Les effets Boomerang de la lettre de M. Fame Ndongo à son camarade Marafa Hamidou Yaya

Les effets Boomerang de la lettre de M. Fame Ndongo à son camarade Marafa Hamidou Yaya

Jean Takoungang:Camer.beAprès les moments d’engourdissement, d’embarras et d’hésitation causés par la surprise et la fièvre des révélations des lettres ouvertes de M. Marafa au sujet de la nomenklatura au pouvoir, M. Fame Ndongo est descendu dans l’arène dernièrement pour jeter la première pierre qui devait déclencher l’indécente et impitoyable opération de lapidation à laquelle nous avons assisté ces derniers jours. La réponse de M. Fame Ndongo nous intéresse à plus d’un titre : il est professeur d’université, intellectuel organique de haut vol, ministre de l’enseignement supérieur depuis près d’une dizaine d’années, et surtout, Secrétaire à la Communication du Comité Central du RDPC au pouvoir.

C’est donc l’une des rares personnalités dont les avis comptent au sein du régime et c’est pourquoi, à la veille de la descente des personnes ressources sur le terrain pour vilipender leur camarade d’hier sous le fallacieux prétexte d’expliquer le nouveau Code électoral, il publie sa réaction dans l’Action, le Journal de son parti, comme le bréviaire donnant l’angle d’attaque et l’essentiel des arguments à utiliser pour assommer le sauveur d’hier devenu une calamité et une paria qu’il faut ridiculiser en vue de diluer ses capacités de nuisance et de faire l’impasse sur ses versets sataniques qui jonchent désormais les salles de rédaction et qui meublent des discussions passionnés à tous les coins des rues dans nos villes et villages.
 
Pour donner le ton, la réaction du brillant sémioticien s’ouvre sur la raillerie de la vocation littéraire tardive de M. Marafa et répand à des kilomètres à la ronde une odeur pestilentielle de dérision, de mépris, de persiflage et d’ironie et d’ingratitude. Mais il semble que dans l’empressement d’accabler et d’enterrer au plus vite  celui-là qui hier encore faisait la pluie et le beau temps dans les arcanes du pouvoir et régnait en maître incontesté dans l’univers de la fraude électorale et de l’illusion des urnes, la plupart des mots et expressions du Professeur ont précédé sa pensée, créant ainsi dans la forme et le fond des effets boomerang que nous essaierons de débusquer, en sondant les entrailles brumeuses de ce texte ampoulé et ésotérique dont la lecture aride affole, rebute et éloigne le lecteur profane. D’entrée de jeu, une question se pose :

RDPC, PARTI TOTALITAIRE HEGEMONIQUE ET MINORITAIRE ? A QUI S’ADRESSE-T-IL ?
 
Le ministre de l’enseignement supérieur a raison de trouver la prose de M. Marafa « rigide, sèche, voire arithmétique » puisque nous découvrons que la sienne, pour garder le même registre, est absconse, emphatique, occulte, voire cabalistique, ce qui nous rend perplexe sur la véritable identité de ses destinataires.
 
A qui M. Fame Ndongo s’adresse-t-il ? Publiée dans  l’Action et signée du Secrétaire à la communication du Comité Central du RDPC, il ne fait aucun doute qu’elle s’adresse aux militants de son parti, tous férus de littérature et véritables rats de bibliothèques pour qui des écrivains tels que « Pierre Choderlos de Laclos, Jean-Jacques Rousseau, Madame Marie de Rabutin Chantal, Marquise de Sévigné, Maurice Duverger, Blaise Pascal etc. n’ont plus de secret et qui, dans leurs conversations quotidiennes emploient des mots et expressions tels que  « éberlué, célébrissime, euphémisme, dragée haute, vitupérer, machiavélique, année-lumière, manichéisme, plaidoyer pro domo, de jure, de facto, apodictique et d’autres trouvailles du même tonneau !
 
Si tel est le cas, il y a tout lieu de se demander quels sont la nationalité, l’âge et le nombre de ces militants, étant donné que les auteurs et les ouvrages qu’il cite sont supprimés des programmes scolaires camerounais depuis plus de trente ans ! Vaut-il la peine de souligner que de toute la dizaine d’auteurs cités dans son texte, le seul Africain connu de M. Fame Ndongo est le Président Biya, dont le messianique ouvrage « Pour le Libéralisme Communautaire », en trente années de règne sans partage, a sorti le Cameroun de la féodalité et de la barbarie de l’intolérance et des répressions contre la subversion pour le hisser au rang des nations les plus civilisées et les plus démocratiques du monde !
 
En un mot comme en mille, le style de cette lettre montre à suffisance que le RDPC, contrairement aux rodomontades de ses thuriféraires, n’est pas un parti de masses, mais un parti minoritaire, constitué d’une poignée d’élites voraces et prédatrices que le célébrant perpétuel, «  discrétionnairement coopte, et hisse politiquement au firmament (sic) ».
 
 Ceci ne surprend guère, car parti totalitaire, le RDPC reste fidèle à cette idéologie caractéristique qui considère que la majorité des Camerounais sont des citoyens de seconde classe, des êtres inférieurs dont la seule chance de survie est de se laisser endoctriner pour servir une petite élite qui possède la vérité. On laisse enfin échapper que les 90% de votes favorables au RDPC que l’on nous présente à toutes les élections sont des chiffres fictifs concoctés dans des laboratoires mystiques dont M. Marafa qu’on voue aujourd’hui aux gémonies était l’un des principaux initiés. Qu’est-ce qu’on reproche en fait à Marafa ?
 
LA VIOLATION DE L’OBLIGATION DE RESERVE OU DE DISCRETION ?

Je dois  avouer que je suis surpris d’entendre qu’un militant du RDPC accuse un de ses camarades d’avoir violé « l’obligation de réserve » qui est plutôt un sport national dans ce parti et dont la pratique est quotidienne depuis la création de l’UC dont il n’est qu’un avatar. Conformément à l’article 40 du Statut Général de la Fonction Publique de 1994, violer l’obligation de réserve consiste à « exprimer publiquement ses opinions politiques, philosophiques, religieuses ou syndicales ou de ne servir qu’en fonction d’elle. »
 
L’obligation de réserve a pour objectif de protéger la neutralité de l’Administration. Il fallait rappeler Marafa à l’ordre quand, arborant la tenue du RDPC, lui et toute l’Administration, désertant les services publics, sillonnaient le pays avec les ressources humaines, logistiques et financières de l’Etat pour servir une cause partisane en battant campagne pour le RDPC.
 
Au Cameroun,  nous voyons des fonctionnaires se rendre régulièrement au travail en tenue du RDPC comme pour faire preuve de leur allégeance ou de leur loyauté, et des usagers se présenter devant des bureaux de ministères dans ces tenues, comme pour exiger un traitement de faveur, sans que cela ne soulève la moindre indignation! M. Fame Ndongo lui-même n’a jamais respecté cette obligation de réserve, lui qui, dans un subtil abus d’autorité mêlé de clientélisme, a très souvent poussé l’excès de zèle jusqu’à l’engagement des institutions universitaires dans la signature des motions de soutien à la gloire de son très vénéré mentor. Mais aussi longtemps que ces écarts leur rendaient service, lui et les siens n’y voyaient aucun problème et pouvaient, sans état d’âme, se passer de la norme!
 
Aujourd’hui, quand leurs intérêts se sont trouvés menacés, dans la précipitation, le Professeur a confondu l’obligation de réserve avec l’obligation de discrétion, tout comme il a confondu une adresse aux communs des mortels avec un discours inaugural devant l’Académie française ! En effet, ce que M. Marafa viole, ce n’est pas l’obligation de réserve, mais l’obligation de discrétion.
 
L’obligation de discrétion, telle que définie à l’article 41 du Statut Général de la Fonction Publique, consiste à divulguer des informations ou des documents sensibles dont on a eu connaissance dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions. Son objectif est de protéger des secrets  professionnels ou d’Etat.
 
En tout état de cause, que ce soit la violation de l’obligation de réserve qui ne peut le mener que devant le Conseil de discipline de la Fonction publique  ou de discrétion qui peut le conduire devant la Correctionnelle, M. Marafa n’en a cure, parce qu’il sait qu’il n’a plus rien à attendre ni du RDPC, ni de l’Administration, ni de l’Etat. Toute sa carrière est désormais derrière lui. Il sait mieux que quiconque que l’Opération Epervier, c’est le lit de Procuste.
 
Quand on vous y amène, vous devrez à tout prix épouser ses dimensions: si vos jambes débordent, on vous les coupe et si vous êtes trop court, on vous étire ! Quand M. Issa Tchiroma disait des prévenus de  cette Opération que lorsqu’on est coupable ( !), on doit accepter de se présenter devant le juge, il ne s’agissait pas d’un lapsus! M. Marafa « vit » désormais dans un univers kafkaïen (donc absurde) où il vient de basculer sans espoir de retour. En homme d’honneur, il ne veut pas se laisser aller à la déchéance ; il veut donner un sens à sa nouvelle vie.
 
Mais nous sommes au regret de relever que dans la tête du Secrétaire à la Communication du Comité Central du RDPC, les choses ne sont pas aussi claires qu’il veut nous le faire avaler. Comment peut-il à la fois reprocher à M. Marafa de violer l’obligation de réserve/discrétion, le menacer d’auto-exclusion du Parti (comme quoi l’art. 9 du RDPC n’est pas si éloigné du fameux 8.2 du SDF !) et reconnaître à la fois que  « c’est son droit le plus élémentaire de déféquer(sic) encore davantage sur celui qui le nomma ministre d’Etat et le coopta à 44 ans au Bureau Politique(…), le Cameroun étant un  Etat de droit, une démocratie plurielle où il n’est plus besoin de prendre le maquis pour exprimer ses idées »? A-t-il brusquement oublié ce principe aristotélicien du tiers exclu dont il est si friand et qu’il   opposait tantôt à Marafa dans son épître ?
 
Quant au plaidoyer pro domo de Marafa, s’il ne constituait comme on le prétend qu’une violation de l’obligation de discrétion, il ne saurait être « ni une opinion, essentiellement relative, voire subjective, ni se situer à des années-lumière de la vérité », puisqu’il ne s’agirait donc que de la divulgation de faits, d’informations ou de documents sensibles dont il a eu connaissance dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions et qui en aucun cas ne sauraient être l’opinion du fonctionnaire qui les traite !
 
Et s’il ne s’agissait encore que d’un divertissement au sens pascalien du terme, le gouvernement ne se démènerait pas tant pour faire tarir la source desdites « Lettres », les journalistes et les média qui les publient ne subiraient pas autant de pressions, d’intimidations et de menaces diverses, M. Issa Tchiroma, porte-parole du gouvernement, ne conseillerait pas de les froisser et de les jeter dans la poubelle parce que «toute vérité n’est pas bonne à dire, la Commission d’enquête parlementaire proposée à ce sujet n’aurait pas été rejetée par le vote commandité des députés du RDPC et enfin, M. Marafa lui-même ne ferait pas l’objet d’autant de tirs croisés des défenseurs autoproclamés d’un Prince hautain et distant qui reste étrangement indifférent face à l’onde de choc qui traverse son pays.
 
 Donc, malgré la sérénité factice que clame à tout à tout va l’équipage du bateau ivre, on se rend malheureusement bien compte qu’il y a péril en la demeure et qu’à bord, il y a une panique qui ne réussit plus à se faire discrète !
M. Marafa est aussi accusé « de se démarquer du RDPC pour lequel il a battu campagne pendant de longues années » et du Président de la République dont « il a  toujours approuvé les résolutions de politique générale, de politique économique et financière et de politique sociale et culturelle inhérentes aux différents congrès ordinaires et extraordinaires du RDPC depuis une vingtaine  d’années, y compris le Congrès ordinaire de 2011 dont il était l’un des membres de la Commission de politique générale ».
 
Ce comportement est d’autant plus inadmissible « que le camarade Marafa a toujours scrupuleusement appliqué, la politique définie par le Président de la République, sans que la moindre disjonction politique ne soit rendue publique entre celui qui l’a nommé par décret cinq fois à des postes on ne plus sensibles ».
 
M. le Secrétaire à la communication a la mémoire sélective et on le comprend. Si M. Marafa dans sa prose « s’inscrit dans la logique du désamour et de la terreur amoureuse » comme il l’a relevé,  on se rend compte que dans la sienne il s’inscrit dans celle de la passion hystérique et dévorante, voire de l’idolâtrie. C’est pour cela qu’il ne peut concevoir de son champion que « l’image d’un chef d’Etat qui conduit une politique de rassemblement, de concorde et de démocratie apaisée, d’un homme d'Etat pondéré, apôtre inoxydable du débat d’idées, sage, perspicace, patriote, démocrate, précieux gisement de diplomatie, de finesse, de patience… », bref l’incarnation de Dieu sur terre !
 
Les mots-clé du totalitarisme ne sont-ils pas « croire, obéir et combattre »  pour le leader omnipotent dépositaire d’un pouvoir spirituel et temporel ? Les Camerounais, j’en suis sûr, ont eu du mal à croire que nous vivons dans le même pays et que ce portrait idyllique et psychédélique qui ne peut procéder que d’un coup de foudre renvoie à cet homme qu’ils connaissent tous depuis des lustres et qui a mis près de 22 ans au pouvoir avant de se compte qu’il pouvait avoir des ambitions.
 
Aveuglé par cette passion quasi-pathologique, il ne vient jamais à l’esprit du ministre que tout ce qu’il reproche à M. Marafa peut être retourné point pour point contre son champion. Il a opportunément oublié que M. Biya, entré au gouvernement en 1962, « avait toujours scrupuleusement appliqué la politique définie par le Président de la République d’alors sans que la moindre disjonction politique ne soit rendue publique entre celui qui l’avait nommé par décret à des postes on ne peut plus sensibles », y compris la politique de la répression de la subversion qui sema la terreur dans de nombreuses familles camerounaises, jusqu’à ce jour où M. Ahidjo, après avoir taillé sur mesure la constitution pour faire de lui le successeur constitutionnel, démissionna, lui confia le trône et fit le tour du pays pour le faire accepter.
 
 M. Biya, malgré tout ce qu’on veut nous faire accroire, n’est pas ce Moïse qui tombe du ciel un jour de grâce de l’an 1982 comme un deus ex machina, avec une virginité politique avérée, pour conduire le Cameroun à la Terre Promise. Resté sans interruption au gouvernement de 1962 à ce jour, il est tributaire de son passé politique qui lui colle à la peau et peut être considéré comme co-responsable de tous les actes répréhensibles de M. Ahidjo dont il a été le principal collaborateur pendant de très longues années et dont il est devenu discrétionnairement l’héritier.
 
En Afrique, le successeur choisi est toujours l’enfant qui ressemble le plus à son géniteur: physiquement, idéologiquement, spirituellement, moralement. Un successeur est celui qui doit parachever l’œuvre commencée  par le défunt. C’est un continuateur et non un homme de rupture. C’est pourquoi une fois au pouvoir, M. Biya assume cette attente en déclarant : « Mon illustre prédécesseur n’a jamais failli et moi, je ne faillirai point ».
 
 Au congrès de Bamenda, quand son entourage lui conseille de créer son propre parti pour rompre le cordon ombilical et tourner la page, il s’oppose à un tel parricide, change le nom de l’UNC existante, mais en reconduit l’idéologie, le personnel et le patrimoine. Le RDPC ne sera donc jamais rien d’autre que l’UC et l’UNC réunies sous un nouvel emballage et le terme « Rassemblement » ne cessera d’incarner la phobie du pluralisme en renvoyant à cette incongruité qui enseignait que l’UNC n’était pas un parti unique, mais un parti unifié ! Normal, car lorsqu’on change de nom, on ne change ni d’âge, ni de physique, ni de caractère !
 
SEPARATION DES POUVOIRS ET JUSTICE INDEPENDATE ?
 
En prenant quelques échantillons-alibi, M. Fame Ndongo essaie de nous persuader que M. Marafa n’est aucunement un prisonnier politique, mais un simple détenu de droit commun qui s’est malencontreusement fait prendre dans les mailles d’une opération d’assainissement tendant à séparer le bon grain de l’ivraie. Mais quand dans son brûlot il relève que ce dernier « s’est démarqué du RDPC en présentant aux Camerounais un projet de société autre que celui du Président national  et a préféré  une politique conflictuelle  et haineuse, en n’hésitant pas à tenir la dragée haute au Président de la République, quitte à transgresser le devoir de réserve (…) et à vitupérer celui qui, discrétionnairement, l’a hissé au firmament il y a 20 ans », les Camerounais sont perplexes.
 
Que viennent faire des mentions telles que« se démarquer du RDPC, présenter un projet de société autre que celui du président national, le vitupérer, lui tenir la dragée haute » dans un dossier où on s’attendait à autre chose, si au fond ce ne sont pas les véritables crimes de lèse-majesté qui mettent Marafa dans de sales draps et le conduisent devant le lit de Procuste de la Justice camerounaise sous le couvert de deniers publics qu’il aurait détournés quelque dix ans auparavant et dont la révélation n’avait jusqu’ici en rien compromis son ascension administrative et politique à tel point qu’il ait encore eu l’honneur de représenter le Chef de l’Etat au Congrès de l’ANC en Afrique du Sud un mois avant son arrestation ?
 
 M. Fame Ndongo nous rappelle avec emphase que  le camarade Marafa Hamidou Yaya est membre du RDPC, du Comité Central et du Bureau Politique et que jusqu’à la preuve du contraire, il est considéré comme l’un des leurs, à part entière !  Tout comme tous ces autres hauts cadres du RDPC qui ont mis le pays en faillite, qui sont en prison depuis plus d’une décennie, mais qui sont toujours aux postes qu’ils occupaient quand ils étaient encore en odeur de sainteté ! S’il était simplement question de séparer le bon grain de l’ivraie, le Président de la République aurait commencé par « désinfecter » le RDPC, ces écuries d’Augias jamais nettoyées depuis trente ans, et qui lui fournissent l’essentiel de son personnel politique et administratif.
Quelle leçon le RDPC donne-t-il aux Camerounais quand en son sein règne cette impunité qui conserve les dents cariées à côté des dents saines, si ce n’est une volonté affichée de pourrir toute la bouche ?
 
M. Biya est-il reste-t-il toujours président d’un parti politique qui continue à garder en son sein et dans ses instances dirigeantes des gens qu’il a mis en quarantaine pour protéger la société et le pays ? Comment ces prévaricateurs peuvent-ils salir l’Etat sans salir leur parti ?
 
L’opinion s’étonne et s’interroge sur la sincérité et la neutralité d’un tel ménage qui ne commence pas à domicile. M. Fame Ndongo a beau s’escrimer pour nous convaincre que nous sommes dans un Etat de droit où il y a séparation de pouvoirs et où la Justice est indépendante et impartiale, mais quand nous voyons Paul Eric Kingué condamné à vie pour un prétendu détournement de dix millions de francs alors que des gens convaincus d’avoir distrait des milliards ne sont condamnés qu’à de peines symboliques; lorsque nous voyons la mise sur pied d’un Tribunal spécial pouvant libérer des détourneurs qui acceptent de rembourser tout ou partie de leurs butins alors que la seule tentative de détournement est passible de peine d’emprisonnement, ou que de petits voleurs de bonbons ou de portables vont croupir en prison même après remboursement, nous ne pouvons nous empêcher de nous demander : « dans quel pays sommes-nous et qui jugera le juge » ?

© Correspondance : Professeur Jean Takougang, Expert en Dialogue Social, Professeur de Traduction


19/06/2012
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