Le résumé de l’entretien du Mincom jeudi dernier sur les Sénatoriales

Yaoundé, 11 Mars 2013
© Armand ESSOGO | Cameroon Tribune

Issa Tchiroma Bakary a échangé avec des responsables de cinq quotidiens du pays.

Jeudi dernier, le Ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, a eu un entretien avec des signatures connues de la presse écrite nationale. Les responsables des rédactions, venus de Mutations, du quotidien Le Messager, du quotidien Le Jour, de La Nouvelle Expression et de Cameroon Tribune ont relayé toutes les interrogations des Camerounais sur l’organisation des sénatoriales. Sans langue de bois, le porte-parole du gouvernement a apporté des réponses aux questions posées par Xavier Messe, Jean François Channon, Valentin Siméon Zinga, Haman Mana, Nkendem Forbinake et Essama Essomba. Tout en souhaitant des échanges plus fréquents avec les ténors de la presse écrite au Cameroun, le Ministre de la Communication a dit à ses interlocuteurs que le gouvernement a pour objectif de faire comprendre aux Camerounais le bien fondé de l’organisation des élections sénatoriales en ce moment.

A.E.


Sur la légalité et la légitimité des sénatoriales

Sans alimenter la polémique, le Mincom a déclaré que la légitimité et la légalité, c’est l’envers et le revers d’une seule et même médaille. Il fera alors observer que les élections organisées au Cameroun de 1992 à 2007 ont toujours fait l’objet d’une contestation. Et c’est tout le monde qui conteste. Les vainqueurs comme les vaincus ont toujours dénoncé le bourrage des urnes et diverses irrégularités. Le RDPC comme les partis de l’opposition alimentent toujours le contentieux post électoral. Mais pour ce qui est de la convocation du collège électoral pour l’élection des sénateurs, le Mincom a rappelé qu’en 2007, tous les protagonistes de la classe politique ont pris part aux élections législatives et municipales. Issa Tchiroma poursuit en se félicitant de ce qu’à cette occasion tous les politiques ont tiré les leçons de la politique de la chaise vide. Il se réjouit par conséquent de ce que toute la classe politique prend part à toutes les consultations. Il précise cependant que pour ce qui est du débat autour de la légitimité du collège électoral, si d’aucun disent que les députés et les conseillers municipaux ont été mal élus, il indique que cela est imputable à l’ensemble de la classe politique et non à un seul parti politique. A partir du moment où les uns et les autres ont accepté ces résultats, les élections ne souffrent d’aucune irrégularité. D’où vient-il que ceux-là contestent la légitimité du collège électoral alors qu’ils ont encore tous les avantages de leurs députés et de leurs conseillers municipaux, s’est interrogé Issa Tchiroma. Il relève cependant qu’aussi longtemps que le chef de l’Etat n’avait pas convoqué le corps électoral, la question de légitimité et de légalité ne s’est jamais posée. C’est au lendemain de la convocation du collège électoral qu’il y a eu cette levée de boucliers.


Le Président de la République au dessus des partis

Le Ministre de la Communication pense que les journalistes déplacent le débat. Pour lui, le débat se situe au niveau de la légalité et de la légitimité. Le gouvernement dit qu’il y a superposition des deux. Le Mincon ne comprend pas pourquoi on se focalise sur le fait que le président de la République n’a pas attendu que les prochaines élections soient organisées pour convoquer le collège électoral. C’est une question qui a davantage trait à un jugement de valeur.


Les raisons de la « précipitation»

Le Mincom a été interrogé sur ce qui apparaît comme une « précipitation» à vouloir à tout prix organiser les sénatoriales. Pourquoi n’avoir pas attendu trois mois encore alors que la mise en place de cette institution se fait attendre depuis 17 ans sans véritable perturbation de la vie politique nationale ? Il ne faut jamais oublier que le Sénat comme le Conseil constitutionnel sont deux institutions prescrites par la Constitution et qui arrime notre nation à la modernité. Ce sont des instruments de consolidation de l’Etat de droit voulu par la Constitution. Pour ce qui est de la précipitation, le Mincom a déclaré qu’il y en a pas. Le chef de l’Etat aurait pu installer le Sénat en 2007 ou en 2008 sans que cela ne pose de problème à personne. Mais parce que le fonctionnement du Sénat a un coût, une économie sinistrée comme la nôtre n’avait pas assez de moyens pour mettre le Sénat en place. Si le chef de l’Etat n’a pas mis le Sénat en place, c’est plus pour des raisons économiques que de volonté politicienne.


Les sénatoriales et la visite de travail du Président en France

Les journalistes ont fait observer au Mincom que le président de la République effectue une visite en France et de retour de Paris, il convoque le collège électoral. Conclusion: il y a dans ce calendrier quelque pression des Français. Issa Tchiroma Bakary n’a pas la même lecture des choses. Pour lui, le président de la République n’obéit qu’à une seule dictée: celle du peuple camerounais. Et il poursuit en disant que chacun sait que les Camerounais n’acceptent ni dictée ni diktat. Les journalistes font tout simplement un mauvais rapprochement. Il n’a rien à voir avec la politique du gouvernement camerounais. Le chef de l’Etat a conduit cette délégation, et le Mincom en faisait partie, dans le but d’aller à la rencontre des opérateurs économiques français. Sur place, le chef de l’Etat leur a dit que la France est un pays ami qui a aidé le Cameroun en période de difficultés. Aujourd’hui, les investisseurs se bousculent au portillon. Mais il se trouve que 200 entreprises sont installées au Cameroun. Mais ce n’est pas suffisant. Les chantiers structurants que le Cameroun a ouvert et continuent d’ouvrir attirent des investisseurs de part le monde, mais on ne voit pas beaucoup les investisseurs français. Le Chef de l’Etat, a expliqué le Mincom, est allé à la rencontre de ces investisseurs avec les ministres en charge des dossiers économiques, pour dire aux opérateurs économiques français qu’on peut faire de bonnes affaires au Cameroun. C’est la raison fondamentale de la présence du Chef de l’Etat en France. Alors s’il y a coïncidence, le Mincom dit qu’elle ne peut être que fortuite.


12/03/2013
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