Législatives et municipales : Ces familles qui confisquent le Rdpc

Cameroun - Législatives et municipales : Ces familles qui confisquent le Rdpc Des ministres, des Dg, de hauts gradés de l’armée et une bonne partie des dignitaires du parti ont manoeuvré pour investir des proches.

«L’idée des investitures au Rdpc avait pour but de positionner des amis. Vous verrez que beaucoup de listes du Rdpc seront rejetées. Beaucoup de ces listes seront éliminées parce que la composition est familiale. » On lui reprochera certainement d’être excessif dans son propos, mais, Charles Ateba Eyene, membre du comité central du Rdpc, traduit, quoique de façon caricaturale, des pratiques de népotisme que de nombreux militants du parti au pouvoir ont dénoncées lors des investitures pour les élections législatives et municipales du 30 septembre prochain.

Ministres, Dg de sociétés d’Etat et toute la bourgeoisie du parti voulaient favoriser l’investiture des membres de leurs familles, parfois en usant d’une palette de méthodes aussi déloyales les unes que les autres : corruption, intimidation, trafic d’influence, coups bas. Certains ont réussi dans leur manoeuvre alors que mal en a pris d’autres. Dans les Hauts-Plateaux, à Baham, Augustin Kontchou Kouomegne en est venu aux mains avec le secrétaire général de la section Rdpc, Claude Kamdem. Lequel n’a pas supporté que l’ancien ministre de la Communication veuille absolument investir son épouse Françoise pour le compte des élections législatives.

Non loin de là, dans le Koung-Khi, à Bandjoun, Victor Fotso, candidat à sa propre succession à la mairie, s’est battu pour faire passer les candidatures de ses gendres : l’ancien Lion Indomptable Jérémie Njitap pour un siège de député et Bernard Fongang pour les législatives dans les Hauts-Plateaux. Le milliardaire ne s’est pas arrêté là. Il a décroché son téléphone depuis Bandjoun pour aider l’une de ses épouses, Joséphine, à conserver son poste de député dans les Bamboutos.

Même les militaires Dans le Haut-Nkam, Lucien Wantou Siantou, le maire de Bakou, qui a été investi plutôt pour les législatives, n’a pas voulu totalement abandonner la mairie. Son dessein : céder le siège à son épouse. Dans la Sanaga Maritime, ce sont les Dg de sociétés qui ont fait la pluie et le beau temps. Louis Yinda, le patron de la Sosucam, a pesé de tout son poids pour l’investiture de sa tendre moitié, Yvette. Perrial Nyodog, le directeur général de Tradex, quant à lui, a joué de son influence pour que son épouse soit candidate à la candidature pour le compte du Rdpc. Un autre Dg qui voyait son épouse en écharpe tricolore d’élue, c’est Jérôme Mvondo, le directeur général de la Sodécao.

Dans le Sud, le ministre Jules Doret Ndongo, absent du pays lors des investitures, est accusé d’avoir favorisé l’investiture de son épouse à la mairie de Bipindi. L’actuel secrétaire général du Sénat, Meva’a m’Eboutou a lui aussi favorisé l’investiture de sa moitié à la mairie de Sangmelima. Mebé Ngo’o, le ministre de la Défense, n’a pas eu beaucoup de chance. Sa belle-soeur, Philomène Manga, qu’il voyait bien candidate à la députation dans la Mvila centre a échoué. Les collaborateurs du Mindef, les anciens commandants de la Garde présidentielle, le contre-amiral Jean Mendoua et le colonel Etoundi Nsoé ont visé plus juste pour leurs femmes, qui pourraient siéger à l’hémicycle de Ngoa-Ekellé.

A l’Est, le sénateur Jean Mboundjo, maire de Ndélélé depuis 18 ans, est accusé d’avoir usé de toute son influence pour placer quatre membres de sa famille dans le conseil municipale. Dans une requête adressée au secrétaire général du comité central du Rdpc par des militants dissidents, les noms sont cités : Kombo Thomas (oncle), Alexis Gabela (cousin), Bah Konga (petit frère), Mboundje Mbantoua (neveu).

© Le Jour : Jean-Bruno Tagne


30/07/2013
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