Les pro-Gbagbo ne désarment pas
LE FIGARO 08-12-2010
Les pro-Gbagbo ne désarment pas
En Côte d`Ivoire, le locataire du palais présidentiel a formé son gouvernement.
Au palais présidentiel, au centre d`Abidjan, il est maintenant de bon ton de se moquer des critiques. «La républiquette du Golf va bien?» souriait mardi un conseiller de Laurent Gbagbo dans une allusion au nom de l`hôtel où sont réunis les supporteurs du président élu Alassane Ouattara. Sans dire plus. Par-delà les plaisanteries, le ton entre les deux camps demeure tendu, et Gbagbo fait mine de totalement ignorer l`adversité.
Mardi, deux jours après son rival, celui qui ne se fait plus appeler que le «président réélu» a, à son tour, dévoilé son gouvernement. Une cérémonie brève avec un petit discours, une photo de famille, comme si de rien n`était. La composition de l`équipe trahit pourtant les difficultés qui s`accumulent autour de Laurent Gbagbo et son sens de la provocation.
Le premier ministre, Aké Gilbert Marie N`gbo, recteur de l`université de Cocody, est une figure peu connue de la politique ivoirienne. Et, si certains fidèles sont présents, plusieurs ministres manquent de notoriété. Ce n`est pas le cas de Charles Blé Goudé, mais sa célébrité est sulfureuse. Le chef des Patriotes, un groupe d`action proche de la présidence, a mené les heurts à Abidjan au début des années 2000, au plus fort de la crise politique. Une œuvre qui lui a valu le surnom de «Général de la rue» et d`être un temps placé sous sanction par les Nations unies. «La nomination de Blé Goudé est un message qui signifie clairement que Laurent Gbagbo n`entend céder sur rien», glisse un observateur.
Surnommé «le Boulanger»
Dans les couloirs de marbre de la présidence, le choix controversé de Blé Goudé ne suscite d`ailleurs aucun commentaire. «La Côte d`Ivoire est un pays souverain. Elle peut choisir librement ses ministres», s`agace un proche de Laurent Gbagbo. Cette souveraineté avec la légalité de la décision de Conseil constitutionnel sont les deux arguments martelés depuis près d`une semaine par les amis de Laurent Gbagbo pour justifier son maintien au pouvoir. «La France et les États-Unis doivent se ressaisir et comprendre les réalités de l`Afrique d`aujourd`hui. L`Afrique n`est plus prête à obéir à
l`Occident.» Que ce discours emprunt d`anticolonialisme n`explique pas la fronde de la Communauté économique des États d`Afrique de l`Ouest (Cedeao) ne semble pas gêner l`entourage de Gbagbo.
«En fait, nous sommes comme en septembre 2002, au lendemain du putsch raté. Le monde entier était alors contre Laurent Gbagbo. Et on connaît la suite», rappelle-t-il. Comme tous, il espère que les pressions finiront par s`amoindrir. «La coalition internationale se fissure», titrait mardi Notre voix, un quotidien proche du pouvoir. Laurent Gbagbo, que l`on a longtemps appelé «le Boulanger» pour sa capacité à rouler ses adversaires dans la farine, semble encore une fois compter sur les faiblesses humaines et sur celles dela communauté internationale qu`il connaît si bien pour se maintenir.
Zadi Lazar Zaba, lui, est déjà certain de la réussite de son champion. Le patron du Front patriotique ivoirien (FPI) de Yopougon, affiche sa sérénité. «Tout est tranquille. Il n`y a pas de divisions entre nous. L`élection est finie, nous sommes unis», dit-t-il. Les rues sableuses de cette immense banlieue d`Abidjan acquise à Laurent Gbagbo, affichent une allure presque normale. Les forces de l`ordre sont absentes et les attroupements sont rares. «Nous avons la loi et le président. Nous avons aucun intérêt au désordre», résume Zadi Lazar Zaba.
Le calme apparent se brise vite. À quelques dizaines de mètres des murs blancs du siège local du FPI, les militants s`échauffent d`un rien. La presse, accusée de mensonge, est vite prise à partie. Les paroles peu aimables fusent. Quelques menaces aussi. Seuls les plus modérés, comme Ralph, consentent à parler. On évoque «la grande victoire de Gbagbo» et les «traîtrises» de Ouattara et de ses «amis» de l`étranger. «De toute façon, Laurent Gbagbo restera le président de Côte d`Ivoire. La France et les autres ne parviendront jamais à nous imposer un autre président. On est prêt à se battre pour ça.»
Les pro-Gbagbo ne désarment pas
|
Au palais présidentiel, au centre d`Abidjan, il est maintenant de bon ton de se moquer des critiques. «La républiquette du Golf va bien?» souriait mardi un conseiller de Laurent Gbagbo dans une allusion au nom de l`hôtel où sont réunis les supporteurs du président élu Alassane Ouattara. Sans dire plus. Par-delà les plaisanteries, le ton entre les deux camps demeure tendu, et Gbagbo fait mine de totalement ignorer l`adversité.
Mardi, deux jours après son rival, celui qui ne se fait plus appeler que le «président réélu» a, à son tour, dévoilé son gouvernement. Une cérémonie brève avec un petit discours, une photo de famille, comme si de rien n`était. La composition de l`équipe trahit pourtant les difficultés qui s`accumulent autour de Laurent Gbagbo et son sens de la provocation.
Le premier ministre, Aké Gilbert Marie N`gbo, recteur de l`université de Cocody, est une figure peu connue de la politique ivoirienne. Et, si certains fidèles sont présents, plusieurs ministres manquent de notoriété. Ce n`est pas le cas de Charles Blé Goudé, mais sa célébrité est sulfureuse. Le chef des Patriotes, un groupe d`action proche de la présidence, a mené les heurts à Abidjan au début des années 2000, au plus fort de la crise politique. Une œuvre qui lui a valu le surnom de «Général de la rue» et d`être un temps placé sous sanction par les Nations unies. «La nomination de Blé Goudé est un message qui signifie clairement que Laurent Gbagbo n`entend céder sur rien», glisse un observateur.
Surnommé «le Boulanger»
Dans les couloirs de marbre de la présidence, le choix controversé de Blé Goudé ne suscite d`ailleurs aucun commentaire. «La Côte d`Ivoire est un pays souverain. Elle peut choisir librement ses ministres», s`agace un proche de Laurent Gbagbo. Cette souveraineté avec la légalité de la décision de Conseil constitutionnel sont les deux arguments martelés depuis près d`une semaine par les amis de Laurent Gbagbo pour justifier son maintien au pouvoir. «La France et les États-Unis doivent se ressaisir et comprendre les réalités de l`Afrique d`aujourd`hui. L`Afrique n`est plus prête à obéir à
l`Occident.» Que ce discours emprunt d`anticolonialisme n`explique pas la fronde de la Communauté économique des États d`Afrique de l`Ouest (Cedeao) ne semble pas gêner l`entourage de Gbagbo.
«En fait, nous sommes comme en septembre 2002, au lendemain du putsch raté. Le monde entier était alors contre Laurent Gbagbo. Et on connaît la suite», rappelle-t-il. Comme tous, il espère que les pressions finiront par s`amoindrir. «La coalition internationale se fissure», titrait mardi Notre voix, un quotidien proche du pouvoir. Laurent Gbagbo, que l`on a longtemps appelé «le Boulanger» pour sa capacité à rouler ses adversaires dans la farine, semble encore une fois compter sur les faiblesses humaines et sur celles dela communauté internationale qu`il connaît si bien pour se maintenir.
Zadi Lazar Zaba, lui, est déjà certain de la réussite de son champion. Le patron du Front patriotique ivoirien (FPI) de Yopougon, affiche sa sérénité. «Tout est tranquille. Il n`y a pas de divisions entre nous. L`élection est finie, nous sommes unis», dit-t-il. Les rues sableuses de cette immense banlieue d`Abidjan acquise à Laurent Gbagbo, affichent une allure presque normale. Les forces de l`ordre sont absentes et les attroupements sont rares. «Nous avons la loi et le président. Nous avons aucun intérêt au désordre», résume Zadi Lazar Zaba.
Le calme apparent se brise vite. À quelques dizaines de mètres des murs blancs du siège local du FPI, les militants s`échauffent d`un rien. La presse, accusée de mensonge, est vite prise à partie. Les paroles peu aimables fusent. Quelques menaces aussi. Seuls les plus modérés, comme Ralph, consentent à parler. On évoque «la grande victoire de Gbagbo» et les «traîtrises» de Ouattara et de ses «amis» de l`étranger. «De toute façon, Laurent Gbagbo restera le président de Côte d`Ivoire. La France et les autres ne parviendront jamais à nous imposer un autre président. On est prêt à se battre pour ça.»