En 2014, on ne devrait logiquement plus avoir de problèmes de tribus, ni de régions. Or, il se pose actuellementcomme un constat. C'est un peu comme si nos frères du septentrion n’étaient pas eux aussi des Camerounais, surtout depuis l’affaire Boko Haram. Pourtant, pendant les périodes dites de braise, on parlait d’Essingan, de La'akam, de Francophones, Anglophones, Bamilékés, des « Anglo-Bamis », des Bétis etc., mais aussi et surtout, de l’axe Nord-Sud, ce pouvoir qui se transmettrait d’un accord tacite entre les gens du Nord et les « Bétis », comme on s’était alors plu à les appeler tous… Mais au Cameroun, il y a aussi des Bassas, Doualas, Bamouns, Batangas, Bakokos etc.
Beaucoup avaient cependant, opté de ne point tomber dans le piège de ces considérations idiotement nombrilistes d’un tribalisme primaire où les vrais amoureux de la paix et les serviteurs, mêmes les plus obscurs des idéaux de ce pays, ne voulaient guère se reconnaître, préférant conjuguer leurs efforts, leurs savoirs, leurs avoirs, leurs différences et leurs nombreuses ressemblances dans la victoire, celle pour l’objectif final, qui serait alors la victoire d’un pays à nouveau gorgé de la lumière de ses nombreuses lumières, sur le règne des ténèbres !
De nombreux étudiants, journalistes, avocats, musiciens, enseignants, chômeurs ont, depuis des décennies, mis leur plume, leur colère, leur savoir ou leur détermination au service de la majorité que constituent les millions de minorités matées par le chantage socio-pyramidal imposé par l’imposture au sommet. Plusieurs sont morts, raclés par les zébrures de l’injustice et de la misère que leur imposent, jusqu’à présent, une brochette de faux-frères unis par les liens d’une parenté étrange et irresponsable.
La meilleure trouvaille pour identifier cette familiale cellulaire qui a pris le Cameroun en otage est de loin à ce jour, la « tribu du ventre ». Car c’est cette tribu angulaire qui est le point commun à certains citoyens d’un Cameroun aujourd’hui méconnaissable. Une tribu parfaitement triangulaire qui dans sa ronde folle au Nord, au Sud, à l’Est ou à l’Ouest, fait danser plusieurs miséreux et quelques élus au rythme d’un Bikutsi endiablé inspiré de Paul Biya.
Pour tenter d’y répliquer, d’autres fils et filles du Cameroun empruntèrent jadis eux aussi, le pas de danse d’un Mangambe frénétiquement retro derrière un certain Ni John Fru Ndi et sa coordination des partis politiques, alors dits de l’opposition. 25 ans après, tout stagne. La tribu du ventre est toujours là. La misère aussi. L’opposition, quant - à elle, semble quasiment épongée…
Grâce à la tribu du ventre, on espérait toutefois que le tribalisme, le vrai, était désormais du lot infecté et infect du pain rassis. Or, que voit-on ? Depuis quelques temps, des évènements déplorables surviennent dans l’Extrême-Nord : famine, coupeurs de route, sécheresse, inondations, choléra et bien sûr, Boko Haram. Une secte qui sévit. Où est donc passée la tribu du ventre ? Où est l’apport musclé de ses citoyens aux poches lestées de milliards, tous ces Camerounais qui se prétendent épris de paix et de patriotisme quand ils craignent pour « leurs » avoirs?
Même l’opposition a déclaré forfait. On ne voit personne ! Ni les partis politiques, ni… personne ! C’est à peine si quelques communiqués creux et pompeux atterrissent dans des salles de rédactions, pour ceux qui veulent s’offrir un coup de pub… Le silence des élites donne l’impression que Boko Haram est l’affaire du seul Nord et des Nordistes. Comme si le septentrion se trouvait désormais à l’autre bout de la terre. C’est, en tout cas, mon humble avis. Jusqu’au jour où on se rendra compte que d’autres Camerounais se font tuer ou enlever à Douala, Yaoundé, Kribi, Bamenda, Bafoussam Ntarikon, M’vomeka’a etc., contre de fortes demandes de rançon.
C’est alors, mais il sera peut-être hélàs ! déjà trop tard, que certains se rendront compte que ce pays appartient à tous, et que même si la tribu du ventre s’empiffre de nos richesses qu’on vole sans vergogne, ce sont les Camerounais des 04 coins du pays, plus nombreux, qui courent dans tous les cas de figure, le plus grand danger, avec le risque de payer les pots cassés pour régler la sanglante facture de la rupture.