernement c’est
d’apporter la prospérité et le développement dans ce pays et non
s’enfermer dans des schèmes à conservation du pouvoir qui fait fi de
toute préoccupations du peuple.
« En finir avec cette classe des années 1960 » : Hilaire Nzipan, militant du Mouvement progressiste
Je serai extrêmement désolé si ces propos sont vrais car, nous sommes
des identités communautaires qui ont décidé de constituer un Etat. Dès
lors, les élites doivent se comporter comme appartenant à un Etat et non
à une communauté. Malheureusement, elles répondent beaucoup plus de
leurs communautés. Dans ce cas, il n’y a pas de raison que l’alternance
soit possible à la tête du pays, que la compétence soit la valeur
cardinale dans notre pays. Je dis avec amertume que nous les jeunes
avons beaucoup à faire pour changer cette mentalité. Il faut en finir
avec cette classe des années 1960.
A ceux qui pensent que le grand Nord soutient indéfectiblement le
président Biya, je rappelle qu’il y a plusieurs composantes religieuses,
socioculturelles et politiques. Parler d’une alliance impossible entre
les Nordistes et les Bamilékés c’est rester dans une lecture
symptomatique du contexte de 1992 où des blocs s’étaient exprimés à
travers les élections fort courues. Le nord acquis à l’Undp, le sud
forestier favorable au Rdpc et les « Anglos-Bamis » soutenant le Sdf.
Aujourd’hui ces groupes ont la capacité se projeter de l’avant. Douala
est d’ailleurs le laboratoire de la future scène politique au Cameroun.
C’est la seule ville du pays où il y a des députés bamilékés, des
députés betis, des députés sawas, des députés dualas. Idem pour les
maires. En 1992, Jean Jacques Ekindi avait été élu au poste de
secrétaire général de la coordination alors qu’il était minoritaire du
point de vue de l’ethnie. La recherche des plateformes, même ethniques,
n’est pas un problème en soi, mais il faut des élites d’Etat et non des
élites communautaires.
“Un produit de l’équilibre régional” : Enoh Meyomesse
Je ne suis guère surpris par les vilénies débitées par Ahmadou Ali lors
de son entretien avec l’ambassadeur américain. En fait, cela traduit la
médiocrité et l’étroitesse d’esprit d’un très grand nombre de ces
personnes qui se déclarent en tous lieux pompeusement « grands commis de
l’Etat », tout simplement parce qu’un décret en a fait de grands
personnages dans la République. Et cela provient du fait que, au moment
de l’indépendance, par manque de cadres dans le pays, il fallait parer
au plus pressé. Le Président Ahidjo avait donc instauré cette alchimie
politique de l’équilibre ethnique – au bénéfice de certaines régions -
pour le recrutement des hauts fonctionnaires de différentes catégories.
Des individus fondamentalement médiocres se sont ainsi retrouvés admis à
l’ENAM, puis, sont devenus de grands personnages de l’Etat camerounais
jusqu’à ce jour. Aujourd’hui, les résultats sont là : depuis 51 ans, ces
« petits commis de l’Etat » ont jeté le Cameroun dans la gadoue. Ils
n’ont pas le niveau de leurs responsabilités, voilà la vérité. Dans un
pays normal, un individu tel que cette « excellence », après cette
gourde monumentale, devrait, d’elle-même, présenter sa démission. Mais,
au Cameroun, on ne démissionne pas, d’autant que l’on redoute qu’en le
faisant, un vilain « envahisseur Bami », ou alors un « vaurien Bulu/Beti
» ne s’empare ou ne reprenne le pouvoir…En tout cas, c’est dégueulasse…
« Les eaux sales de l’histoire » : Camille Mboua Massok, président de la Nodyna
Il y a un chanteur africain, du nom d’Aimé Césaire, qui a dit que
lorsqu’un groupe social (moi j’ajoute un groupe politique) se trouve au
niveau de la fin de son parcours, il se transforme en un réceptacle où
convergent toutes les eaux sales de l’histoire. De ce point de vue, et
en faisant un rapprochement avec le Cameroun, vous comprenez que ce que
Amadou Ali a dit au sujet de la succession de Paul Biya, ce sont les
eaux sales de l’histoire. Ça ne m’intéresse plus, ces choses-là. Ce qui
me préoccupe le plus, c’est que le régime de Biya cesse d’être à la tête
du Cameroun et que leur sortie soit moins coûteuse pour eux et pour le
Cameroun. C’est à ce débat-là que je prête le flanc. Mon travail porte
sur les projections vers le futur, et non sur l’actualité
Propos recueillis par Théodore Tchopa
« Des propos contre l’unité nationale » : Alice Nkom, avocate et défenseur des droits de l’homme
Je ne peux que remercier Wikileaks d’avoir mis aux yeux des
Camerounais, et, je l’espère, pour les ouvrir, le vrai visage de ceux
que le Chef de l’Etat a choisi de mettre pendant des décennies à la tête
d’une institution chargée des droits de l’Homme, des libertés et du
développement personnel et économique de ses citoyens !
Quelle vison, quel projet peut-il avoir à cet important poste, pour les
générations futures si les valeurs qui sont les siennes sont si
étriquées, si réductrices, si liberticides, si guerrières, et tellement à
l’opposé de L’UNITE NATIONALE qu’on nous chante tant !
Peut-on concilier tribalisme et unité nationale ? Peut-on répondre aux
impératifs des droits de l’Homme, du développement et du progrès,
lorsque l’on ne voit tout que sous l’angle jubilatoire de la plus
cynique et sauvage répression ?
Peut-on penser à construire un avenir d’épanouissement pour nos
générations futures toutes régions confondues, si dans la tête des
décideurs de ce niveau, les BASSAS, les Douala, et autres lambdas sont
totalement absents, et zappés des préoccupations de ceux qui sont censés
réfléchir pour tous les Camerounais dans la globalité de leurs besoins
légitimes ?
Les propos de notre Ministre de la Justice tenus devant l’Ambassadeur
des Etats-Unis au Cameroun, illustrent, pour l’expliquer encore mieux ,
les tares que je dénonce en ce moment même dans la gestion de
l’Opération Epervier : Michel FOTSO dont tout le monde sait qu’il est
issu d’une mauvaise région ANGLO BAMI- pour reprendre les termes du
Ministre AMADOU ALI – et l’un des plus représentatifs d’une jeunesse
camerounaise prometteuse et épanouie de bâtisseurs , ne peut que subir
les fourches caudines de ce qui semble être une phobie pour le ministre :
il faut donc l’éliminer rapidement avant un éventuel changement à ce
poste occupé depuis trop longtemps, dans le lot des ANGLO BAMI ET DES
BETI/BULUS d’après …BIYA qu’il ne peut supporter….
Alors me vient la question : qui est donc dans le vrai G11 qu’on nous a
dit dangereux pour le pouvoir BIYA, dont on a justifié parfois à grands
frais, l’injuste et illégale incarcération dans le cadre de l’OPERATION
EPERVIER : LIBERER YVES MICHEL FOTSO, embastillé dans ces conditions,
devient un impératif majeur pour stopper immédiatement ce crime d’Etat.
La balle est dans le camp du Président de la République, rien ne
s’oppose plus à ce qu’aujourd’hui largement averti, il revoie ce qui se
passe du côté de ce Ministère de souveraineté et en tire rapidement
toutes les conséquences pour réparer ce qui peut encore l’être afin de
rassurer les électeurs du 9 Octobre prochain….
« La plupart des dirigeants pense ainsi » : Anicet Ekane, candidat à la présidentielle
Les confidences d’Amadou Ali ne me surprennent guère, dans la mesure où
ce dernier partage la même grille de lecture politique avec la plupart
des élites ethno-tribalistes et régionalistes du Cameroun. Bien sûr, il y
a une levée de bouclier aujourd’hui, alors que ces hommes et femmes
pourris et corrompus, du pouvoir comme de l’opposition, pensent
pareillement. Ils lisent la politique au Cameroun comme le colonisateur
français le faisait. C’est ainsi qu’il faut comprendre le concept de «
politik na njangui » de l’ancien premier ministre, Achidi Achu. Les
élites bamilékés demandent aux populations de l’Ouest de voter le Rdpc
si elles veulent bénéficier des faveurs du régime. Lorsque Pierre
Flambeau Ngayap avait été porté au poste de secrétaire général de
l’Undp, Shanda Tomne avait affirmé dans une tribune parue dans le
quotidien Le Messager que M. Bello Bouba avait fait le bon choix, celui
du nombre et de l’argent. John Fru Ndi avait affirmé explicitement qu’un
Bamiléké ne pouvait pas être le secrétaire général du Sdf. il y a une
élite qui caporalise les populations par des pressions religieuses, par
la corruption et par le contrôle du jeu politique. Or cette population
n’adhère pas. Le régime actuel tient grâce aux alliances tacites,
mafieuses entre les différentes élites tribalistes et villageoises qui
se partagent les richesses de la nation.
Le fait que la politique se fasse dans les arrière-boutiques, selon des
critères tribalo-régionalistes, montre bien que le pays est engagé dans
un cercle vicieux. Ce ne sont ni les idées, ni les valeurs, ni les
démarches politico-idéologiques qui priment. On semble nous faire croire
que la situation actuelle est inéluctable et irréversible. Or il y a
l’expérience historique de l’Union des populations du Cameroun (Upc)
jusqu'à son écrasement par les armées française et camerounaise. Au
lendemain de sa création, l’Upc avait ainsi obtenu un soutien massif sur
l’ensemble du territoire. La preuve que le comportement et l’adhésion
des Camerounais peuvent s’opérer sur la base des idées et des valeurs de
démocratie et de liberté.
Propos recueillis par
Assongmo Necdem