Les Gens: Pr Claude Abé met à nu la politique camerounaise

Douala - 25 Novembre 2011
© Adeline TCHOUAKAK | Le Messager

Il était l'invité du «club du mardi», mardi 22 novembre 2011, à l'institut français de Douala. Dans une critique acerbe, l'homme de science passe en revue presque tous les aspects de l'actualité politique au Cameroun. D'abord la corruption sur laquelle le régime en place s'est bâti «parce qu'il aide les gens à se corrompre pour mieux se tenir et donner l'impression d'une redistribution», l'opération épervier n'est qu'une «cosmétique politique»

«Bonne gouvernance et transition politique en Afrique». C'est le thème qui a guidé l'intervention du professeur Claude Abe ce jour-là dans le cadre du rendez-vous mensuel du Club du mardi. Un entretien qui s'est voulu davantage un échange entre cet enseignant d'université et participants, qu'un cours magistral dans un amphithéâtre. Dans une critique acerbe, l'homme de science passe en revue presque tous les aspects de l'actualité politique au Cameroun. D'abord la corruption sur laquelle le régime en place s'est bâti «parce qu'il aide les gens à se corrompre pour mieux se tenir et donner l'impression d'une redistribution». Pour lui, l'opération épervier n'est qu'une «cosmétique politique» pour reprendre les propos d'Achille Mbembe. Mieux, une machination au service du régime en place «si elle était vraiment crédible, elle devrait poursuivre les leaders des partis politiques sur leur gestion, les responsables de la société civile sur les comptes des subventions qu'ils reçoivent ailleurs au nom des Camerounais...C'est en fait une conséquence de la non observance des principes démocratiques. Et les gens continuent à voler royalement».

Claude Abe traite la commission nationale de lutte contre la corruption qui vient de produire un rapport accablant certaines grosses légumes, d'un «gros machin vide de sens». Pour lui, elle doit exister de façon juridique dans la constitution pour exercer en toute indépendance. La Conac devrait en son sens, saisir le scrutin du 9 octobre dernier pour ouvrir une enquête sur le financement de la campagne de chaque parti politique et ce qu'il a fait de ce qu'il a reçu. «On a constaté que l'argent est finalement le maître mot en politique au Cameroun en lieu et place des idées, des projets de sociétés...situation qui n'est pas de nature à favoriser une transition politique», fulmine-t-il.

L'universitaire ne tire pas moins sur la fédération camerounaise de football qui, de son avis, est un groupe d'amis fait de fossoyeurs qui exercent en toute impunité. La fausse rhétorique de la paix et le fameux concept d'équilibre régional sont des machinations savamment orchestrées par le «régime totalitaire en place qui consiste à maintenir le peuple dans une peur permanente».

Il faut que cela cesse. Et pour aller au ciel, il faut inévitablement mourir. Mieux, pour espérer le changement, il faut que le peuple prenne ses responsabilités en main, «pas nécessairement en allant dans la rue», tempère-t-il.

Une véritable socialisation s'impose pour Claude Abe pour espérer une véritable transition démocratique au Cameroun et dans certains pays africains. Elle passe par l'éducation «cultiver le peuple de la démocratie, leur apprendre la citoyenneté active et passive pour leur redonner goût à la chose politique». Idem pour l'institutionnelle. Les autorités administratives doivent tuer le vieil homme qui est en eux pour s'approprier la bonne gouvernance. Bref respecter les principes démocratiques pour une bonne gouvernance et une transition politique au Cameroun.


27/11/2011
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