Cette mesure contestée par les populations viserait à équiper en matériel les comités de vigilance.
A l’initiative des chefs de villages et de quartiers des unités de veille dénommées «Comités de vigilance villageois» ont jadis prospéré dans la région de l’Extrême-Nord. Les promoteurs de ces comités essayaient d’assister les autorités administratives et les forces de l’ordre en proposant des solutions pour faire face à l’insécurité grandissante dans les villages. Avec la recrudescence des attaques de Boko Haram, ces unités sont de nouveau sollicitées pour contribuer à la stratégie de lutte contre la menace que constitue la secte islamique.
Les autorités administratives et militaires ont organisé ces dernières semaines des rencontres pour indiquer aux responsables de ces unités les stratégies et les moyens pour les rendre utile et efficace dans cette lutte. «Le 14 août 2014 à l’issue d’une réunion tenue à l’initiative de Théophile Nguia Beina, sous-préfet de l’arrondissement de Mokolo, et regroupant entre autres, les chefs traditionnels de la localité, il a été décidé que dans le cadre de la lutte contre Boko Haram, que désormais, chaque famille donne 200 Fcfa chaque mois aux membres des comités de vigilance. Aussi, tous les commerçants devront contribuer à hauteur de 100F chaque jour de marché» a annoncé le chef de canton de Zidim, Ousmanou, à ses administrés le 17 août 2014.
C’était au cours d’un culte à la paroisse de l’Eglise baptiste du canton. A peine le chef traditionnel a-t-il terminé sa communication que les populations présentes à l’église ont commencé à manifester leur mécontentement. «Cette décision n’est pas une initiative du sous-préfet que je suis. Ce sont les chefs traditionnels qui ont posé avec insistance les difficultés auxquelles font face les comités de vigilance. L’argent qui sera collecté va servir à équiper en matériel ces comités et à motiver les volontaires qui travaillent au péril de leurs vies.
C’est juste un effort de guerre que nous demandons aux populations. Il faut reconnaitre que les comités de vigilance sont très importants. Ce sont eux qui donnent l’alerte aux forces de défense lorsqu’il y a des mouvements suspects dans les villages», explique Théophile Nguia Beina, sous-préfet de l’arrondissement de Mokolo. Selon lui, pour la réussite de la mesure prise, chaque chef traditionnel de son territoire de commandement est tenu d’avoir un registre où il doit consigner l’argent collecté. Les besoins à satisfaire avec cet argent sont prioritairement l’achat des matériels de sécurité (machettes, torches, bottes, flèches) et ainsi que les bicyclettes pour faciliter la mobilité des membres des comités de vigilance. «A la fin de chaque mois, il y a aura une réunion pour dresser de le bilan de l’argent collecté par chaque chef traditionnel.
C’est au cours de cette réunion que nous allons décider ce que nous pouvons acheter en fonction des moyens disponibles. Cette stratégie permet de gérer la traçabilité des fonds collectés», poursuit Théophile Nguia Beina. A titre de rappel, l’arrondissement de Mokolo a une population de 310 000 âmes. Et le nombre des ménages est estimé à plus de 10 000. Un petit calcul rapide permet de se rendre compte que si chaque famille donne 200 Fcfa, les collectes seront approximativement de 2 millions de Fcfa chaque mois. A cette somme, s’ajoute 100 Fcfa à percevoir par commerçant à chaque jour de marché.