Les paradoxes fonctionnels de certains membres du gouvernement

Cameroun : Les paradoxes fonctionnels de certains membres du gouvernementLe gouvernement du 9 décembre 2011 a une fois de plus fait ressortir des hommes et femmes qui pour certains viennent jouer leur carte personnel au dépend des objectifs du gouvernement. Les dérapages constatés dans leurs fonctionnements laissent interrogateurs certains citoyens qui se demandent encore ce qu'attend le président de la République pour corriger sa copie. Les résultats sur l'évaluation de la feuille de route ne sont pas encore rendues publics mais beaucoup paieront le tribut de leur incompétence.

PHILEMON YANG : un Pm peut en cacher un autre.
Depuis son arrivée au pouvoir en 1982, Paul Biya nous a usé 7 Premier ministres : Bello Bouba, Ayang Luc, Sadou Hayadou, Achidi Achu, Peter Mafany Musonge, Inoni Ephraim, et aujourd'hui Philemon Yang. Le dernier en poste, Inoni Ephraim a fini en prison. Alors que tous ses prédécesseurs, à l'exception de Bello Bouba, titulaire d'un titre foncier comme ministre d'Etat au gouvernement, coulent des jours paisibles à la retraite ou dans l'antichambre de la République. Peter Mafany, est grand chancelier des Ordres nationaux.

Inoni Ephraim s'est coulé un noeud de pendu avec les affaires d'avions. A force de vouloir démanteler les réseaux Marafa qui contrôlait la Camair de Yves Michel Fotso, il s'est commis PCA de l'APM version camerounaise avec les Otélé Essomba et les Atangana Mebara. Il s'est retrouvé en plein, jusqu'à la calotte, dans l'affaire Albatros. Au fond, il était léger, d'autant plus que ses cousins du village, les Bakweris, lui en voulaient déjà d'avoir vendu des concessions de pêche aux chalutiers chinois pour une bouchée de pain. Une décision qui mettait au chômage les petits pêcheurs de Sud-ouest qui ne pouvaient plus pêcher à armes égales avec les Chinois. Philemon Yang n'est pas différent de son prédécesseur. C'est le même tempérament, et probablement les mêmes défauts. A ce que disent les rapports du ministère des Sports, la liste des accompagnateurs qui encombraient la délégation camerounaise aux JO de Londres portait sa signature. On va lui faire porter le chapeau de la débâcle du Cameroun.

La bourde nous rappelle un de ses prédécesseurs, Simon Achidi Achu, qui s'était servi de quelques millions (102 exactement) sur le compte du " coup de coeur " en faveur des Lions indomptables pour la World Cup USA 94. On a retrouvé la trace dans les livres du Crédit agricole. Ce n'est pas d'avoir trafiqué la liste de la délégation olympique camerounaise qu'on devrait pendre Philemon Yang. On le pendra plus sûrement pour ses légèretés dans ses prises d'intérêts dans la Camair-co. Il est presque établi, rapports d'audit à la clé, que le Premier ministre est le meilleur fossoyeur de la compagnie aérienne. Il s'est fait l'avocat de son " ami " hollandais Alex Van Elk alors que les états de service du directeur général délégué de la compagnie sont pour le moins exécrables, il tient à lui trouver des circonstances atténuantes pour quelque 20 milliards de plus. Philemon Yang est dans les mêmes draps que Inoni Ephraim. Il risque d'y passer comme lui. Yang a hérité du dossier Camair-co lorsque Essimi Menye, l'actuel ministre de l'Agriculture et du Développement rural a été délesté du portefeuille des Finances. Camairco, Essimi Menye en avait fait une affaire personnelle. A force pour Philemon Yang de vouloir récupérer l'affaire… Inoni Ephraim avait eu la même idée que lui pour régler des comptes à Fotso et à Marafa. Un Pm peut en cacher un autre.

Ailleurs, Philemon Yang a mal à son portefeuille. Depuis qu'on lui a collé un certain Louis-Paul Motaze comme secrétaire général de ses services, on sait qui gouverne. Les feuilles de route au gouvernement, tout le monde sait que d'avoir été ministre de l'Economie et de la Planification, Motaze est le professeur qui a inventé les feuilles de route. Sa " Vision " Cameroun 2035 est l'épreuve de base qu'on va soumettre à tous les ministres. Philemon Yang se retrouve dans une posture délicate. Il est chef du gouvernement, il ne daigne pas corriger les copies de son équipe. On va les acheminer à la Présidence de la République. C'est exactement l'histoire du maître de la classe qui, après l'examen, remet les copies de ses élèves à corriger au directeur de l'école. Il est ¨Premier ministre ou le premier des ministres ? Ni l'un ni l'autre : il n'est pas le plus puissant, et il est loin d'être le doyen du gouvernement.

ISSA TCHIROMA BAKARY, Ministre de la Communication : un cafard dans la veste
Cameroun : Les paradoxes fonctionnels de certains membres du gouvernementPaul Biya avait décidé de mettre en place un gouvernement d'ouverture, pour que la démocratie soit plus apaisée encore. Il avait déjà quelques opposants au gouvernement, parmi lesquels un ancien Premier ministre, Bello Bouba Maigari, aujourd'hui ministre d'Etat inamovible, chargé du Tourisme et des Loisirs. N'importe quoi… En plus de lui et de Amadou Moustapha, qui ne jouent que les faire-valoir au gouvernement, il lui fallait aussi un bon pion. On a pensé à Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre des Transports dans les années 90, au moment où le ministre des Transports était PCA du Port, de la Camair et de toutes les entreprises stratégiques ou non du secteur.

Selon Marafa, il ne fallait surtout pas nommer celui-là au gouvernement. Il traînait beaucoup trop de casseroles. Conséquence logique, Paul Biya savait pertinemment que Tchiroma n'était pas tout propre, mais il a tenu à le nommer. Ministre de la Communication et, d'office, porte-parole du gouvernement. Personne n'en voulait, même pas Belinga Eboutou, le directeur du Cabinet Civil qui s'occupe de la communication du Chef de l'Etat. Le DCC n'avait donc pas compris qu'il aurait besoin d'un aide de camp qui servira à gérer les casseroles pourries de la République. Si ça marche, Paul Biya capitalise sur deux tableaux : c'est un opposant qui prend luimême le parti du régime, lequel engrange des points pour sa politique d'ouverture. Si Tchiroma se plante, on a beau jeu de prendre le monde entier à témoin : " vous voyez ces opposants, tous des nuls et des incapables ! ". L'affaire Bibi Ngota, l'affaire de l'enfant de Vanessa, et toutes les histoires à dormir debout, on les a refourguées au ministre opposant.

Jusqu'au jour où il se mêle de distribuer de l'argent de l'aide chiche à la presse à des groupes de presse autrement plus fortunés que le Cameroun et qui n'ont pas besoin de ça. Au nom de la communication d'importation, il fait mieux quand c'est dit par la presse étrangère, française ou britannique, que par des feuilles de choux locales. On paie donc le prix. Même si BBC et France Télévision n'ont rien demandé. Issa Tchiroma n'a rien inventé. Avant lui, pour insulter son camarade de classe Manu Dibango, Ferdinand Oyono, alors ministre  des Finances, payait à coup de millions de pleines pages dans Jeune Afrique pour la besogne. Le saxophoniste était alors taxé de " Vieux escogriffe ". En cela, le ministre de la Communication devra recevoir les félicitations appuyées du gouvernement et de Paul Biya en personne. Mais les choses se gâtent avec les révélations de Marafa Hamidou Yaya. Notre Tchiroma national est l'un des plus gros clients de l'Epervier. Il faut bien qu'il réponde de l'argent du contrat de la Camair passé avec les Sud-Africains, et de ce contrat qui nous valu un crash et un joli paquet de cadavres. Toute érité n'est pas bonne à dire, rétorque le ministre. Mais voilà, aucun argent d'aucun cadavre n'est bon à manger. A Yaoundé, on sait qu'on l'a maintenu au gouvernement pour qu'il ne soit pas difficile à éperonner. Comme cela, Kondengui ne sera pas rempli que de Rdpcistes notoires, ils auront la compagnie d'un opposant bon teint.

AMA TUTU MUNA, Ministre de la Culture et des Arts : Au nom de la séparation absolue des pouvoirs
Cameroun : Les paradoxes fonctionnels de certains membres du gouvernementSavez-vous pourquoi Ama Tutu Muna passe systématiquement outre les décisions de la Cour suprême ? La tendre et belle ministre des Arts a été à la bonne école de ses deux illustres frères avocats, Bernard et Akere Muna. Tous les deux ont été bâtonniers de l'Ordre des avocats. Ils lui ont dit à la maison, au coin d'un bon plat de " achu " comme on l'aime chez les Bamenda, que la séparation des pouvoir en régime républicain veut dire des trois pouvoirs constitués, aucun n'a le droit de se mêler des affaires de l'autre. Et la hiérarchie doit bien être respectée dans l'ordre: exécutif, législatif et judiciaire.

Lorsque, elle, membre de l'exécutif, passe un ordre, le pouvoir judiciaire, fût-il représenté par le président de la Cour suprême, n'a qu'à se tenir à carreau. Quand le pouvoir exécutif (le gouvernement) se mêle des affaires de la justice, on crie au scandale. Qu'est-ce que la Cour suprême a à venir fourrer son nez dans les affaires de la CMC et de la Socam, avec Sam Mbende et Odile Ngaska, alors la gestion du droit d'auteur est de son ressort à elle madame la ministre et qu'il lui revient de prendre ses responsabilités ? Alors, en tant que ministre et membre du gouvernement, elle a décidé. Ce sera la Socam et jamais la Cmc. Quoiqu'en dise la Cour suprême de ses f… Un ministre de la République na besoin de la Cour suprême que lorsqu'il est dans les mailles de l'épervier et qu'il a besoin d'une décision en cassation. Autrement, la Cour suprême d'Alexis Dipanda Mouelle peut aller se faire cuire un oeuf. Sauf que Paul Biya n'aime pas qu'on se paye la tête de son magicien personnel des marmites électorales, celui qui peut rester assis douze heures d'affilée, sans avoir envie d'un tour au petit coin, à lire dix mille procès verbaux sans perdre une octave dans la voix. Dans les rues de Yaoundé, quand on voit passer une Merco noire immatriculée " PCS ", on sait qu'on a affaire à une dignité (pas à un personnage) de la République. Ama Tutu Muna risque de l'apprendre à ses dépens.

© L'Equation : David Serge Behel


06/10/2012
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres