L’émergence en 2035: un autre mensonge au peuple
DOUALA - 13 AOUT 2013
© Alexis NYAMSI* (Corresp.) | Le Messager
Le Cameroun, notre cher et beau pays a, il y’a quelques années atteint le point d’achèvement de l’initiative Ppte (pays pauvre très endetté) avec à la clé l’abandon des dettes par nos créanciers bilatéraux et a signé le Cd2.
Le Cameroun, notre cher et beau pays a, il y’a quelques années atteint le point d’achèvement de l’initiative Ppte (pays pauvre très endetté) avec à la clé l’abandon des dettes par nos créanciers bilatéraux et a signé le Cd2. Il est arrivé que des fonctionnaires n’utilisent pas ces fonds pourtant logés à la Beac faute de projets parce qu’ils n’y trouvaient pas leur intérêt culture de pourcentage obligeant. C’est dans ce contexte que le projet de l’émergence a vu le jour sans que l’on ait fait le point des précédents à savoir : santé pour tous en l’an 2000, la lutte contre la pauvreté, le bout du tunnel, l’électrification villageoise, la téléphonie rurale, les objectifs du millénaire annoncés il y’a 25 ans. L’on nous renvoie à nouveau à 25 ans au futur pour l’émergence de notre pays comme si nos dirigeants pensaient que plus personne ne sera témoin de ce mensonge au peuple une fois l’échéance arrivée. Les axes de cette émergence semblent être la construction des barrages, des routes, des ponts même si le début des travaux du pont sur le Wouri semble être renvoyés aux calendes grecques y compris la pose de la première pierre. Le hangar devant abriter les cérémonies de pose de cette pierre, à été démonté avant usage.
Un accent particulier est mis dans le cadre de cette émergence sur une politique esclavagiste de culture et de production des produits de rente (café, cacao, palmiers à huile, hévéa, etc.) Récemment, une banque de la place a accompagné cette vision de choses par un gros crédit à long terme octroyé à une grande entreprise exerçant dans l’un de ces domaines. Un livre écrit par le Pca de cette banque quelques années auparavant préconisait autre chose. Les populations ont envisagé de se constituer en Gic (groupement d’intérêts communs) pour introduire des dossiers d’obtention des plants et des instruments aratoires à hauteur d’un million de francs par Gic pour en réalité ne recevoir des produits équivalents qu’à hauteur de 375 000 (Trois cent soixante quinze milles) francs non remboursables, la différence de décaissement 625 000 (Six cent vingt cinq milles) francs revenant aux fonctionnaires. Ces populations vont s’en contenter considérant que ce qu’ils ont reçu ne représente qu’un cadeau et qu’il est inutile de se plaindre sur la différence entre le montant sur papier et la valeur des plants reçus.
Nos dirigeants tétanisés par la volonté et les recommandations de ces créanciers et multinationales vont ainsi transformer les populations dont ils ont la charge en esclaves des temps modernes ; les populations qui au soir de leur vie n’auront droit à aucune sécurité sociale quoique la vente de leurs produits participent à l’élaboration de la balance de paiements.( cette balance est aujourd'hui largement déficitaire du fait de la baisse de production de certains produits dits de base. La majorité d’entre eux vont passer par les blocs opératoires pour des hernies dues aux rudes travaux. Il n'y a qu'à faire un tour dans les services chirurgicaux des hôpitaux d'Ebolowa, Sangmelima, Nguelemedouka , Nkongsamba, Dshang, Ndop, Kaïkaï, Kumba, etc… etc…, pour avoir les statistiques sur le nombre des planteurs ayant subis des opérations des hernies inguinales. Il est à noter qu’ils ne recevront jamais le juste prix de leur production, celui-ci étant fixé par l’acheteur et d’autant que l’Etat s’est désengagé de la filière avec le diktat du concept de la mondialisation. Ils ne consomment non plus les produits pour lesquels ils se fatiguent tant. Certains n’arrivent pas à envoyer leurs enfants à l’école encore moins ou jamais dans les grandes écoles. Il est difficile de voir l'enfant d'un planteur de petite production où d'un pauvre accédé à une école de commandement. En réalité, il s’agit d’un domaine d’activités extrêmement pénible constitué d’obstacles de toute sorte. La réflexion sur le sujet de la préparation du terrain, du planting, du désherbage, de l’entretien phytosanitaire, de l’engraissage, de la récolte, du transport des produits, du séchage, du conditionnement ferait l’objet de plusieurs tomes d’études.
Pendant que nos parents sont réduits en esclaves des temps modernes courbés sous des arbustes qui produisent des petits fruits nécessaires au tournage des usines de nos maîtres, ces créanciers partenaires des Cd2 et autres s’arrogent les droits d’exploitation de notre sous sol (or, diamant, manganèse, cobalt, fer, cuivre, uranium, bauxite) sans oublier le précieux pétrole et ne reversent que les 10 % des revenus de la production à nos Etats budgétivores.
Il arrive qu’un jour les populations d’un tel pays se soulèvent du fait du poids de la misère, ce que nous ne souhaitons pas ; leurs dirigeants vont envoyer leurs soldats les tirer dessus à balles réelles après les avoir arrosés de gaz lacrymogène et de canons à eau. Ceux qui vont réussir à fuir les affrontements souvent sanglants, vont être placés dans des camps ; ils vont recevoir de la part de la communauté internationale des tentes, des denrées alimentaires issues du déstockage de leurs magasins, des biscuits, de l’eau etc. Face à la crise humanitaire qui va s’en suivre, les Msf (Médecins Sans Frontières) vont prendre le relais de l’assistance humanitaire au titre de la solidarité entre les peuples. Les armes seront vendues ça et là. Les moyens de force utilisés par le pouvoir en place constitué d'amis et de sujets d'hier seront d'écriés. Les rebelles seront soutenus au nom du droit des populations à plus de liberté. Ceux qui vont s'auto –désigner représentant du peuple meurtrie, seront placés au pourvoir par une communauté internationale donneuse de leçons de paix et de démocratie. La facture des munitions sera énorme. Le sous sol avec la nouvelle équipe issue du désordre, continuera être exploitée à grosse et belle dent. Que d’hérésie et d’hypocrisie ! Dans ces conditions, nous ne voyons pas, par où passera l’émergence pour nous atteindre en 2035. Ne nous y trompons pas, un pays de rente ne se développe pas. Les slogans ne constituent pas les fondamentaux de l’émergence.
Pour y parvenir, un pays doit mettre sur pied une véritable politique de construction des infrastructures immatérielles : éducation, formation de la jeunesse devant donner lieu à l’émergence des scientifiques capables d’inventer, d’innover dans leur domaine de connaissance et soutenus par une industrie compétitive. Seul l’apport des scientifiques, c’est-à-dire de la matière grise avec à l'appui des laboratoires modernes suffisamment équipés et des moyens subséquents mis à leur dispositions, peut nous permettre d’entrevoir le chemin de l’émergence. Que l’on ne nous parle surtout pas de l’absence de moyens financiers au regard de l’ampleur des détournements opérés par ceux là même qui ont en charge la conduite du destin du pays. Voici une année scolaire qui vient de s’achever. Depuis 2011, le chemin de l’émergence annoncé pour 2035 est à sa dernière année de parcours. Au lieu de mener une réflexion profonde et critique au sujet des résultats obtenus par les enfants aux examens de fin de l’année scolaire 2012- 2013, nos dirigeants ont trouvé mieux d’organiser les élections couplées municipales et législatives pour distraire les élèves, les étudiants et les parents vrais sujets de l’émergence à laquelle on aspire. Nous allons au cours d’une prochaine sortie livrer notre contribution sur les problèmes éducatifs qui se posent à notre jeunesse et formuler des propositions réalistes basées sur une justice sociale plus équitable. L’éducation de notre jeunesse incombe aux parents, aux enfants aux hommes, de métiers et aux politiques qui doivent avoir une vision claire et commune sur la qualité des enseignements, les contours de ses problèmes qui résolus, conduisent à la voie de l’émergence. Alors qu’on arrête de mentir au peuple.
Nous avons précédemment dit qu’un pays de rente n’aspire pas à l’émergence. Pour y parvenir l’on doit mettre un accent particulier sur la matière grise par l’éducation, la formation, l’encadrement particulier des génies créateurs, des scientifiques qui produiront des biens à mettre sur le marché mondial grâce à une industrie compétitive, des laboratoires performants et des moyens subséquents à mettre à leur disposition. Il ne sera plus question d’actes isolés. Comme parent observateur du milieu scolaire, nous allons essayer d’explorer notre système éducatif et formuler quelques propositions pour son amélioration. L’enseignement est réputé par décret comme étant gratuit dans notre pays. Cependant, l’Etat ne pouvant pas tout seul assurer sa mission régalienne d’éducation de sa jeunesse laisse le soin à deux catégories d’intervenants dans ce secteur. Les privés confessionnels, catholiques et protestants et les privés laïcs qui apportent un appui à sa politique par la création d’établissements scolaires. Les enseignements sont structurés autour de trois ou quatre ensembles. La maternelle qui n’existe que dans les villes, le primaire, le secondaire, l’enseignement supérieur auquel il convient d’annexer les grandes écoles où accèdent difficilement les enfants des pauvres. Ces différentes étapes de formation donnent lieu aux diplômes ci-après : le Cepe, le Bepc, le Probatoire, le Baccalauréat, le Bts, la Licence, les Masters, le Doctorat l’agrégation chez les francophones. Le First school leaving certificate, l’Ordinary level, l’Advanced level, le Degree, le Master degree, le Phd, etc. Les enseignements techniques moins développés chez nous, à tort, ont leur équivalence. Pour se présenter à ces différents examens, l’élève constitue un dossier qui passe par le chef d’établissement avec paiement des frais et timbres divers. Il a bravé année après année les évaluations des classes intermédiaires. Ces frais de dossiers sont parfois détournés par quelques responsables véreux. En plus du dossier du Cep en fin du cycle primaire, il y a celui du concours d’entrée en classe de sixième avec ses frais. La moyenne d’admission à ce concours est souvent placée très haut ; elle ne laisse place qu’à quelques candidats dont le nombre sera complété par recrutements payants aux montants variant entre cinquante et cent mille francs Cfa et ce malgré les interdictions ministérielles. Ceux des enfants qui ne pourront pas passer par ces deux chemins vont soit présenter des concours d’entrée dans les collèges privés. Une autre tranche d’enfants vont se faire arnaquer par des promoteurs des établissements clandestins qui recrutent les recalés, perçoivent les scolarités moins élevées, et cherchent à faire présenter leurs élèves aux examens dans les rangs des établissements autorisés à fonctionner contre frais de cautionnement. C’est souvent la catastrophe lorsque ces négociations n’aboutissent pas. Le responsable d’un tel établissement se fond dans la nature et abandonne les enfants à leur sort.
Malgré la gratuité de l’enseignement décrétée, tout se paie : du crayon, du bic, des cahiers, des livres que l’on change presque tous les ans, des frais d’inscription, des associations des parents d’élèves dont certaines sont très mal gérées, des frais de travaux dirigés dans les classes d’examens des frais des centres multimédia, des frais de scolarité qui varient selon les établissements privés et universitaires, des tables bancs, etc… Ces frais de scolarité sont de cinquante mille francs dans les universités d’Etat.
L’Etat construit des salles de classes du primaire, du secondaire et des institutions universitaires publiques aux alentours desquelles on retrouve des débits de boissons. Il arrive que les parents eux-mêmes construisent les salles de classe du primaire et du secondaire. Lorsque l’Etat ne l’a pas fait et que les parents ne le peuvent pas, faute de moyens, leurs enfants fréquentent sous des tentes, sous des branchages ou à l’air libre : ces cas ont été observés au Nord et au Nord-Ouest. L’Etat recrute sur concours forme et paie les enseignants qu’il affecte dans ces établissements. Lorsque leur nombre n’est pas au complet le chef d’établissement recrute sur place les maîtres ou les professeurs dits des parents d’élèves. Ils sont rémunérés par la caisse de l’association de ces parents. Ces enseignants n’ont ni la motivation, ni la formation, ni la vocation nécessaire à l’exercice de ce précieux et noble métier. Ils sont en outre mal payés de même que les professeurs titulaires des collèges privés que recrute directement leur fondateur sur avis des délégués régionaux. Leur nombre est complété par les vacataires diplômés des écoles de formation qui viennent y dispenser des cours au galop d’un établissement à un autre ; l’essentiel pour eux étant d’émarger. Les élèves des établissements privés paient une scolarité variable selon les établissements de la maternelle du secondaire à l’Université. Ceux qui ne s’acquittent pas de cette scolarité sont renvoyés et peuvent passer une année blanche. Elle permet de payer les enseignants, le personnel administratif, les charges de gestion, les charges patronales, etc… Certains chefs d’établissements qui retiennent les cotisations sur les salaires de leur personnel ne les reversent pas à la Cnps ou ne paient pas les frais de travaux dirigés aux enseignants qui à leur tour refusent de dispenser ces cours. Les grèves s’en suivent. Les résultats aux examens de fin d’année seront mauvais. Le conseil de délibération va baisser les notes d’admission à 7 ou 8/20 et harmoniser les résultats à 10/20. Malgré cette pratique, le pourcentage de réussite sera toujours mauvais moins de 50%. Le niveau des enfants sera lamentable, ils le traîneront presque toute leur vie. Des étudiants trichent lourdement à l’Université avec parfois la complicité de quelques enseignants. L’important pour cette catégorie d’étudiant c’est d’avoir le diplôme par tous les moyens ; d’autres se procurent tout simplement des faux diplômes. Leur clandestinité à l’Université se découvre dans leur incompétence une fois recrutés à un emploi sur recommandation ou passe droit comme c’est souvent le cas. A chaque fin d’année, l’Etat verse une subvention aux établissements privés du primaire au secondaire et un paquet minimum aux établissements publics dont les montants sont toujours décriés. Ces subventions sont considérées par certains fondateurs comme des superbénéfices et ne concourent pas à l’amélioration des conditions salariales des enseignants. Elles varient d’un établissement à l’autre et font sans doute l’objet de paiement des retro commissions au gestionnaire des dossiers ce qui permet aux bénéficiaires complices d’être retenus en bon pallier l’année suivante.
Dérouler le système éducatif camerounais avec ses disfonctionnements est une tâche très ardue tellement le domaine est complexe et ses résultats propices à l’enfoncement du pays vers plus de misère. Au regard des tares que soulève ce texte, nous proposons les pistes d’amélioration suivantes :
I- Au niveau primaire
a) Introduire les enseignements agricoles à partir du Cei pour permettre aux enfants qui ne peuvent continuer en sixième pour une raison ou pour une autre de s’installer dans les campagnes et freiner l’exode rural. Les terrains d’expérimentation de ces enseignements seront utiles à cet effet dans les zones où cela est possible.
b) Diminuer le coût de construction des salles de classe en les réalisant en matériaux locaux dans certaines localités.
c) Eliminer le concours d’entrée en classe de sixième et inscrire les enfants sur la base des résultats du Cepe pour mettre fin au marchandage des recrutements pourtant interdits et atténuer les souffrances financières des parents pauvres.
II- Au niveau secondaire
a) Changer la domination de collège privé en lycée privé pour placer tous les établissements et leurs enseignants au même pied d’égalité psychologique.
b) Recenser et affilier à la Cnps tous les enseignants du privé.
c) Mettre fin aux fonctions des vacataires dans les établissements privés afin que les professeurs du public se mettent résolument à la disposition de leurs élèves et à la recherche.
d) Reverser mensuellement aux enseignants du privé, les primes de technicité et de recherche en remplacement des subventions aux fondateurs pour plus de motivation et d’incitation à la fonction par augmentation de leurs revenus.
e) Leurs salaires seront virés dans les banques de leur choix et les numéros de comptes communiqués à qui de droit pour la domiciliation de ces primes.
f) Créer des petits laboratoires dans les lycées d’Etat et les lycées privés comme c’est déjà le cas dans les formations anglophones.
g) Créer et encourager la création de plus d’établissements de lycées techniques.
h) Mettre fin au recrutement des maîtres et des professeurs des parents d’élèves
i) Reverser les cotisations des parents d’élèves dans les structures étatiques pour plus de contrôle.
III- Au niveau universitaire
a) Pallier au déficit infrastructurel : amphis, laboratoires, équipements, bibliothèques virtuelles et physiques cités, etc…
b) Réinstaurer les bourses mensuelles aux étudiants et supprimer les scolarités.
IV- Au niveau national
a) Créer un centre national de recherches équipés de laboratoires placé sous la responsabilité d’un chercheur de renom et construit dans un endroit calme et isolé avec un niveau de sécurité requis.
b) Y affecter des chercheurs qui auront pour seule mission la recherche et faire appel à la diaspora.
c) Transformer par la science et la technique une partie des produits de notre sous-sol sur place grâce aux connaissances de nos chercheurs.
Ce n’est qu’à cette ultime étape que nous parlerons de l’émergence dans un pays où les règles de la démocratie auront été clairement définies et appliquées. Le déficit de la démocratie dans un pays qui aspire à l’émergence constitue des énormes nuages qui obscurcissent son ciel et cachent les rayons solaires, le clair de lune et les énergies astrales aux esprits créateurs de son peuple. Elle s’accommode mal des vernis et des jonglages de toutes sortes.
*Citoyen engagé
Trésorier Général de l’AFP
© Alexis NYAMSI* (Corresp.) | Le Messager
Le Cameroun, notre cher et beau pays a, il y’a quelques années atteint le point d’achèvement de l’initiative Ppte (pays pauvre très endetté) avec à la clé l’abandon des dettes par nos créanciers bilatéraux et a signé le Cd2.
Le Cameroun, notre cher et beau pays a, il y’a quelques années atteint le point d’achèvement de l’initiative Ppte (pays pauvre très endetté) avec à la clé l’abandon des dettes par nos créanciers bilatéraux et a signé le Cd2. Il est arrivé que des fonctionnaires n’utilisent pas ces fonds pourtant logés à la Beac faute de projets parce qu’ils n’y trouvaient pas leur intérêt culture de pourcentage obligeant. C’est dans ce contexte que le projet de l’émergence a vu le jour sans que l’on ait fait le point des précédents à savoir : santé pour tous en l’an 2000, la lutte contre la pauvreté, le bout du tunnel, l’électrification villageoise, la téléphonie rurale, les objectifs du millénaire annoncés il y’a 25 ans. L’on nous renvoie à nouveau à 25 ans au futur pour l’émergence de notre pays comme si nos dirigeants pensaient que plus personne ne sera témoin de ce mensonge au peuple une fois l’échéance arrivée. Les axes de cette émergence semblent être la construction des barrages, des routes, des ponts même si le début des travaux du pont sur le Wouri semble être renvoyés aux calendes grecques y compris la pose de la première pierre. Le hangar devant abriter les cérémonies de pose de cette pierre, à été démonté avant usage.
Un accent particulier est mis dans le cadre de cette émergence sur une politique esclavagiste de culture et de production des produits de rente (café, cacao, palmiers à huile, hévéa, etc.) Récemment, une banque de la place a accompagné cette vision de choses par un gros crédit à long terme octroyé à une grande entreprise exerçant dans l’un de ces domaines. Un livre écrit par le Pca de cette banque quelques années auparavant préconisait autre chose. Les populations ont envisagé de se constituer en Gic (groupement d’intérêts communs) pour introduire des dossiers d’obtention des plants et des instruments aratoires à hauteur d’un million de francs par Gic pour en réalité ne recevoir des produits équivalents qu’à hauteur de 375 000 (Trois cent soixante quinze milles) francs non remboursables, la différence de décaissement 625 000 (Six cent vingt cinq milles) francs revenant aux fonctionnaires. Ces populations vont s’en contenter considérant que ce qu’ils ont reçu ne représente qu’un cadeau et qu’il est inutile de se plaindre sur la différence entre le montant sur papier et la valeur des plants reçus.
Nos dirigeants tétanisés par la volonté et les recommandations de ces créanciers et multinationales vont ainsi transformer les populations dont ils ont la charge en esclaves des temps modernes ; les populations qui au soir de leur vie n’auront droit à aucune sécurité sociale quoique la vente de leurs produits participent à l’élaboration de la balance de paiements.( cette balance est aujourd'hui largement déficitaire du fait de la baisse de production de certains produits dits de base. La majorité d’entre eux vont passer par les blocs opératoires pour des hernies dues aux rudes travaux. Il n'y a qu'à faire un tour dans les services chirurgicaux des hôpitaux d'Ebolowa, Sangmelima, Nguelemedouka , Nkongsamba, Dshang, Ndop, Kaïkaï, Kumba, etc… etc…, pour avoir les statistiques sur le nombre des planteurs ayant subis des opérations des hernies inguinales. Il est à noter qu’ils ne recevront jamais le juste prix de leur production, celui-ci étant fixé par l’acheteur et d’autant que l’Etat s’est désengagé de la filière avec le diktat du concept de la mondialisation. Ils ne consomment non plus les produits pour lesquels ils se fatiguent tant. Certains n’arrivent pas à envoyer leurs enfants à l’école encore moins ou jamais dans les grandes écoles. Il est difficile de voir l'enfant d'un planteur de petite production où d'un pauvre accédé à une école de commandement. En réalité, il s’agit d’un domaine d’activités extrêmement pénible constitué d’obstacles de toute sorte. La réflexion sur le sujet de la préparation du terrain, du planting, du désherbage, de l’entretien phytosanitaire, de l’engraissage, de la récolte, du transport des produits, du séchage, du conditionnement ferait l’objet de plusieurs tomes d’études.
Pendant que nos parents sont réduits en esclaves des temps modernes courbés sous des arbustes qui produisent des petits fruits nécessaires au tournage des usines de nos maîtres, ces créanciers partenaires des Cd2 et autres s’arrogent les droits d’exploitation de notre sous sol (or, diamant, manganèse, cobalt, fer, cuivre, uranium, bauxite) sans oublier le précieux pétrole et ne reversent que les 10 % des revenus de la production à nos Etats budgétivores.
Il arrive qu’un jour les populations d’un tel pays se soulèvent du fait du poids de la misère, ce que nous ne souhaitons pas ; leurs dirigeants vont envoyer leurs soldats les tirer dessus à balles réelles après les avoir arrosés de gaz lacrymogène et de canons à eau. Ceux qui vont réussir à fuir les affrontements souvent sanglants, vont être placés dans des camps ; ils vont recevoir de la part de la communauté internationale des tentes, des denrées alimentaires issues du déstockage de leurs magasins, des biscuits, de l’eau etc. Face à la crise humanitaire qui va s’en suivre, les Msf (Médecins Sans Frontières) vont prendre le relais de l’assistance humanitaire au titre de la solidarité entre les peuples. Les armes seront vendues ça et là. Les moyens de force utilisés par le pouvoir en place constitué d'amis et de sujets d'hier seront d'écriés. Les rebelles seront soutenus au nom du droit des populations à plus de liberté. Ceux qui vont s'auto –désigner représentant du peuple meurtrie, seront placés au pourvoir par une communauté internationale donneuse de leçons de paix et de démocratie. La facture des munitions sera énorme. Le sous sol avec la nouvelle équipe issue du désordre, continuera être exploitée à grosse et belle dent. Que d’hérésie et d’hypocrisie ! Dans ces conditions, nous ne voyons pas, par où passera l’émergence pour nous atteindre en 2035. Ne nous y trompons pas, un pays de rente ne se développe pas. Les slogans ne constituent pas les fondamentaux de l’émergence.
Pour y parvenir, un pays doit mettre sur pied une véritable politique de construction des infrastructures immatérielles : éducation, formation de la jeunesse devant donner lieu à l’émergence des scientifiques capables d’inventer, d’innover dans leur domaine de connaissance et soutenus par une industrie compétitive. Seul l’apport des scientifiques, c’est-à-dire de la matière grise avec à l'appui des laboratoires modernes suffisamment équipés et des moyens subséquents mis à leur dispositions, peut nous permettre d’entrevoir le chemin de l’émergence. Que l’on ne nous parle surtout pas de l’absence de moyens financiers au regard de l’ampleur des détournements opérés par ceux là même qui ont en charge la conduite du destin du pays. Voici une année scolaire qui vient de s’achever. Depuis 2011, le chemin de l’émergence annoncé pour 2035 est à sa dernière année de parcours. Au lieu de mener une réflexion profonde et critique au sujet des résultats obtenus par les enfants aux examens de fin de l’année scolaire 2012- 2013, nos dirigeants ont trouvé mieux d’organiser les élections couplées municipales et législatives pour distraire les élèves, les étudiants et les parents vrais sujets de l’émergence à laquelle on aspire. Nous allons au cours d’une prochaine sortie livrer notre contribution sur les problèmes éducatifs qui se posent à notre jeunesse et formuler des propositions réalistes basées sur une justice sociale plus équitable. L’éducation de notre jeunesse incombe aux parents, aux enfants aux hommes, de métiers et aux politiques qui doivent avoir une vision claire et commune sur la qualité des enseignements, les contours de ses problèmes qui résolus, conduisent à la voie de l’émergence. Alors qu’on arrête de mentir au peuple.
Nous avons précédemment dit qu’un pays de rente n’aspire pas à l’émergence. Pour y parvenir l’on doit mettre un accent particulier sur la matière grise par l’éducation, la formation, l’encadrement particulier des génies créateurs, des scientifiques qui produiront des biens à mettre sur le marché mondial grâce à une industrie compétitive, des laboratoires performants et des moyens subséquents à mettre à leur disposition. Il ne sera plus question d’actes isolés. Comme parent observateur du milieu scolaire, nous allons essayer d’explorer notre système éducatif et formuler quelques propositions pour son amélioration. L’enseignement est réputé par décret comme étant gratuit dans notre pays. Cependant, l’Etat ne pouvant pas tout seul assurer sa mission régalienne d’éducation de sa jeunesse laisse le soin à deux catégories d’intervenants dans ce secteur. Les privés confessionnels, catholiques et protestants et les privés laïcs qui apportent un appui à sa politique par la création d’établissements scolaires. Les enseignements sont structurés autour de trois ou quatre ensembles. La maternelle qui n’existe que dans les villes, le primaire, le secondaire, l’enseignement supérieur auquel il convient d’annexer les grandes écoles où accèdent difficilement les enfants des pauvres. Ces différentes étapes de formation donnent lieu aux diplômes ci-après : le Cepe, le Bepc, le Probatoire, le Baccalauréat, le Bts, la Licence, les Masters, le Doctorat l’agrégation chez les francophones. Le First school leaving certificate, l’Ordinary level, l’Advanced level, le Degree, le Master degree, le Phd, etc. Les enseignements techniques moins développés chez nous, à tort, ont leur équivalence. Pour se présenter à ces différents examens, l’élève constitue un dossier qui passe par le chef d’établissement avec paiement des frais et timbres divers. Il a bravé année après année les évaluations des classes intermédiaires. Ces frais de dossiers sont parfois détournés par quelques responsables véreux. En plus du dossier du Cep en fin du cycle primaire, il y a celui du concours d’entrée en classe de sixième avec ses frais. La moyenne d’admission à ce concours est souvent placée très haut ; elle ne laisse place qu’à quelques candidats dont le nombre sera complété par recrutements payants aux montants variant entre cinquante et cent mille francs Cfa et ce malgré les interdictions ministérielles. Ceux des enfants qui ne pourront pas passer par ces deux chemins vont soit présenter des concours d’entrée dans les collèges privés. Une autre tranche d’enfants vont se faire arnaquer par des promoteurs des établissements clandestins qui recrutent les recalés, perçoivent les scolarités moins élevées, et cherchent à faire présenter leurs élèves aux examens dans les rangs des établissements autorisés à fonctionner contre frais de cautionnement. C’est souvent la catastrophe lorsque ces négociations n’aboutissent pas. Le responsable d’un tel établissement se fond dans la nature et abandonne les enfants à leur sort.
Malgré la gratuité de l’enseignement décrétée, tout se paie : du crayon, du bic, des cahiers, des livres que l’on change presque tous les ans, des frais d’inscription, des associations des parents d’élèves dont certaines sont très mal gérées, des frais de travaux dirigés dans les classes d’examens des frais des centres multimédia, des frais de scolarité qui varient selon les établissements privés et universitaires, des tables bancs, etc… Ces frais de scolarité sont de cinquante mille francs dans les universités d’Etat.
L’Etat construit des salles de classes du primaire, du secondaire et des institutions universitaires publiques aux alentours desquelles on retrouve des débits de boissons. Il arrive que les parents eux-mêmes construisent les salles de classe du primaire et du secondaire. Lorsque l’Etat ne l’a pas fait et que les parents ne le peuvent pas, faute de moyens, leurs enfants fréquentent sous des tentes, sous des branchages ou à l’air libre : ces cas ont été observés au Nord et au Nord-Ouest. L’Etat recrute sur concours forme et paie les enseignants qu’il affecte dans ces établissements. Lorsque leur nombre n’est pas au complet le chef d’établissement recrute sur place les maîtres ou les professeurs dits des parents d’élèves. Ils sont rémunérés par la caisse de l’association de ces parents. Ces enseignants n’ont ni la motivation, ni la formation, ni la vocation nécessaire à l’exercice de ce précieux et noble métier. Ils sont en outre mal payés de même que les professeurs titulaires des collèges privés que recrute directement leur fondateur sur avis des délégués régionaux. Leur nombre est complété par les vacataires diplômés des écoles de formation qui viennent y dispenser des cours au galop d’un établissement à un autre ; l’essentiel pour eux étant d’émarger. Les élèves des établissements privés paient une scolarité variable selon les établissements de la maternelle du secondaire à l’Université. Ceux qui ne s’acquittent pas de cette scolarité sont renvoyés et peuvent passer une année blanche. Elle permet de payer les enseignants, le personnel administratif, les charges de gestion, les charges patronales, etc… Certains chefs d’établissements qui retiennent les cotisations sur les salaires de leur personnel ne les reversent pas à la Cnps ou ne paient pas les frais de travaux dirigés aux enseignants qui à leur tour refusent de dispenser ces cours. Les grèves s’en suivent. Les résultats aux examens de fin d’année seront mauvais. Le conseil de délibération va baisser les notes d’admission à 7 ou 8/20 et harmoniser les résultats à 10/20. Malgré cette pratique, le pourcentage de réussite sera toujours mauvais moins de 50%. Le niveau des enfants sera lamentable, ils le traîneront presque toute leur vie. Des étudiants trichent lourdement à l’Université avec parfois la complicité de quelques enseignants. L’important pour cette catégorie d’étudiant c’est d’avoir le diplôme par tous les moyens ; d’autres se procurent tout simplement des faux diplômes. Leur clandestinité à l’Université se découvre dans leur incompétence une fois recrutés à un emploi sur recommandation ou passe droit comme c’est souvent le cas. A chaque fin d’année, l’Etat verse une subvention aux établissements privés du primaire au secondaire et un paquet minimum aux établissements publics dont les montants sont toujours décriés. Ces subventions sont considérées par certains fondateurs comme des superbénéfices et ne concourent pas à l’amélioration des conditions salariales des enseignants. Elles varient d’un établissement à l’autre et font sans doute l’objet de paiement des retro commissions au gestionnaire des dossiers ce qui permet aux bénéficiaires complices d’être retenus en bon pallier l’année suivante.
Dérouler le système éducatif camerounais avec ses disfonctionnements est une tâche très ardue tellement le domaine est complexe et ses résultats propices à l’enfoncement du pays vers plus de misère. Au regard des tares que soulève ce texte, nous proposons les pistes d’amélioration suivantes :
I- Au niveau primaire
a) Introduire les enseignements agricoles à partir du Cei pour permettre aux enfants qui ne peuvent continuer en sixième pour une raison ou pour une autre de s’installer dans les campagnes et freiner l’exode rural. Les terrains d’expérimentation de ces enseignements seront utiles à cet effet dans les zones où cela est possible.
b) Diminuer le coût de construction des salles de classe en les réalisant en matériaux locaux dans certaines localités.
c) Eliminer le concours d’entrée en classe de sixième et inscrire les enfants sur la base des résultats du Cepe pour mettre fin au marchandage des recrutements pourtant interdits et atténuer les souffrances financières des parents pauvres.
II- Au niveau secondaire
a) Changer la domination de collège privé en lycée privé pour placer tous les établissements et leurs enseignants au même pied d’égalité psychologique.
b) Recenser et affilier à la Cnps tous les enseignants du privé.
c) Mettre fin aux fonctions des vacataires dans les établissements privés afin que les professeurs du public se mettent résolument à la disposition de leurs élèves et à la recherche.
d) Reverser mensuellement aux enseignants du privé, les primes de technicité et de recherche en remplacement des subventions aux fondateurs pour plus de motivation et d’incitation à la fonction par augmentation de leurs revenus.
e) Leurs salaires seront virés dans les banques de leur choix et les numéros de comptes communiqués à qui de droit pour la domiciliation de ces primes.
f) Créer des petits laboratoires dans les lycées d’Etat et les lycées privés comme c’est déjà le cas dans les formations anglophones.
g) Créer et encourager la création de plus d’établissements de lycées techniques.
h) Mettre fin au recrutement des maîtres et des professeurs des parents d’élèves
i) Reverser les cotisations des parents d’élèves dans les structures étatiques pour plus de contrôle.
III- Au niveau universitaire
a) Pallier au déficit infrastructurel : amphis, laboratoires, équipements, bibliothèques virtuelles et physiques cités, etc…
b) Réinstaurer les bourses mensuelles aux étudiants et supprimer les scolarités.
IV- Au niveau national
a) Créer un centre national de recherches équipés de laboratoires placé sous la responsabilité d’un chercheur de renom et construit dans un endroit calme et isolé avec un niveau de sécurité requis.
b) Y affecter des chercheurs qui auront pour seule mission la recherche et faire appel à la diaspora.
c) Transformer par la science et la technique une partie des produits de notre sous-sol sur place grâce aux connaissances de nos chercheurs.
Ce n’est qu’à cette ultime étape que nous parlerons de l’émergence dans un pays où les règles de la démocratie auront été clairement définies et appliquées. Le déficit de la démocratie dans un pays qui aspire à l’émergence constitue des énormes nuages qui obscurcissent son ciel et cachent les rayons solaires, le clair de lune et les énergies astrales aux esprits créateurs de son peuple. Elle s’accommode mal des vernis et des jonglages de toutes sortes.
*Citoyen engagé
Trésorier Général de l’AFP