Les parlementaires sénégalais, réunis mercredi en Congrès, ont voté la suppression immédiate du Sénat, que le président Macky Sall avait motivée par la nécessité d'économiser 12 millions d'euros à l'année et de financer prioritairement la lutte contre les inondations.Le congrès, qui réunit les deux chambres du Parlement, "a approuvé mercredi par 176 voix (sur 250 élus, ndlr) le projet de loi portant suppression du Sénat, de la vice-présidence et la création d’un Conseil économique, social et environnemental", a précisé l'agence de presse sénégalaise (APS).
Dominé par les partisans de l'ancien président Abdoulaye Wade, le Sénat s'était opposé à sa propre suppression. Mais l'Assemblée nationale, prééminente, avait eu le dernier mot mardi, la coalition soutenant l'actuel chef de l'Etat Macky Sall étant largement majoritaire à l'Assemblée.
"Les députés effacent les sénateurs", avait titré mercredi un quotidien. Au cours des débats, le député El Hadji Diouf avait présenté le Sénat comme "une institution inutile qui sert à recaser du personnel politique".
Elu il y a six mois, le président Sall avait annoncé à la fin août le dépôt, en urgence, de ce projet de loi constitutionnel pour supprimer le Sénat. "Les ressources prévues pour cette institution - près de huit milliards de francs CFA (plus de 12 millions d'euros) - seront ainsi consacrées à la solution des inondations", avait-il déclaré.
Selon l'APS, les fortes pluies avaient fait "des milliers de sans-abri et une vingtaine de morts dans le pays".
La ministre de la Justice, Aminata Touré, a évoqué mercredi une "rationalisation des dépenses publiques et des institutions".
L’Assemblée nationale reste le seul organe du pouvoir législatif au
Sénégal et son président, Moustapha Niasse, devient la seconde
personnalité de l’Etat. Candidat malheureux par trois fois à la
présidentielle, Moustapha Niasse avait été Premier ministre en 1983 sous
la présidence d'Abdou Diouf puis, en 2000-2001 sous celle d'Abdoulaye
Wade, avant de devenir l'un de ses principaux opposants.
Le poste de vice-président - également supprimé mercredi - n'avait, en fait, jamais été pourvu depuis sa création en 2009, très largement critiquée.
Un projet de loi du président Wade envisageait alors qu'en cas de démission, d'empêchement définitif ou de décès en cours de mandat, le président est remplacé par le vice-président". Beaucoup soupçonnaient alors Abdoulaye Wade de vouloir nommer à ce poste son fils et ministre, Karim Wade, mais il s'était défendu de toute volonté de "dévolution monarchique" du pouvoir.