«L’engouement des populations à retirer leurs cartes d’électeurs nous fait penser que nous atteindrons nos objectifs, car nous sommes déjà à 77% de réalisation». Ainsi s’exprimait hier, mardi 27 août 2013, Marie Rose Nzié le chef de la cellule de la communication d’Election’s Cameroon (Elecam), jointe au téléphone par Le Messager.
Avec le soutien du Comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), l’Institution en charge de l’organisation des élections au Cameroun a déjà distribué plus de 3 millions de cartes sur les quelque 5 millions imprimées. Mais les méthodes de travail des équipes d’Elecam sur le terrain laissent pantois. Subjugués par l’envie de faire des résultats à tous les prix et d’empocher l’argent débloqué par le parti au pouvoir pour mener cette opération, certains mandataires envoyés sur le terrain par Jean Nkuete font distribuer à tout vent les cartes, violant ainsi la règle d’identification préalable des propriétaires.
La présentation d’un récépissé d’inscription dûment établi par Elecam est la seule condition à remplir pour entrer en possession d’une carte d’électeur. Par conséquent, des lots de cartes sont retirés par des individus, sans pour autant que certitude soit donnée sur leurs destinations finales. «Une seule personne peut retirer autant de cartes qu’il a de récépissés. Il suffit de décharger en y inscrivant le numéro de sa carte nationale d’identité.
J’ai par exemple récupéré 15 cartes appartenant à mes amis et voisins qui n’ont pas assez de temps pour faire cette course», confie un membre de l’organisation des jeunes du Rassemblement démocratique du peuple camerounais qui requiert l’anonymat. Il révèle que des individus auraient même retiré plus d’une centaine de cartes, à redistribuer par la suite.
Mais cette méthode cavalière de travail démontre à suffisance la volonté d’Elecam de se débarrasser de ces cartes d’électeurs, et l’intention du Rdpc de les récupérer par tous les moyens. Simple volonté d’atteindre les objectifs fixés ou tentative de détournement de ces cartes en vue d’orchestrer des fraudes lors du double scrutin du 30 septembre 2013? Difficile de le savoir maintenant. Ce qui reste évident, c’est que le Rdpc a mis beaucoup de moyen pour cette opération de retrait des cartes.
Pour le seul département de la Mifi, 1,5 millions Fcfa ont été mis à disposition par le Comité central. Si l’on suppose que le même montant a été affecté aux 56 autres départements du pays, on se retrouverait à environ 75 millions Fcfa mobilisés pour cette cause. De l’argent que les chargés de mission distribuent sur le terrain, pour encourager des individus à retirer le maximum de cartes possible.
L’on comprend alors aisément pourquoi en un laps de temps, le nombre des cartes distribuées est passé du simple au double. Dans certaines localités, les cartes remises à des chefs de cantons sont considérées comme distribuées par Elecam. Pourtant, elles croupissent encore dans les tiroirs de la chefferie. D’autres encore déchargées par des présidents de comités de base du parti au pouvoir tardent d’être récupérées par leurs propriétaires.
Pourtant, Elecam crie déjà victoire, arguant avoir déjà distribué 77% des cartes. Une victoire pourtant loin d’être acquise. En attendant, des indiscrétions révèlent que des individus sillonnent les quartiers et se présentent comme étant de bons samaritains disposés à collecter les récépissés d’inscription sur les listes électorales. Récépissés qui leur permettront par la suite de récupérer les cartes d’électeurs à remettre à leurs propriétaires. Vigilance!