Les beaux discours d'Obama ne bercent plus personne
« Si vous n’êtes pas vigilants, les médias arriveront à vous faire détester les gens opprimés et aimer ceux qui les oppriment ». Derrière cette maxime se cache le modus operandi des États-Unis d’Amérique.
Maîtres dans l’art de travestir les faits, ils se font les chantres
d’un ensemble de valeurs malheureusement fort éloignées de la réalité
étasunienne. Barack Obama est en quelque sorte le « chef d’orchestre » de ce modus operandi
: c’est un président noir, apparemment respectueux des libertés
individuelles. Son accession à la Maison blanche, en 2008, a été
l’occasion de montrer aux yeux du monde entier que le système
démocratique étasunien était décidément merveilleux. Obama peut
désormais dire et faire ce qu’il veut : le monde entier ne pourra que
boire les paroles du locataire de la Maison blanche.
De l’eau a
coulé sous les ponts depuis sa première mandature. Barack Obama se
voulait un président du renouveau. Sa politique devait s’inscrire en
rupture par rapport à celle de son prédécesseur Georges Bush, champion
en matière de politique antiterroriste. Tout devait changer. Voyons…
Barack
Obama a tenu le 9 août une conférence de presse au cours de laquelle il
a abordé la réforme du Patriot act et de son article 215, qui autorise
les agents du bureau fédéral d’investigations (FBI) à saisir, sans motif ou preuves valables, des archives contenant des renseignements personnels dans les hôpitaux, les by Savings Wave">banques,
les universités et même les entreprises, ce qui inclut de facto des
opérations de profilage à partir de certains critères tels la religion,
l’appartenance ethnique ou les sites Internet qu’une personne visite.
Le président étasunien a dit sa volonté de « travailler avec le Congrès pour mettre en place des réformes appropriées », promettant « davantage de supervision, davantage de transparence et de garde-fous ». Il a également insisté sur le fait que « l’Amérique n’a aucun intérêt à espionner les gens ordinaires »,
démentant tout abus dans les programmes de surveillance de la NSA.
Inutile de dire qu’Edward Snowden a démontré le contraire en montrant au
monde entier comment les États-Unis s’étaient permis d’écouter les
communications téléphoniques de millions de citoyens… et pas seulement
étasuniens.
Le locataire de la Maison blanche a bien évidemment
évoqué l’ancien employé de la CIA et de la NSA qui affirmait, dans un
entretien diffusé sur le site du Guardian, que son « seul but est d’informer le public sur ce qui a été fait en son nom et ce qui est fait contre lui ».
Barack Obama a concédé que ses déclarations avaient clairement
accéléré le processus de refonte du Patriot act, tout en approuvant les
trois chefs d’accusation (espionnage, vol et utilisation illégale de
biens gouvernementaux) pour lesquels Snowden était inculpé.
On
fera naturellement le parallèle avec Bradley Manning, ce soldat
étasunien accusé d’avoir transmis des documents militaires classés
secret défense dont les révélations avaient fortement participé au
retrait des forces américaines en Irak. Mais Obama, conscient de son
rôle de leader d’opinion à travers le monde, est allé encore plus loin
en critiquant violemment la Russie, coupable à ses yeux de vouloir
traiter d’égale à égale avec la Maison blanche. Une outrecuidance qu’il
ne peut tolérer.
D’une manière pathétique, Obama a voulu tirer
les oreilles de Poutine, regrettant secrètement son prédécesseur
Medvedev et sa propension à répondre aux diktats de l’Empire. Il a
notamment accusé le président de la fédération de Russie d’attiser la
rhétorique anti-américaine. La relation entre les deux pays est marquée
aussi par des intérêts conflictuels sur certaines questions clés comme
le bouclier anti-missiles et la Syrie. Concernant ce conflit, sont
naturellement mise en causes par le Kremlin les livraisons d’armes aux
rebelles syriens pour déstabiliser le gouvernement souverain d’Assad,
accusé par les États-Unis d’être pro-russe et pro-iranien.
Il va
de soi que tous ceux qui ne s’inscrivent pas dans la droite ligne de la
Maison blanche sont des adversaires acharnés des droits de l’homme. Des
droits qu’Obama met en avant quand il s’agit de dénoncer les pressions
faites sur les homosexuels en Russie… alors qu’il y a aujourd’hui aux
États-Unis plus de Noirs en prison qu’il n’y avait d’esclaves en 1850. La
référence récurrente à Al-Qaïda pour justifier la lutte contre le
terrorisme apparaît dans ce contexte, ridicule. Combattue ici ou là, la
mouvance islamiste a été soutenue hier en Libye et aujourd’hui en Syrie.
Vous comprendrez aisément pourquoi on n’arrivera décidément pas à
nous faire aimer cette Amérique-là. Nous sommes avec Manning et avec
Snowden, pas avec ceux qui parlent de droits civils et font des affaires
avec l’Arabie saoudite.
Capitaine Martin