(Avant-propos à l’édition) Je revisite aujourd’hui ce travail fait, il y a une quarantaine d’années, sur Ferdinand Oyono et son œuvre romanesque. Au point de vue informations sur l’évolution de sa vie, sa maturation intellectuelle et humaine, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis lors ; il y a assurément de nombreux paramètres nouveaux à prendre en considération.
Le onzième et dernier chapitre, d’une douzaine de
pages, a été ajouté pour recueillir l’essentiel de ces rallonges : « Le
Diplomate et l’homme politique ». De même que le quatrième (8p. environ)
– « La Symbolique du défaitisme » - prolonge en faisceaux l’analyse des
principaux indices de l’incrustation du phénomène dans le subconscient
collectif.
Il permet de vérifier si le « défaitisme » et la vision apparentée du
monde, relevés chez les protagonistes du romancier et leurs proches sont
plus franchement devenus des aspects majeurs de la personnalité de
l’écrivain camerounais ; à travers des monceaux sédimentaires de sa
conduite sociale, de grand commis de l’Etat comme d’un froid manœuvrier
de la politique nationale ainsi que de la diplomatie camerounaise.
Il y a lieu aussi d’évoquer, au passage, un certain fatalisme de l’échec final consubstantiel à la violence coloniale, envisagée dès l’origine pour se perpétuer à jamais – l’endormissement anesthésique du christianisme intégriste, de l’Assimilation Culturelle, d’une roublardise sociopolitique spécifique, s’étant révélés, à l’expérience, de plus en plus insuffisants pour parachever la déjà multiséculaire Pacification de l’Empire.
Même après l’octroi perfide d’une Indépendance des
plus frelatées, tout le temps essoufflée, anémiée par une diplomatie
hexagonale d’apparence constamment mutante, mais avérée de tout temps
d’encerclement, d’émasculation progressive des peuples négro-africains.
Cette tendance à la criminalisation souterraine - toujours verbalement
enjolivée, de l’âme damnée des relations Nord Sud - se fait aujourd’hui
appeler d’un doux euphémisme, la Françafrique, après ceux tout aussi
ensorcelants d’Alliance ou de Communauté franco-africaines.
Comme la soif inextinguible de liberté constitue l’indispensable
boussole de tout peuple trop anciennement dominé, à la dynamique
culturelle non encore totalement broyée, la bien feutrée férocité
néocoloniale en cours a nécessairement une fin plus ou moins proche –
même à partir du jour où il faudra que la libération commune des peuples
(africains et français) concomitamment floués passe par l’indispensable
assainissement des mœurs politiques à la Métropole.
Ce fut d’ailleurs le cas, historique des temps modernes, du Portugal et de ses colonies d’Afrique en 1974. L’implacable logique de la dialectique du maître et de l’esclave ! Ils se noient ou parviennent ensemble, main dans la main, au bon port d’une véritable communauté de leurs intérêts, conjugués à l’aune d’une mondialisation humanitaire des peuples.
Le recours aux napalms et aux missiles en Côte-d’Ivoire puis en Libye, peut-être bientôt en Syrie et ailleurs dans de « scandaleux » réservoirs de matières premières industrielles ou à des nœuds stratégiques relativement peu armés, ne constitue que de vaines gesticulations (bien que des plus cyniquement meurtrières) pour se hasarder à contrebalancer la loi de série par celle d’airain. Parce que tous les empires issus de la force des armes à feu de l’Histoire ont pris fin, connu un terme passablement précipité, du fait surtout de leurs contradictions internes, de l’inhumanité de leur conception, de leurs mœurs et pratiques contre nature, au quotidien.
Ce travail de recherche est plus librement
effectué ou configuré aujourd’hui, loin de tout académisme à l’eau de
rose idéologique qui m’avait amené autrefois à devoir produire une
seconde version édulcorée de mon mémoire de Diplôme d’Etudes
Supérieures, pour espérer conforter mes chances de pouvoir obtenir,
trois mois plus tard, le diplôme convoité, et retrouver l’harmonie
relationnelle avec des encadreurs pédagogiques jusque-là très estimés.
A la critique universitaire de savoir un jour comment nous départager :
deux membres du Jury – les Professeurs Joseph Awouma et Joseph Ngoue,
aussi méconnaissables dans leur argumentaire ce jour-là que s’ils
avaient eu des atomes crochus avec le grand diplomate écrivain - d’un
côté, et de l’autre mon Tuteur le Professeur Thomas Melone, son bras
droit Louis-Marie Ongoum et moi.
Par maints endroits, le style de l’ouvrage a été
retouché, dans l’optique de redresser d’éventuelles faiblesses ou
lourdeurs passées inaperçues au regard de l’étudiant de l’année de
maîtrise que j’étais en 1972. Des paragraphes successifs ont été
refondus, de quoi éviter des redites ou exprimer moins banalement
certaines idées thèmes, ou encore pour présenter avec plus d’éclat
quelques notions - par des raccourcis stylistiques dont je ne disposais
pas pleinement à l’époque.
Dans l’ensemble, le texte a été réécrit à près de 75% - à travers des
modifications (phrases, paragraphes, têtes de chapitres, titres de la
1ère et de la 3e parties), des suppressions et des additions, par le
biais d’un effort de reformulation aussi, notamment au niveau des
passages de réflexion conceptuelle, d’analyse psychologique ou de
prospective.
Titre de l’ouvrage : Du Défaitisme dans l’œuvre de Ferdinand Oyono : Tare ou philosophie ?, Edilivre, Paris, 2012.
Editeur : Edilivre
Collection : collection universitaire
Genre : essai
Nombre de pages : 153
Date d’édition : le 31 juillet 2012
Prix : 25 euros
Point de vente : les librairies Edilivre et celles de ses associés et correspondants
Nom de l’auteur : Hilaire Sikounmo
Profession : enseignant
Charge : écrivain