Visiblement, le parti au pouvoir ira aux élections couplées du 30 septembre 2013 sans organiser ses primaires. Ce qui n’est pas du goût de tout le monde. Alors pas du tout !
«Peut-on tenir les primaires en 15 jours ? » La question est insidieuse. Voire moqueuse. Mardi, 02 juillet dernier, le président de la République conformément à ses prérogatives légales convoque le corps électoral pour l’élection des députés et des conseillers municipaux du 30 septembre prochain. Dans les esprits «rdpcistes», l’échéance semble lointaine. Sauf que le code électoral stipule que les partis politiques disposent de quinze (15) jours à compter de la date de convocation du corps électoral pour faire parvenir à Elections Cameroon (Elecam) le dossier de ses candidats. Dans le cas d’espèce, ce délai échut le 17 juillet.
Pis, la loi ne prévoit guère de possibilité d’extension de cette borne légale. Rendu à ce jeudi (soit deux jours après la convocation du corps électoral par le président de la République), il ne reste plus que 13 jours pour le dépôt des différents dossiers de candidatures. Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) peut-il tenir ses primaires dans ce laps court de temps ? Des observateurs avertis en doutent. Certains militants veulent y croient. D’autres, plus nombreux encore, crient leur mécontentement. Pour cause, à leurs yeux, les investitures tant détestées semblent s’imposer dans la mesure où l’étroitesse des délais parle en sa faveur. «C’est inadmissible que le sommet du parti procède au choix des candidats aux législatives et aux municipales. Qui voudrait encore croire que le Rdpc est attaché à la démocratie.
Je voterai contre mon propre parti. Je voterai pour l’opposition. Trop c’est trop ! », tranche vif Jean Claude N., président de sous-section pourtant connu pour sa modération politique. C’est dire… «Même le Sdf [Social democratic front] a tenu ses primaires. Il y a eu certes des grincements de dents, mais ses militants en sont sortis avec la fierté qu’ils comptent, que leur avis a été sollicité dans le choix des candidats du parti à la future compétition législative et municipale. Qu’est-ce qui nous a empêché au Rdpc de tenir les nôtres alors que nous avions un avantage de taille en la personne de notre président national, Paul Biya, qui se trouve être également le président de la République. Notre hiérarchie, jusqu’à la date du 02 juillet, étant la seule personne à connaître la date du scrutin législatif et municipal. Curieusement, nous voilà pris à la gorge par le temps», se désole Charles G., militant de base tout aussi choqué que des milliers de centaines d’autres de ses camarades. Le Rdpc est plus que jamais guetté par un vote sanction de sa base.
Pourtant avant les élections couplées de 2007, le parti de Paul Biya avait tenu ses primaires. Elles ne furent pas exemplaires de transparence et de démocratie, néanmoins la base s’était exprimé et en fut heureuse. Les résultats nationaux sanctionnés par une large présence des élus Rdpc tant à l’Assemblée nationale que dans les conseils municipaux témoignent de la reconnaissance des militants dans les candidats du parti.
Fame Ndongo.
Hier, le secrétaire à la Communication du Rdpc a raté une bonne occasion de se taire. Resquillant comme à son habitude les médias, Jacques Fame Ndongo a crânement déclamé que les candidats du parti (Rdpc, bien sûr) seront désignés parmi les militants convaincus, intègres, loyaux et appréciés. En d’autres termes, les investitures pourraient prévaloir au détriment des primaires. De quoi briser les dernières illusions sur le caractère démocratique du Rdpc. Vous avez dit le fait du prince ?