Les prisonniers du Président: D’Ahidjo à Biya, ces prisonniers politiques qui dérangent
DOUALA - 14 Mai 2012
© Edouard KINGUE | Le Messager
Héritier d'Ahidjo, Biya qui disait apporter le changement dans la continuité, a-t-il perpétué la tradition des prisonniers politiques?
«Prisonnier sans crime», Albert Mukong de regrettée mémoire avait le redoutable privilège d'avoir eu deux illustres geôliers. Le premier, Ahmadou Ahidjo le fit arrêter régulièrement pour des motifs politiques dans les années 60 et 70. Il est incarcéré à plusieurs reprises dans différents centres de détention et effectue notamment un séjour de six ans en prison de 1970 à 1976. Albert Mukong deviendra aussi le prisonnier politique le plus célèbre des premières années du régime Biya. Suite à l'affaire Yondo Black, Albert Mukong est interpellé le 26 février 1990 à Bamenda et conduit à la Bmm de Douala.
A chacun ses prisonniers. Les prisons d'Ahidjo regorgeaient de prisonniers politiques dont les plus célèbres sont: Albert Ndongmo et Ernest Ouandié. Mais bien auparavant, En avril 1964, Mbida Marguerite, âgée de 36 ans, mère de quatre enfants et épouse de l'ancien Premier ministre André-Marie Mbida condamnée à trois ans de prison ferme, va se présenter comme tête de liste du Pdc aux élections législatives d'avril 1964. Les leaders d'opinion camerounais de cette époque sont tous, soit en exil soit en prison. Les résultats de ces élections donnent une victoire massive au Pdc dans ce qui s'appelle alors le Nyong et Sanaga. Cette victoire leur sera confisquée au nom de l'unité nationale et du parti unique en gestation. Les électeurs vont refuser que leur soit volée cette victoire électorale. Le gouvernement camerounais fera descendre la gendarmerie dans les villages et les protestataires seront massivement déportés vers les camps de détention, à Mantoum, Tcholliré et Mokolo.
Conflits internes
De façon inattendue, Ahidjo âgé de 58 ans, qui tient le pays d'une main de fer en ayant réduit à néant la contestation de son régime, si forte au début de son règne, décide, tout d'un coup, de se retirer du pouvoir et de céder sa place à son successeur constitutionnel, Paul Biya, le 4 novembre 1982, officiellement pour raisons de santé. Il quitte l'Unc l'année suivante à cause de conflits internes. En 1985, Ahidjo est accusé à son tour et condamné à mort par contumace après une tentative avortée de coup d'État, le 6 avril 1984, contre le gouvernement Biya
Le 19 janvier 2009, Paul Eric Kingue, l'ancien maire de Njombé Penja est condamné à six ans de prison ferme, suite aux émeutes de la faim pour lesquelles Lapiro de Mbanga a écopé de trois ans de tôle.
Ceux qui ont, «planifié le coup et pris de l'argent auprès des bananeraies du Moungo en termes de centaines de millions s'il vous plaît, aidés en cela par les autorités administratives (préfet et sous-préfet), pensaient que l'interpellation d'un «maire de banlieue» n'aurait aucune répercussion sur la scène nationale, encore moins sur la scène internationale. C'était sans compter avec l'œil éveillé des journalistes camerounais, déterminés à jouer leur rôle à fond dans la construction de notre société» dira Paul Eric Kingue. Il est toujours en prison et est en outre condamné à perpétuité dans une autre affaire sortie de nulle part. Cela s'appelle la technique du rouleau compresseur, expérimentée avec «bonheur» dans les cas Edzoa Titus, Atangana Mebara, Etonde Ekoto et tant d'autres.
Héritier d'Ahidjo, Biya qui disait apporter le changement dans la continuité, a-t-il perpétué la tradition des prisonniers politiques? Ahidjo les jetait en prison sous le prétexte de maintenir l'ordre public et l'unité nationale. Biya dit-on, met à l'ombre ceux qui ont la prétention de lorgner son pouvoir, surtout s'ils sont de son propre camp. En 2010, le Comité Citoyen pour la Libération des Prisonniers politiques au Cameroun soutenait qu'il y a des prisonniers politiques au pays de Paul Biya. Selon le Ccl-Libération, «Edzoa Titus, ancien médecin personnel du président camerounais Paul Biya, candidat déclaré à une élection présidentielle, condamné à 14 ans de prison pour détournement de deniers publics, a déjà passé plus de temps derrière les barreaux. Le Comité Citoyen pour la Libération des Prisonniers Politiques au Cameroun soutient que sa peine étant purgée, Edzoa Titus doit être remis en liberté, et son maintien en prison ne peut se justifier que par des raisons politiques. «De ce fait, Titus entre dans le registre du Ccl-Libération comme Prisonnier Politique.» Son ancien collaborateur, le Français d'origine camerounaise Thierry Michel Atangana, est, aux yeux de la Ccl-Libération, une conséquence collatérale de l'affaire Edzoa Titus. Il a depuis purgé sa peine, et son maintien en prison fait de lui, tout comme Edzoa Titus, un prisonnier politique»
Ils ne sont pas les seuls. Le G11, une nébuleuse qui s'est faite «connaître» au lendemain de l'élection présidentielle de 2004, avait cru comme Marafa Hamidou Yaya, que le président Biya entamait constitutionnellement son dernier mandat. Ils auraient, les accuse-t-on, amassé de grosses fortunes sur le dos de la République, pour préparer l'échéance de 2011. Mal leur en a pris. L'homme-lion a décapité le G11 sans pitié aucune. A l'ombre de la République, ce n'est pas demain la veille du jour où Atangana Mebara, Abah Abah et les autres qui avaient cru au piège de 2004 verront la lumière du jour.
© Edouard KINGUE | Le Messager
Héritier d'Ahidjo, Biya qui disait apporter le changement dans la continuité, a-t-il perpétué la tradition des prisonniers politiques?
«Prisonnier sans crime», Albert Mukong de regrettée mémoire avait le redoutable privilège d'avoir eu deux illustres geôliers. Le premier, Ahmadou Ahidjo le fit arrêter régulièrement pour des motifs politiques dans les années 60 et 70. Il est incarcéré à plusieurs reprises dans différents centres de détention et effectue notamment un séjour de six ans en prison de 1970 à 1976. Albert Mukong deviendra aussi le prisonnier politique le plus célèbre des premières années du régime Biya. Suite à l'affaire Yondo Black, Albert Mukong est interpellé le 26 février 1990 à Bamenda et conduit à la Bmm de Douala.
A chacun ses prisonniers. Les prisons d'Ahidjo regorgeaient de prisonniers politiques dont les plus célèbres sont: Albert Ndongmo et Ernest Ouandié. Mais bien auparavant, En avril 1964, Mbida Marguerite, âgée de 36 ans, mère de quatre enfants et épouse de l'ancien Premier ministre André-Marie Mbida condamnée à trois ans de prison ferme, va se présenter comme tête de liste du Pdc aux élections législatives d'avril 1964. Les leaders d'opinion camerounais de cette époque sont tous, soit en exil soit en prison. Les résultats de ces élections donnent une victoire massive au Pdc dans ce qui s'appelle alors le Nyong et Sanaga. Cette victoire leur sera confisquée au nom de l'unité nationale et du parti unique en gestation. Les électeurs vont refuser que leur soit volée cette victoire électorale. Le gouvernement camerounais fera descendre la gendarmerie dans les villages et les protestataires seront massivement déportés vers les camps de détention, à Mantoum, Tcholliré et Mokolo.
Conflits internes
De façon inattendue, Ahidjo âgé de 58 ans, qui tient le pays d'une main de fer en ayant réduit à néant la contestation de son régime, si forte au début de son règne, décide, tout d'un coup, de se retirer du pouvoir et de céder sa place à son successeur constitutionnel, Paul Biya, le 4 novembre 1982, officiellement pour raisons de santé. Il quitte l'Unc l'année suivante à cause de conflits internes. En 1985, Ahidjo est accusé à son tour et condamné à mort par contumace après une tentative avortée de coup d'État, le 6 avril 1984, contre le gouvernement Biya
Le 19 janvier 2009, Paul Eric Kingue, l'ancien maire de Njombé Penja est condamné à six ans de prison ferme, suite aux émeutes de la faim pour lesquelles Lapiro de Mbanga a écopé de trois ans de tôle.
Ceux qui ont, «planifié le coup et pris de l'argent auprès des bananeraies du Moungo en termes de centaines de millions s'il vous plaît, aidés en cela par les autorités administratives (préfet et sous-préfet), pensaient que l'interpellation d'un «maire de banlieue» n'aurait aucune répercussion sur la scène nationale, encore moins sur la scène internationale. C'était sans compter avec l'œil éveillé des journalistes camerounais, déterminés à jouer leur rôle à fond dans la construction de notre société» dira Paul Eric Kingue. Il est toujours en prison et est en outre condamné à perpétuité dans une autre affaire sortie de nulle part. Cela s'appelle la technique du rouleau compresseur, expérimentée avec «bonheur» dans les cas Edzoa Titus, Atangana Mebara, Etonde Ekoto et tant d'autres.
Héritier d'Ahidjo, Biya qui disait apporter le changement dans la continuité, a-t-il perpétué la tradition des prisonniers politiques? Ahidjo les jetait en prison sous le prétexte de maintenir l'ordre public et l'unité nationale. Biya dit-on, met à l'ombre ceux qui ont la prétention de lorgner son pouvoir, surtout s'ils sont de son propre camp. En 2010, le Comité Citoyen pour la Libération des Prisonniers politiques au Cameroun soutenait qu'il y a des prisonniers politiques au pays de Paul Biya. Selon le Ccl-Libération, «Edzoa Titus, ancien médecin personnel du président camerounais Paul Biya, candidat déclaré à une élection présidentielle, condamné à 14 ans de prison pour détournement de deniers publics, a déjà passé plus de temps derrière les barreaux. Le Comité Citoyen pour la Libération des Prisonniers Politiques au Cameroun soutient que sa peine étant purgée, Edzoa Titus doit être remis en liberté, et son maintien en prison ne peut se justifier que par des raisons politiques. «De ce fait, Titus entre dans le registre du Ccl-Libération comme Prisonnier Politique.» Son ancien collaborateur, le Français d'origine camerounaise Thierry Michel Atangana, est, aux yeux de la Ccl-Libération, une conséquence collatérale de l'affaire Edzoa Titus. Il a depuis purgé sa peine, et son maintien en prison fait de lui, tout comme Edzoa Titus, un prisonnier politique»
Ils ne sont pas les seuls. Le G11, une nébuleuse qui s'est faite «connaître» au lendemain de l'élection présidentielle de 2004, avait cru comme Marafa Hamidou Yaya, que le président Biya entamait constitutionnellement son dernier mandat. Ils auraient, les accuse-t-on, amassé de grosses fortunes sur le dos de la République, pour préparer l'échéance de 2011. Mal leur en a pris. L'homme-lion a décapité le G11 sans pitié aucune. A l'ombre de la République, ce n'est pas demain la veille du jour où Atangana Mebara, Abah Abah et les autres qui avaient cru au piège de 2004 verront la lumière du jour.