Les deux cas de décès survenus au Nigeria augmentent les risques de contagion de la région.
Le 9 août 2014, un message d’alerte a circulé faisant état d’un cas de contagion de virus Ebola à Douala. Mais aucun communiqué officiel des autorités sanitaires camerounaises n’a confirmé cette information. Ces mêmes autorités sanitaires sont toutefois unanimes sur une éventuelle propagation de l’épidémie du virus Ebola au Cameroun. «Les risques d’importation de cette épidémie chez nous sont réels», a confirmé André Mama Fouda, ministre de la Santé publique (Minsanté) le 8 août 2014, face à la presse.
L’épidémie sus évoquée n’est autre que celle du virus Ebola apparue le 25 juillet 2014 au Nigeria voisin et qui y a déjà fait deux morts, avec neuf cas confirmés jusqu’à hier soir. «La frontière entre le Nigeria et le Cameroun est une longue frontière et les risques sont les mêmes», ajoute le Dr Brekmo Kaoussiri, chef de lutte contre le choléra et les épidémies dans l’Extrême Nord. Même si jusqu’à ce jour, «aucun cas suspect n’a été déclaré au Cameroun» comme l’a précisé le Minsanté, la menace reste tout de même réelle.
En effet, les mouvements des populations et les échanges commerciaux entre l'Extrême-Nord du pays et le Nord-Est du Nigeria sont importants, ce d’autant que les deux parties constituent une même aire socio-culturelle et font face désormais à des dangers communs: les attaques du groupe islamiste Boko Haram, l’épidémie de choléra et, si rien n’est fait, l’épidémie d’Ebola. En abordant les trois situations d’urgence sanitaire les plus préoccupantes de l’heure au cours de la conférence de presse du vendredi 8 août, André Mama Fouda a tenu à préciser que «face à cette situation, le ministère de la Santé publique a mis en place un comité national de réponse aux épidémies et urgences sanitaires».
Voilà pourquoi des actions sont déjà menées à l’instar de la surveillance renforcée dans tous les districts de santé frontaliers. Aussi, des unités de prise en charge et d’isolement des cas sont déjà identifiées dans nos hôpitaux comme ceux de Douala, Garoua, Maroua et Ngaoundéré. En ajout à ces mesures, «la République démocratique du Congo a mis à notre disposition deux kits Ebola comprenant une centaine de tenues de protection pour le personnel de médical», rassure le Minsanté. Et de prescrire les mesures suivantes : «éviter de saluer avec les mains, bien se laver les mains avant les repas, éviter les points de forte concentration humaine».
Le comité d'urgence de l'OMS qui s’est réuni les 6 et 7 août 2014 à Genève a été unanime sur le fait que «les Etats doivent se préparer à détecter et traiter des cas de malades Ebola» et «à faciliter l'évacuation de leurs ressortissants, en particulier les personnels médicaux, qui ont été exposés à Ebola». Et dans la région la plus concernée du pays, le Dr Brekmo soutient que «la sensibilisation des points focaux a commencé à Douala et s’est étendue ailleurs. Nous avons donc été imprégné de la situation et avions suivi un renforcement des capacités et de surveillance». Car, «il n’existe pas de traitement spécifique contre le virus Ebola, mais un traitement symptomatique initié de façon précoce permet de sauver 40-50 % des personnes atteintes», dixit André Mama Fouda.