Les décisions relatives au contentieux préélectoral ont suscité le courroux du parti de Ni John Fru Ndi au cours de la réunion du Comité exécutif du Social democratic front (Sdf) samedi dernier.
«Le cas de Tiko est flagrant. Comment peut-on fabriquer une liste pour le Rdpc ici alors que ce parti n’a pas déposé de liste pour les municipales à l’antenne communale d’Elecam Tiko? C’est inacceptable», s’enflamme Pr Paul Nkwi Nchoji, ministre de la Jeunesse et des affaires sociales du shadow cabinet du Sdf. Il stigmatise ainsi la réhabilitation de la liste du Rdpc par la Cour suprême dans la municipalité de Tiko en vue du scrutin du 30 septembre à venir. C’était lors du briefing de la presse samedi dernier 24 août à la résidence de John Fru Ndi où se tenait la réunion du Comité exécutif national du Sdf.
Béatrice Annembon Munjo, secrétaire à la communication n’en dit pas moins: «Lorsque nos conseils ont présenté leur rapport sur les contentieux qui ont eu lieu cette semaine (la semaine dernière, Ndlr) à la Cour suprême, nous étions tous scandalisés parce que nous ne croyions plus que le Cameroun mérite ce genre de justice kangourou et travestie. La justice avait un penchant pour le Rdpc surtout sur la notion de la ‘composante sociologique’, une notion qui a fait la jurisprudence en 2007 et qui est revenue cette fois-ci. Environ 25 de nos recours en réhabilitation de nos listes aux municipales et 20 sièges à la députation ont été rejetés par la Cour suprême».
Pour Pr Paul Nkwi, «seule la justice peut sauver le Cameroun». Dans cette veine, le Nec préconise avec fermeté «la justice avant, pendant et après», seul gage qui va crédibiliser le scrutin couplé du 30 septembre prochain. Les présidents régionaux du Sdf ont été chargés de passer ce message aux militants, à la population et partant aux pouvoirs publics et structures chargés de l’organisation du double scrutin. « Si les Camerounais sont sérieux, si le gouvernement est sérieux, si Elecam et toutes les parties prenantes sont sérieux, il n’y a rien qui peut sauver ce pays si ce n’est la justice » précise le ministre du shadow cabinet pour qui les Camerounais doivent voter selon leur conscience. Pour lui, on doit cesser d’imposer des leaders aux Camerounais.
On apprendra du secrétaire à la communication que le Sdf va concourir lors du scrutin couplé du 30 septembre dans 117 communes et 63 sièges de députés. «Nous espérons, Dieu aidant, remporter au moins 99% de ces communes et sièges» laisse entendre Béatrice Annembon. Interpellé sur ce nombre réduit de ses candidatures (municipalité: 117/360, députation: 63/180) quand on sait que le Sdf se veut un parti national, le sénateur Paul Haman justifie cet état de chose par «le rejet de nos listes par Elecam et ensuite par la Cour suprême» et par le fait que « chaque région a ses spécificités.
Si je prends par exemple la partie septentrionale du pays où nous ne sommes pas représentés à plusieurs points, il y a un problème de mobilisation des ressources humaines. À un moment donné, le parti est disposé à aider pour pouvoir présenter des candidatures mais quand l’engouement de ressources humaines manque vous ne pouvez certainement pas passer», précise le sénateur Sdf de l’Adamaoua. Pour sa part Béatrice Annembon Munjo souligne la difficulté d’obtention des composantes genre par endroits, et les problèmes financiers notamment la difficulté de paiement de cautionnement pour certains candidats.
L’épouse du questeur bastonnée
Convaincre la population par la présentation d’un projet de société est la principale stratégie qu’entend mettre sur pied le Sdf. Sur la question de l’éventualité des fraudes, la secrétaire nationale à la communication du Sdf est catégorique: «Nous allons rendre la vie difficile aux fraudeurs». Le Nec a recommandé aux présidents régionaux de procéder à la sélection des militants convaincus pour représenter le parti de la balance dans les bureaux de vote le jour des élections. Aussi a été évoqué la collaboration du Sdf avec Elecam dans la perspective d’un scrutin sans heurt. C’est ainsi que le parti de la balance souhaite être associé dans la désignation des scrutateurs.
On n’est pas encore entré en campagne mais dans le département du Donga-Mantung, une certaine animosité s’est déjà installée entre le Rdpc et le Sdf. C’est le cas dans la circonscription électorale de Nkambe centre. On apprendra ainsi qu’un autre sujet qui a préoccupé le Nec est la bastonnade de Mme Mary Awudu, l’épouse du député Awudu Mbaya Cyprien par un militant du Rdpc le 18 août dernier au marché de Wat. Le gestionnaire de ce marché, Ngwayi Ivo, a essuyé la furie des militants du Rdpc pour une histoire de lieu où le parti du flambeau devait tenir son meeting politique ce jour-là au marché. Le gestionnaire du marché en question est toujours hospitalisé suite à cette bastonnade. Le Sdf par la voix du Nec a condamné cette attaque perpétrée sur ses militants. L’affaire est pendante devant les tribunaux de Nkambe.