Instituts de médecine fermés. Ils rappellent que l'Etat a donné des autorisations d'ouverture aux établissements aujourd’hui interdits. Emmanuel Ngo'o, le président du Cercle de réflexion et d'action pour le développement du Sud (Crades), promoteur de l'université de l'Equateur dont la Faculté de médecine vient d'être fermée par la Commission nationale de la formation médicale, pharmaceutique et odontostomatologique du Cameroun, lance un appel à Paul Biya pour qu'il "trouve une solution à cette tentative d'installation au Cameroun des éléments qui amènent souvent à la déstabilisation et au désordre social sous d'autres cieux".
Emmanuel Ngo'o s'indigne : "Le Cameroun avant 1963 avait-il de beaux bâtiments, de belles routes, des laboratoires, des hôpitaux dignes de ce nom, des ressources humaines de qualité et j'en passe ? Tout le monde connaît les débuts de l'université de Yaoundé, la naissance du Cuss. Avait-il les moyens dont on parle aujourd'hui ? On se pose aussi la question de savoir si les médecins formés au Cameroun actuellement dans les facultés agréées ont le même confort que ceux formés en Europe et aux Etats-Unis, et pourtant, ils soignent les Camerounais". Le président du Crades propose trois mesures qui, à son avis, constitueraient une sortie de crise.
L'accompagnement de l'Etat pour la formation, à travers un appui suivi-formation, à travers des contrôles permanents et un examen final au bout de la sixième année pour toutes les facultés afin de savoir qui peut être médecin ou pas. On pourrait donc savoir, affirme-t-il, qui forme les meilleurs médecins du Cameroun.
Les membres de l'Ordre dispensent les cours
A l'université protestante Edwin Cozzens d'Elat dont la filière de formation en médecine a subi le même sort, l'on est tout aussi préoccupé. Le révérend Jean Pierre Bitjocka, directeur de la communication, revient ici sur l’accueil de cette mesure : "Notre première réaction était de nous approcher du ministère de l'Enseignement supérieur, par le canal de notre recteur, afin d'avoir toutes les informations nécessaires, parce que nous avons noté qu'au fil du temps, les informations fusaient de part et d'autre, parfois contradictoires". Le pasteur ajoute : "La deuxième réaction après le retour du recteur était de toucher le président du conseil d'administration afin qu'un conseil soit convoqué". Toujours d'après le directeur de la communication de l'Upec, " le conseil d'administration s'est tenu mardi, 07 août 2013, et les deux principales décisions étaient, premièrement, de former une délégation qui a rencontré le ministre de l'Enseignement supérieur mardi, 06 août 2013, avec un certain nombre de documentations.
Deuxième point, mettre sur pied un comité de gestion d'urgence qui va dans un bref délai, réparer les points que le Minesup avait relevé comme manquements, à savoir: l'équipement du laboratoire, et relever le plateau technique de l'hôpital d'Enongal qui est notre hôpital d'application".
Le désarroi est grand chez les étudiants plongés dans l’incertitude.
Armand Ezema Obame, étudiant en troisième année médecine à l'université de l'Equateur, secrétaire général de l'association
des étudiants, fulmine : " En tant qu'étudiant étranger, je paie
1.000.000 Fcfa de pension par an et mes parents ne sont même pas au
courant de cette situation de fermeture". Inconsolable, il ajoute : "Ce
qui nous choque, c'est que les mesures prises ne sont ni objectives, ni
exhaustives Si l'on veut contrôler la qualité maintenant, il suffit de
maintenir ceux qui sont dans le circuit actuellement, jusqu'à ce qu'ils
soient jugés aptes à recevoir un doctorat en médecine. De même, il
faudrait plutôt accréditer les formateurs, même par un examen comme cela
se fait ailleurs". Pour conclure, Armand Ezema Obame s'interroge :
"Pourquoi les médecins, membres de l'Ordre national n'ont-ils pas refusé
de dispenser des cours dans ces instituts ? ".
On a les mêmes enseignants, les mêmes centres de santé pour les stages cliniques, les mêmes hôpitaux d'application".Nos enfants dans les instituts reconnus Bonong née Ngo Mbogba, chef du centre social de Yaoundé 6 et parent d’un étudiant victime de cette mesure, ne se retient pas : "C'est une grande déception pour nous les parents, parce que c'est l'Etat qui donne les autorisations d'ouverture à ces établissements et nous les parents nous orientons nos enfants dans les instituts reconnus par l'Etat". L'assistante sociale continue: "Nous nous sommes privés de tout pour financer la formation de nos enfants, il faut que l'Etat trouve une solution rapide et meilleure pour les enfants parce que c'est l'avenir du Cameroun". 436 étudiants sont inscrits à l'université Edwin Cozzens d'Elat à Ebolowa où la pension qui oscille entre 700.000 FCfa et 1.000.000 FCfa selon les niveaux.
A l'université de l'Equateur dans la même ville, ils sont au moins 230 et payent un peu plus cher. 852.000 FCfa pour les nationaux et plus d'un million pour les étrangers.