Le
discours tenu par le chef de l’Etat au fil des ans semble participer du
souci d’endormir politiquement et socialement cette tranche de la
population. Comme un refrain, Paul Biya met en exergue la paix et les
projets démocratiques à l’actif de ses victoires.
C’est sous le prisme des grandes réalisations que le chef de l’Etat
place désormais son discours à la jeunesse. Dans son traditionnel
message à la jeunesse, le 10 février 2010, Paul Biya laissait encore
entendre que la réalisation des grands projets serait déterminant à
l’épanouissement de la jeunesse camerounaise. Le chef de l’Etat
précisait alors que bon nombre de grands projets seront lancés.
Notamment «dans le domaine de l’énergie : les barrages et les centrales hydroélectriques de Lom Pangar, de Memve’ele, de Mekin et, il faut l’espérer, la centrale à gaz naturel de Kribi. Concernant les infrastructures routières : la remise à niveau de la voirie de nos centres urbains et la construction de nouvelles routes dans la plupart de nos régions. Dans le secteur minier : le démarrage attendu de nos projets.»
Le père des grandes réalisations précise en outre
que, «Pour ce qui est de l’adduction d’eau et la distribution
d’électricité : la poursuite ou la mise en œuvre des travaux déjà
entamés ou prévus. S’agissant des transports : la première phase de
construction du port en eau profonde de Kribi.» Des projets auxquels
s’ajoute la construction des logements sociaux ainsi que «de nouvelles
infrastructures de santé et de constructions scolaires, universitaires
et sportives.» Des projets qui, selon Paul Biya, devraient contribuer à
l’épanouissement des jeunes.
A l’endroit des jeunes, Paul Biya affirme que ce regain d’activité
devrait favoriser l’amélioration des conditions de vie des populations
et celle des jeunes en particulier. Selon Paul Biya, la mise en
musique de ces chantiers est susceptible de créer une demande importante
de la main d’œuvre à différents niveaux de compétences.
Ce qui, selon la même source, offre «des
perspectives favorables en matière d’emploi pourraient ainsi se faire
jour et nous mettre en meilleure situation pour lutter contre le
chômage, mal dont notre jeunesse est hélas la principale victime Il est
un autre facteur qui peut nous inciter à un certain optimisme. La
demande croissante, au niveau mondial, de matières premières d’origine
minérale.» Des promesses ?
«Nous touchons au but»
Les engagements pris par Paul Biya tardent néanmoins à prendre corps.
Pis, le ton conditionné du chef de l’Etat donne toute la mesure du
sérieux accordé par la plus haute autorité de l’Etat à la jeunesse. Au
moment même où des annonces sont faites, le gouvernement ne cache pas
son embarras à réunir les fonds nécessaires pour leur réalisation.
Si la situation est accentuée par la crise monétaire que connaît ses traditionnels bailleurs de fonds, il reste aussi que la mise à disposition des emplois évoqués par le chef de l’Etat bute sur la capacité du gouvernement a imposer à ses partenaires techniques et financiers un quota permettant l’accès des jeunes Camerounais aux emplois générés par les grands chantiers.
Outre la promesse faite par le chef de l’Etat pour l’insertion et l’appui à la jeunesse rurale, l’appui aux micro-activités et entreprises juniors restent un serpent de mer. L’exemple pris sur certain un nombre de pays émergents par Paul Biya pour projeter le développement du Cameroun et l’épanouissement de sa jeunesse paraît comme un exorcisme. Tout laisse croire que le discours récurrent de Paul Biya à la jeunesse contribue a anesthésier politiquement et socialement cette couche de la population qui a mal à son être.
Comme une ritournelle, le véritable projet de Paul Biya pour les jeunes épouse les habitudes politiques de l’homme. Face à la jeunesse le 10 février 2011, le chef de l’Etat disait de nouveau : «Nous qui bénéficions de la paix, de la stabilité et du progrès démocratique, avons désormais toute chance de bâtir ensemble une société juste et solidaire. C’est pourquoi, comme l’an dernier, je vous demande d’avoir confiance en l’avenir, car nous touchons au but.»