Elles attendent ardemment l’installation du nouveau sous-préfet.
C’est une joie immense qui anime en ce moment une bonne frange des populations de l’arrondissement de Touboro, après le limogeage de l’ancien sous-préfet Souley Alim par un décret du président de la République datant du 4 août 2014. Peu après la lecture de son limogeage sur les antennes de la Crtv radio dans son édition du journal parlé de 17 h, c’est une foule en liesse apprend-on, qui est sortie des maisons pour fêter ainsi le départ de celui qui était considéré à leurs yeux comme un bourreau.
Le chef de terre était d’ailleurs appelé «sous-préfet dogari». Le décret sonnant la fin de son règne à Touboro disait qu’il est appelé à d’autres fonctions, sans plus. «Nous avons dansé, nous avons bu et nous attendons le jour de l’installation de son successeur pour fêter davantage», lâche un natif de la ville de Touboro. Pour Sylvain H., un autre fils de l’un des plus vastes arrondissements du Cameroun, le 4 août 2014 restera à jamais gravé dans les esprits des populations. «C’est un homme qui avait tourné le dos aux populations de Touboro pour servir le lamido de Rey-Bouba. Nous sommes très contents de son départ», ajoute pour sa part le frère cadet de Célestin Yandal, écroué à la prison centrale de Garoua depuis le 5 décembre 2013.
Le limogeage de Souley Alim fait suite aux nombreuses plaintes des populations contre cet administrateur civil. Ils reprochaient au sous-préfet viré, son silence devant les exactions commises sur les populations par les dogaris de sa majesté Aboubakary Abdoulaye. «Il avait par exemple été informé de ce que les dogaris préparaient un coup contre la population de Mbang-Rey ainsi qu’à son chef, mais n’avait rien fait pour empêcher les affrontements.
Tout comme les affrontements du 6 novembre 2013 à Touboro. Le dogari avait promis devant le chef de terre de verser le sang et ce sang avait effectivement été versé sans la moindre réaction du sous-préfet», explique un commerçant du coin. Et à un fonctionnaire du coin d’ajouter : «Ce qui est curieux, c’est qu’il a toujours pris le parti des dogaris quand bien même toutes les preuves accablaient ces derniers.
Il ne nous a jamais soutenus. Récemment encore, il avait demandé aux éleveurs Mbororos de ne pas payer la taxe sur le pâturage, mais de verser plutôt la zakat au lamido. Durant son séjour à la tête de l’arrondissement de Touboro, il a carrément tourné le dos à la population pourtant majoritaire, pour soutenir le lamido de Rey-Bouba». On se rappelle que lors des affrontements mortels de Mbang-Rey le 10 janvier 2013, 11 dogaris avaient été arrêtés et jetés à la prison de Tcholliré, tout comme le chef de ce grand village Mamoudou Iya ainsi que 40 jeunes.
Les populations de Touboro ne gardent que de mauvais souvenirs de leur ancien sous-préfet et attendent dans la joie un nouveau chef de terre. «Si le nouveau sous-préfet vient pour travailler avec les populations, alors chacun de nous sera derrière lui pour l’aider dans ses missions. Nous ne sommes pas belliqueux ou des va-en-guerre comme certains peuvent le penser. Nous avons assez souffert par le passé des exactions du lamido de Rey-Bouba et nous ne voulons que notre liberté. Le sous-préfet partant a toujours déclaré qu’il était en mission pour le lamido de Rey.
Nous espérons croire que le nouveau chef de terre sera en mission pour la prospérité et le bonheur des fils et filles de l’arrondissement de Touboro», précise Alim Koumaï, viceprésident du Collectif des jeunes de Touboro pour le développement. Souley Alim a été remplacé à la tête de ce vaste arrondissement par un certain Mamouda Ibrahima, ancien premier adjoint préfectoral du département de la Mvila à Ebolowa, région du Sud.