Le soutien à Paul Biya divise la base de l’Undp

Présidentielle 2011. Des cadres du parti dans le septentrion demandent aux militants de de boycotter le scrutin du 09 Octobre prochain. 
 
Rien ne va plus au sein de la base de l’union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp) dans le grand Nord. Depuis samedi dernier, c’est le qui-vive après l’annonce du désistement du président de ce parti au profit du candidat du Rdpc à la présidentielle du 09 octobre prochain. 
Ce ralliement est perçu par les militants de l’Undp de Maga, Garoua, Yagoua, Mayo Tshanaga, Kousseri et Ngaoundéré, fiefs incontestés du parti, comme l’ultime trahison de Bello Bouba Maigari. 
 
Au siège régional de l’Undp au quartier Sabongari à Ngaoundéré, les militants portent ce qu’ils considèrent comme «le  deuil, la déception et la trahison ». Tous, de manière unanime disent vivre la seconde mort de l’Undp. En l’absence du coordonnateur régional de l’Undp dans l’Adamaoua, en pèlerinage à la Mecque, ce sont quelques conseillers municipaux et membres de la section Vina qui animent au quotidien  la permanence du parti. Ils disent être là pour donner la bonne information, mais aussi pour éclairer la lanterne des militants. «Nous ne comprenons pas la décision de nous vendre au Rdpc. Je crois que le mieux serait de demander à nos militants de s’abstenir le jour du vote », a confié Alhadji Saidou, membre de la section Undp de la Vina.  Cet avis n’est pas partagé par un autre militant que nous approchons.
 
Décision réfléchie 
Selon lui, la décision de Bello Bouba Maigari a été réfléchie et est la meilleure : «On a besoin de reconstruire le parti et cela nous permettra de rebondir plu tard ». Argument soutenu par un cadre de l’Undp dans la région du Nord. Selon lui, « une décision a été prise par le comité central du parti. Bello ne pouvait pas aller à l’encontre de la décision.  Il y a eu aussi le mea-culpa du prédisent national du Rdpc et, unanimement, l’Undp l’a accepté. Il est question  maintenant d’expliquer le pourquoi de la non-candidature de Bello et le nouveau partenariat gagnant pour l’Undp ». 
 
Pour le 2eme adjoint au maire de la commune de Ngaoundéré 1er, Alhadji Oumarou Djalo, « il faut dire les choses tel qu’elles sont. L’Undp n’était pas prête pour les élections et il fallait conjuguer avec un candidat sérieux et il n’y a que le candidat du Rdpc qui remplissait ces conditions». Une déclaration qui ne convainc pas les militants de la base. « Bello est en train de vouloir tuer le parti. Nous n’avons pas été consultés à la base sur ce soutien à apporter au candidat du Rdpc. vous croyez que cela me réjouit ? Que non ! mes militants et moi allons-nous décider plu tard. Ce qui est sûr c’est que nous n’allons pas voter pour M Biya », affirme  Hadja Néné, la présidente du mouvement des femmes de l’Undp de Tongo. « Nous sommes déçus par la décision de M Bello qui ne prend pas en compte l’intérêt général mais son propre intérêt. Nous n’allons pas demander à nos militant de voter le Rdpc ; Chacun fera ce que lui dicte son cœur », ajoute Zigla Wendi.
 
Bello Bouba
 L’Undp vit t-il ses derniers instants de gloire dans le septentrion ? Le secrétaire général de la section de la Vina ne veut pas le croire. «Mieux vaut aller en bloc et gagner que d’aller en rangs dispersés», soutient-il. Pour M. Bamanga Diallo, la plateforme entre le Rdpc et l’Undp est le sujet qui fâche le plus les militants et qui conduira le parti vers sa fin. « Tant que Bello Bouba Maigari est président du parti », déclare Mal Ibrahima président de sous section Undp de Joli soir à Yagoua. Pour lui, comme pour bon nombre de ses camarades et militants, le président national et quelques uns de ses amis ont tué le rêve des militants de voir l’Undp diriger le pays. « Nous ne savons quoi dire. Accepter de soutenir une politique que nous avons toujours combattue, et que dire de la mémoire de nos militants tués, enfermés en 2008 dans le Diamaré et le Mayo Tshanaga ?», s’interroge l’honorable Basile Yagai.
 
En attendant la descente sur le terrain des membres du comité central de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès dans les prochains jours, la tension et les appels à l’abstention le 09 octobre prochain se multiplient dans les différentes bases du parti dans le nord du Cameroun. 
 
Adolarc Lamissia

Discorde dans les rangs
 
Est. Les militants de cette région où l’Undp est assez populaire apprécient diversement la décision de ne pas aller à la présiodentielle.
 
Nous avons demandé à notre  président à travers un mémorandum signé par tous les présidents des comités locaux aussi bien des jeunes, des femmes et des hommes de se présenter aux élections, nous avons été surpris d'apprendre par les médias que le camarade Bello ne sera pas candidat. On ne nous a jamais consultés alors c'est inadmissible», déclare Monsieur Ndjaga Osée, le président départemental de l'Undp dans le Haut Nyong. « Pourquoi devons-nous  toujours être des valets du Rdpc ?», poursuit-il.  
 
La déception est si grande que certains militants hostiles à l’alliance  avec le Rdpc soutiennent que leur président utilise le parti pour ses intérêts personnels et qualifient sa décision  de trahison. « C’est une forme de duperie,  on nous avait promis que les choses devaient changer, c’est pour cette raison que  nous sommes sur le terrain depuis longtemps», nous à confié Bernadette Aoudou, la présidente de l’organisation des femmes de l’Undp de l’arrondissement de Manjou. 
 
Le parti, dans la localité de Manjou, considérée comme le bastion de l’Undp dans la région de l’Est, est en voie de s’effriter. Certains militants songent déjà à aller voir ailleurs. «Il n’y’a rien à dire. Le président national a pris une décision, il doit en tirer les conséquences. Je crois qu’il est temps de s’adresser à une nouvelle tribune où on peut être écouté », dit Patrick Eyalla, le conseiller du président régional de l’Undp.  
Par contre une partie des cadres pensent  que la meilleure manière de contrôler le parti au pouvoir c’est de cheminer à ses côtés. «Il y’avait pas de meilleure solution que celle-là, c'est-à-dire soutenir le candidat Biya . Ceux qui contestent cette position le comprendront plus tard, nous sommes un parti qui a pour seul souci le développement de notre pays », nous a confié Amadou Ntanko, le président d’honneur de l’Undp à l’Est.   «Cette décision de ne pas aller aux élections est salutaire et le parti en sortira vainqueur, car nous n’avons pas négocié avec le Rdpc  comme des mendiants. Nous avons parlé d’égal à égal », déclare Ibrahim Ali, le secrétaire régional de l’Undp.
 
Charles Mahop

Une présidentielle en 21 ans
 
Undp. Le parti n’a participé qu’au scrutin de 1992 à la suite duquel son candidat s’est classé troisième.
 
Pendant quelques heures, on s’est mis à penser que Bello Bouba Maïgari, le président de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp), se lancerait dans la bataille présidentielle du 9 octobre prochain. Certains des cadres de son parti le lui demandaient. Il y eut même presqu’une décision dans ce sens, apprend-on de certaines sources. Finalement, à l’issue de la réunion du 4 septembre dernier, la décision du parti a été prise : le maintien du soutien au Rdpc, le parti au pouvoir.
 
Une décision annoncée alors que le secrétaire général du Rdpc, René Sadi, s’était invité à cette réunion du comité central de l’Undp élargie au conseil national. «Je suis venu vous féliciter et vous encourager. Nous sommes des collaborateurs depuis 14 ans. Le président national, qui nous a chargé de venir vous rencontrer, suit de près ce qui se passe dans l’Undp. Il tient à vous remercier pour cette excellente collaboration grâce à laquelle nous avons pu maintenir la paix au Cameroun. Il reconnaît que la plateforme qui nous lie n’a pas été complètement respectée, et que les choses vont s’améliorer», a-t-il déclaré.
 
L’un des arguments des partisans de la candidature de l’Undp à la présidentielle était justement cette plateforme, qui lie les deux partis depuis et dont certains militants pensent qu’elle n’a rien apporté. Après la décision prise le 4 septembre dernier, Bello Bouba Maïgari, le président, a rétorqué : «On crée un parti pour gouverner, mais on peut aussi gouverner avec des partenaires».
L’Undp est née le 25 mai 1990. Son président était alors Samuel Eboua. De retour de son exil au Nigeria, Bello Bouba sera élu président lors du congrès de Garoua des 4 et 5 janvier 1992. Il sera troisième à l’élection présidentielle d’octobre 1992, derrière le Rdpc et le Sdf. Le parti va boycotter ma présidentielle de 1997 et s’allier au Rdpc lors de celle de 2004. C’est cette alliance qui conduira Bello Bouba au gouvernement. Il est actuellement ministre d’Etat en charge des Transports.
 
Jules Romuald Nkonlak

Votre avis : Que pensez-vous du désistement de l’Undp ?
 
“C’est un non événement”   : Aboubakak Alhadji, Etudiant
Bello est dans le gouvernement de Biya depuis des lustres. Ça suppose qu’il  est responsable du bilan de ce gouvernement. Il serait ahurissant qu’il soit le challenger de quelqu’un qui l’a nommé, et sous les ordres de qui, il travaille. Et puis, il s’agit d’une  alliance, qu’il a juste renouvelée avec le Rdpc. Seulement, il doit venir dans le grand Nord, expliquer à ses militants cette décision à mon avis attendue.
 
“Bello a exagéré ”  :  Ibrahim Adam, élève-journaliste
 Bello est le leader politique dans le grand Nord. Il est décevant de se rallier au Rdpc sachant que ses militants sont galvanisés. Cette décision irresponsable laisse pantois plus d’un. Je reste convaincu qu’il y aura un taux important d’abstention dans le grand Nord. Il revient maintenant à Garga Haman Adji  de prendre la place de leader dans le septentrion. Bello ayant montré ses limites.
 
 “C’est une sage décision  ”  :  Hadja Djali, ménagère
 Nous irons voter le Rdpc comme il nous dit. Ça nous épargne des rivalités politiques, qui sèment des zizanies même entre les frères. Et puis, et c’est le plus important, le grand nord ne sera plus regardé comme étant une sous région de l’opposition. Le pouvoir, je l’espère, nous accordera une attention particulière. Et ce sera tant mieux pour d’éventuels projets de développement
 
 “Bello se moque de ses militants”   : Nenné Roukayatou, veuve
Bello Bouba ne voit que ses intérêts. Il se moque carrément de ses militants de base. Cet acte est signe de sa lâcheté. Il a déçu tout le monde. Personnellement, j’attendais de lui tout sauf une telle décision bizarroïde. A mon avis, cette élection n’a plus d’enjeu dans le grand nord, car le leader politique refuse de se mesurer à Biya. 
 
Propos recueillis par Younoussa Ben Moussa (stagiaire)





12/09/2011
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