(Fable
françafricaine de Théophile NONO).Le pastiche ci-dessous de « Le Loup
devenu Berger » (Jean de Lafontaine) est une pique amusante à l’endroit
des roitelets de « notre » trop malfaisante « Françafrique ». On doit
la lire comme un prélude aux bouleversements de demain où, d’une
situation apparemment léthargique et plutôt désespérée, jaillissent des
lueurs de changement.
Un Prince qui commençait d’avoir petite part
Aux égards dans son territoire,
Crut qu’il fallait s’aider de la peau du renard
Et faire un scrutin à sa gloire.
Il s’habille en vitesse, use un nouveau langage,
Fait sa mallette de ce bagage
- Sans oublier le porte-voix -
Pour pousser jusqu’au bout dans sa malice voie,
Il aurait volontiers écrit, noir sur blanc tout de go :
C’est bien moi le meilleur, regardez ma Merco.
Sa personne étant ainsi faite,
Et ses pieds en avant posés sur la banquette,
Arpente crânement le triste sycophante
A bord de sa grosse cylindrée rutilante.
Le peupl’, noyé dans ses problèmes,
Dormait alors profondément ;
Ses soi-disant leaders, eux, roupillaient sans gêne ;
Les frileux « exilés » dormaient pareillement.
L’hypocrite les laissa faire.
Et pour pouvoir aux urnes mener tout ce beau monde,
Il crut bon distribuer force mambas1 à la ronde,
Chose qu’il croyait nécessaire.
Mais cela gâta son affaire,
Il ne sut du peuple enclencher la vraie joie.
Le discours qu’il usa fit retentir les voix,
Et découvrir tout le mystère.
Chacun maintenant veut mettre un siège
A ce sordide gros piège :
Les masses, ses leaders, les troufions.
Le pauvre Prince, dans cet esclandre,
Bloqué par la révolution,
Ne put ni fuir ni se défendre.
Toujours par quelque endroit, fourbes se laissent prendre.
Fossoyeurs d’élections, c’est à vous que j’écris :
Pensez-vous pour toujours, toujours être à l’abri ?
1 Mambas verts : anciens billets (verts) de dix mille francs CFA de la Banque ses Etats d’Afrique Centrale (BEAC).