Après les moments d’engourdissement, d’embarras et d’hésitation causés par la surprise et la fièvre des révélations des lettres ouvertes de M. Marafa au sujet de la nomenklatura au pouvoir, M. Fame Ndongo est descendu dans l’arène dernièrement pour jeter la première pierre qui devait déclencher l’indécente et impitoyable opération de lapidation à laquelle nous avons assisté ces derniers jours. La réponse de M. Fame Ndongo nous intéresse à plus d’un titre : il est professeur d’université, intellectuel organique de haut vol, ministre de l’enseignement supérieur depuis près d’une dizaine d’années, et surtout, Secrétaire à la Communication du Comité Central du RDPC au pouvoir.
C’est donc l’une des rares personnalités dont les
avis comptent au sein du régime et c’est pourquoi, à la veille de la
descente des personnes ressources sur le terrain pour vilipender leur
camarade d’hier sous le fallacieux prétexte d’expliquer le nouveau Code
électoral, il publie sa réaction dans l’Action, le Journal de son parti,
comme le bréviaire donnant l’angle d’attaque et l’essentiel des
arguments à utiliser pour assommer le sauveur d’hier devenu une calamité
et une paria qu’il faut ridiculiser en vue de diluer ses capacités de
nuisance et de faire l’impasse sur ses versets sataniques qui jonchent
désormais les salles de rédaction et qui meublent des discussions
passionnés à tous les coins des rues dans nos villes et villages.
Pour donner le ton, la réaction du brillant sémioticien s’ouvre sur la
raillerie de la vocation littéraire tardive de M. Marafa et répand à des
kilomètres à la ronde une odeur pestilentielle de dérision, de mépris,
de persiflage et d’ironie et d’ingratitude. Mais il semble que dans
l’empressement d’accabler et d’enterrer au plus vite celui-là qui hier
encore faisait la pluie et le beau temps dans les arcanes du pouvoir et
régnait en maître incontesté dans l’univers de la fraude électorale et
de l’illusion des urnes, la plupart des mots et expressions du
Professeur ont précédé sa pensée, créant ainsi dans la forme et le fond
des effets boomerang que nous essaierons de débusquer, en sondant les
entrailles brumeuses de ce texte ampoulé et ésotérique dont la lecture
aride affole, rebute et éloigne le lecteur profane. D’entrée de jeu, une
question se pose :
RDPC, PARTI TOTALITAIRE HEGEMONIQUE ET MINORITAIRE ? A QUI S’ADRESSE-T-IL ?
Le ministre de l’enseignement supérieur a raison de trouver la prose de
M. Marafa « rigide, sèche, voire arithmétique » puisque nous découvrons
que la sienne, pour garder le même registre, est absconse, emphatique,
occulte, voire cabalistique, ce qui nous rend perplexe sur la véritable
identité de ses destinataires.
A qui M. Fame Ndongo s’adresse-t-il ? Publiée dans l’Action et signée
du Secrétaire à la communication du Comité Central du RDPC, il ne fait
aucun doute qu’elle s’adresse aux militants de son parti, tous férus de
littérature et véritables rats de bibliothèques pour qui des écrivains
tels que « Pierre Choderlos de Laclos, Jean-Jacques Rousseau, Madame
Marie de Rabutin Chantal, Marquise de Sévigné, Maurice Duverger, Blaise
Pascal etc. n’ont plus de secret et qui, dans leurs conversations
quotidiennes emploient des mots et expressions tels que « éberlué,
célébrissime, euphémisme, dragée haute, vitupérer, machiavélique,
année-lumière, manichéisme, plaidoyer pro domo, de jure, de facto,
apodictique et d’autres trouvailles du même tonneau !
Si tel est le cas, il y a tout lieu de se demander quels sont la
nationalité, l’âge et le nombre de ces militants, étant donné que les
auteurs et les ouvrages qu’il cite sont supprimés des programmes
scolaires camerounais depuis plus de trente ans ! Vaut-il la peine de
souligner que de toute la dizaine d’auteurs cités dans son texte, le
seul Africain connu de M. Fame Ndongo est le Président Biya, dont le
messianique ouvrage « Pour le Libéralisme Communautaire », en trente
années de règne sans partage, a sorti le Cameroun de la féodalité et de
la barbarie de l’intolérance et des répressions contre la subversion
pour le hisser au rang des nations les plus civilisées et les plus
démocratiques du monde !
En un mot comme en mille, le style de cette lettre montre à suffisance
que le RDPC, contrairement aux rodomontades de ses thuriféraires, n’est
pas un parti de masses, mais un parti minoritaire, constitué d’une
poignée d’élites voraces et prédatrices que le célébrant perpétuel, «
discrétionnairement coopte, et hisse politiquement au firmament (sic) ».
Ceci ne surprend guère, car parti totalitaire, le RDPC reste fidèle à
cette idéologie caractéristique qui considère que la majorité des
Camerounais sont des citoyens de seconde classe, des êtres inférieurs
dont la seule chance de survie est de se laisser endoctriner pour servir
une petite élite qui possède la vérité. On laisse enfin échapper que
les 90% de votes favorables au RDPC que l’on nous présente à toutes les
élections sont des chiffres fictifs concoctés dans des laboratoires
mystiques dont M. Marafa qu’on voue aujourd’hui aux gémonies était l’un
des principaux initiés. Qu’est-ce qu’on reproche en fait à Marafa ?
LA VIOLATION DE L’OBLIGATION DE RESERVE OU DE DISCRETION ?
Je dois avouer que je suis surpris d’entendre
qu’un militant du RDPC accuse un de ses camarades d’avoir violé «
l’obligation de réserve » qui est plutôt un sport national dans ce parti
et dont la pratique est quotidienne depuis la création de l’UC dont il
n’est qu’un avatar. Conformément à l’article 40 du Statut Général de la
Fonction Publique de 1994, violer l’obligation de réserve consiste à «
exprimer publiquement ses opinions politiques, philosophiques,
religieuses ou syndicales ou de ne servir qu’en fonction d’elle. »
L’obligation de réserve a pour objectif de protéger la neutralité de
l’Administration. Il fallait rappeler Marafa à l’ordre quand, arborant
la tenue du RDPC, lui et toute l’Administration, désertant les services
publics, sillonnaient le pays avec les ressources humaines, logistiques
et financières de l’Etat pour servir une cause partisane en battant
campagne pour le RDPC.
Au Cameroun, nous voyons des fonctionnaires se rendre régulièrement au
travail en tenue du RDPC comme pour faire preuve de leur allégeance ou
de leur loyauté, et des usagers se présenter devant des bureaux de
ministères dans ces tenues, comme pour exiger un traitement de faveur,
sans que cela ne soulève la moindre indignation! M. Fame Ndongo lui-même
n’a jamais respecté cette obligation de réserve, lui qui, dans un
subtil abus d’autorité mêlé de clientélisme, a très souvent poussé
l’excès de zèle jusqu’à l’engagement des institutions universitaires
dans la signature des motions de soutien à la gloire de son très vénéré
mentor. Mais aussi longtemps que ces écarts leur rendaient service, lui
et les siens n’y voyaient aucun problème et pouvaient, sans état d’âme,
se passer de la norme!
Aujourd’hui, quand leurs intérêts se sont trouvés menacés, dans la
précipitation, le Professeur a confondu l’obligation de réserve avec
l’obligation de discrétion, tout comme il a confondu une adresse aux
communs des mortels avec un discours inaugural devant l’Académie
française ! En effet, ce que M. Marafa viole, ce n’est pas l’obligation
de réserve, mais l’obligation de discrétion.
L’obligation de discrétion, telle que définie à l’article 41 du Statut
Général de la Fonction Publique, consiste à divulguer des informations
ou des documents sensibles dont on a eu connaissance dans l’exercice ou à
l’occasion de l’exercice de ses fonctions. Son objectif est de protéger
des secrets professionnels ou d’Etat.
En tout état de cause, que ce soit la violation de l’obligation de
réserve qui ne peut le mener que devant le Conseil de discipline de la
Fonction publique ou de discrétion qui peut le conduire devant la
Correctionnelle, M. Marafa n’en a cure, parce qu’il sait qu’il n’a plus
rien à attendre ni du RDPC, ni de l’Administration, ni de l’Etat. Toute
sa carrière est désormais derrière lui. Il sait mieux que quiconque que
l’Opération Epervier, c’est le lit de Procuste.
Quand on vous y amène, vous devrez à tout prix épouser ses dimensions:
si vos jambes débordent, on vous les coupe et si vous êtes trop court,
on vous étire ! Quand M. Issa Tchiroma disait des prévenus de cette
Opération que lorsqu’on est coupable ( !), on doit accepter de se
présenter devant le juge, il ne s’agissait pas d’un lapsus! M. Marafa «
vit » désormais dans un univers kafkaïen (donc absurde) où il vient de
basculer sans espoir de retour. En homme d’honneur, il ne veut pas se
laisser aller à la déchéance ; il veut donner un sens à sa nouvelle vie.
Mais nous sommes au regret de relever que dans la tête du Secrétaire à
la Communication du Comité Central du RDPC, les choses ne sont pas aussi
claires qu’il veut nous le faire avaler. Comment peut-il à la fois
reprocher à M. Marafa de violer l’obligation de réserve/discrétion, le
menacer d’auto-exclusion du Parti (comme quoi l’art. 9 du RDPC n’est pas
si éloigné du fameux 8.2 du SDF !) et reconnaître à la fois que «
c’est son droit le plus élémentaire de déféquer(sic) encore davantage
sur celui qui le nomma ministre d’Etat et le coopta à 44 ans au Bureau
Politique(…), le Cameroun étant un Etat de droit, une démocratie
plurielle où il n’est plus besoin de prendre le maquis pour exprimer ses
idées »? A-t-il brusquement oublié ce principe aristotélicien du tiers
exclu dont il est si friand et qu’il opposait tantôt à Marafa dans son
épître ?
Quant au plaidoyer pro domo de Marafa, s’il ne constituait comme on le
prétend qu’une violation de l’obligation de discrétion, il ne saurait
être « ni une opinion, essentiellement relative, voire subjective, ni se
situer à des années-lumière de la vérité », puisqu’il ne s’agirait donc
que de la divulgation de faits, d’informations ou de documents
sensibles dont il a eu connaissance dans l’exercice ou à l’occasion de
l’exercice de ses fonctions et qui en aucun cas ne sauraient être
l’opinion du fonctionnaire qui les traite !
Et s’il ne s’agissait encore que d’un divertissement au sens pascalien
du terme, le gouvernement ne se démènerait pas tant pour faire tarir la
source desdites « Lettres », les journalistes et les média qui les
publient ne subiraient pas autant de pressions, d’intimidations et de
menaces diverses, M. Issa Tchiroma, porte-parole du gouvernement, ne
conseillerait pas de les froisser et de les jeter dans la poubelle parce
que «toute vérité n’est pas bonne à dire, la Commission d’enquête
parlementaire proposée à ce sujet n’aurait pas été rejetée par le vote
commandité des députés du RDPC et enfin, M. Marafa lui-même ne ferait
pas l’objet d’autant de tirs croisés des défenseurs autoproclamés d’un
Prince hautain et distant qui reste étrangement indifférent face à
l’onde de choc qui traverse son pays.
Donc, malgré la sérénité factice que clame à tout à tout va l’équipage
du bateau ivre, on se rend malheureusement bien compte qu’il y a péril
en la demeure et qu’à bord, il y a une panique qui ne réussit plus à se
faire discrète !
M. Marafa est aussi accusé « de se démarquer du RDPC pour lequel il a
battu campagne pendant de longues années » et du Président de la
République dont « il a toujours approuvé les résolutions de politique
générale, de politique économique et financière et de politique sociale
et culturelle inhérentes aux différents congrès ordinaires et
extraordinaires du RDPC depuis une vingtaine d’années, y compris le
Congrès ordinaire de 2011 dont il était l’un des membres de la
Commission de politique générale ».
Ce comportement est d’autant plus inadmissible « que le camarade Marafa a
toujours scrupuleusement appliqué, la politique définie par le
Président de la République, sans que la moindre disjonction politique ne
soit rendue publique entre celui qui l’a nommé par décret cinq fois à
des postes on ne plus sensibles ».
M. le Secrétaire à la communication a la mémoire sélective et on le
comprend. Si M. Marafa dans sa prose « s’inscrit dans la logique du
désamour et de la terreur amoureuse » comme il l’a relevé, on se rend
compte que dans la sienne il s’inscrit dans celle de la passion
hystérique et dévorante, voire de l’idolâtrie. C’est pour cela qu’il ne
peut concevoir de son champion que « l’image d’un chef d’Etat qui
conduit une politique de rassemblement, de concorde et de démocratie
apaisée, d’un homme d'Etat pondéré, apôtre inoxydable du débat d’idées,
sage, perspicace, patriote, démocrate, précieux gisement de diplomatie,
de finesse, de patience… », bref l’incarnation de Dieu sur terre !
Les mots-clé du totalitarisme ne sont-ils pas « croire, obéir et
combattre » pour le leader omnipotent dépositaire d’un pouvoir
spirituel et temporel ? Les Camerounais, j’en suis sûr, ont eu du mal à
croire que nous vivons dans le même pays et que ce portrait idyllique et
psychédélique qui ne peut procéder que d’un coup de foudre renvoie à
cet homme qu’ils connaissent tous depuis des lustres et qui a mis près
de 22 ans au pouvoir avant de se compte qu’il pouvait avoir des
ambitions.
Aveuglé par cette passion quasi-pathologique, il ne vient jamais à
l’esprit du ministre que tout ce qu’il reproche à M. Marafa peut être
retourné point pour point contre son champion. Il a opportunément oublié
que M. Biya, entré au gouvernement en 1962, « avait toujours
scrupuleusement appliqué la politique définie par le Président de la
République d’alors sans que la moindre disjonction politique ne soit
rendue publique entre celui qui l’avait nommé par décret à des postes on
ne peut plus sensibles », y compris la politique de la répression de la
subversion qui sema la terreur dans de nombreuses familles
camerounaises, jusqu’à ce jour où M. Ahidjo, après avoir taillé sur
mesure la constitution pour faire de lui le successeur constitutionnel,
démissionna, lui confia le trône et fit le tour du pays pour le faire
accepter.
M. Biya, malgré tout ce qu’on veut nous faire accroire, n’est pas ce
Moïse qui tombe du ciel un jour de grâce de l’an 1982 comme un deus ex
machina, avec une virginité politique avérée, pour conduire le Cameroun à
la Terre Promise. Resté sans interruption au gouvernement de 1962 à ce
jour, il est tributaire de son passé politique qui lui colle à la peau
et peut être considéré comme co-responsable de tous les actes
répréhensibles de M. Ahidjo dont il a été le principal collaborateur
pendant de très longues années et dont il est devenu discrétionnairement
l’héritier.
En Afrique, le successeur choisi est toujours l’enfant qui ressemble le
plus à son géniteur: physiquement, idéologiquement, spirituellement,
moralement. Un successeur est celui qui doit parachever l’œuvre
commencée par le défunt. C’est un continuateur et non un homme de
rupture. C’est pourquoi une fois au pouvoir, M. Biya assume cette
attente en déclarant : « Mon illustre prédécesseur n’a jamais failli et
moi, je ne faillirai point ».
Au congrès de Bamenda, quand son entourage lui conseille de créer son
propre parti pour rompre le cordon ombilical et tourner la page, il
s’oppose à un tel parricide, change le nom de l’UNC existante, mais en
reconduit l’idéologie, le personnel et le patrimoine. Le RDPC ne sera
donc jamais rien d’autre que l’UC et l’UNC réunies sous un nouvel
emballage et le terme « Rassemblement » ne cessera d’incarner la phobie
du pluralisme en renvoyant à cette incongruité qui enseignait que l’UNC
n’était pas un parti unique, mais un parti unifié ! Normal, car
lorsqu’on change de nom, on ne change ni d’âge, ni de physique, ni de
caractère !
SEPARATION DES POUVOIRS ET JUSTICE INDEPENDATE ?
En prenant quelques échantillons-alibi, M. Fame Ndongo essaie de nous
persuader que M. Marafa n’est aucunement un prisonnier politique, mais
un simple détenu de droit commun qui s’est malencontreusement fait
prendre dans les mailles d’une opération d’assainissement tendant à
séparer le bon grain de l’ivraie. Mais quand dans son brûlot il relève
que ce dernier « s’est démarqué du RDPC en présentant aux Camerounais un
projet de société autre que celui du Président national et a préféré
une politique conflictuelle et haineuse, en n’hésitant pas à tenir la
dragée haute au Président de la République, quitte à transgresser le
devoir de réserve (…) et à vitupérer celui qui, discrétionnairement, l’a
hissé au firmament il y a 20 ans », les Camerounais sont perplexes.
Que viennent faire des mentions telles que« se démarquer du RDPC,
présenter un projet de société autre que celui du président national, le
vitupérer, lui tenir la dragée haute » dans un dossier où on
s’attendait à autre chose, si au fond ce ne sont pas les véritables
crimes de lèse-majesté qui mettent Marafa dans de sales draps et le
conduisent devant le lit de Procuste de la Justice camerounaise sous le
couvert de deniers publics qu’il aurait détournés quelque dix ans
auparavant et dont la révélation n’avait jusqu’ici en rien compromis son
ascension administrative et politique à tel point qu’il ait encore eu
l’honneur de représenter le Chef de l’Etat au Congrès de l’ANC en
Afrique du Sud un mois avant son arrestation ?
M. Fame Ndongo nous rappelle avec emphase que le camarade Marafa
Hamidou Yaya est membre du RDPC, du Comité Central et du Bureau
Politique et que jusqu’à la preuve du contraire, il est considéré comme
l’un des leurs, à part entière ! Tout comme tous ces autres hauts
cadres du RDPC qui ont mis le pays en faillite, qui sont en prison
depuis plus d’une décennie, mais qui sont toujours aux postes qu’ils
occupaient quand ils étaient encore en odeur de sainteté ! S’il était
simplement question de séparer le bon grain de l’ivraie, le Président de
la République aurait commencé par « désinfecter » le RDPC, ces écuries
d’Augias jamais nettoyées depuis trente ans, et qui lui fournissent
l’essentiel de son personnel politique et administratif.
Quelle leçon le RDPC donne-t-il aux Camerounais quand en son sein règne
cette impunité qui conserve les dents cariées à côté des dents saines,
si ce n’est une volonté affichée de pourrir toute la bouche ?
M. Biya est-il reste-t-il toujours président d’un parti politique qui
continue à garder en son sein et dans ses instances dirigeantes des gens
qu’il a mis en quarantaine pour protéger la société et le pays ?
Comment ces prévaricateurs peuvent-ils salir l’Etat sans salir leur
parti ?
L’opinion s’étonne et s’interroge sur la sincérité et la neutralité d’un
tel ménage qui ne commence pas à domicile. M. Fame Ndongo a beau
s’escrimer pour nous convaincre que nous sommes dans un Etat de droit où
il y a séparation de pouvoirs et où la Justice est indépendante et
impartiale, mais quand nous voyons Paul Eric Kingué condamné à vie pour
un prétendu détournement de dix millions de francs alors que des gens
convaincus d’avoir distrait des milliards ne sont condamnés qu’à de
peines symboliques; lorsque nous voyons la mise sur pied d’un Tribunal
spécial pouvant libérer des détourneurs qui acceptent de rembourser tout
ou partie de leurs butins alors que la seule tentative de détournement
est passible de peine d’emprisonnement, ou que de petits voleurs de
bonbons ou de portables vont croupir en prison même après remboursement,
nous ne pouvons nous empêcher de nous demander : « dans quel pays
sommes-nous et qui jugera le juge » ?