La démarafatisation du parti au pouvoir devrait se poursuivre lors des prochaines élections locales.
Huit députés nordistes répertoriés comme des proches de l'ex-Ministre d'Etat Marafa Hamidou Yaya seront vraisemblablement écartés des investitures Rdpc, et précisément aux législatures, par le Président national de ce parti, Paul Biya. En un mot: ils ne pourront pas, même s'ils le souhaitent, défendre leur mandat sous les couleurs du Rdpc. Qu'est-ce qui leur est reproché? Tout simplement de n'être plus en phase avec les orientations de leur parti. Le moins que l'on puisse dire est que l'entourage présidentiel, du moins la clique à la manœuvre, est constant dans sa démarche de «démarafatisation» du parti comme l'avait déjà laissé entrevoir la mise sous l'éteignoir des proches de l'ex-Minatd des instances du parti issues du dernier congrès de septembre 2011.
Selon une source introduite, la liste nominative des députés à «démarafatiser» est constituée des élus issus des trois régions septentrionales. Dans le détail, deux sont originaires du Diamaré, un du Mayo-Tsanaga, un du Logone et Chari, deux de la Bénoué, un du Mayo-Louti, et un de la Vina.
Il est également à relever qu'un Député de l'Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp) fait l'objet d'une attention particulière du parti au pouvoir s'il venait à être investi par sa formation politique pour les prochaines législatives. Il s'agit, à en croire notre source, du Député du Diamaré-Centre, Amadou Adji. Considéré à tort ou à raison comme un animateur de la «Galaxie Marafiste», son retour à l'hémicycle est exclu par les adeptes de la «demarafatisation» qui entendent muscler la campagne dans sa circonscription politique et lui a mitonné une défaite.
Sa présence dans la ligne de mire laisse cependant de nombreux observateurs circonspects. Réputé proche du Président de l'Assemblée nationale sortant, Cavaye Yeguié Djibril, les agissements d'Amadou Adji paraissaient en effet «sous contrôle» du pouvoir. Cavaye a-t-il perdu la main dans ce dossier? Ou alors, en prévision de son éviction prochaine du perchoir de l'Assemblée nationale, le travail de déminage a-t-il déjà commencé? Autant de questions qui taraudent les esprits.
FACTURE POLITIQUE
Pour autant que l'opération de «demarafatisation» ne soit pas sans risques sur le plan politique, le Rdpc est disposé à en payer les frais. «Nous pouvons perdre dans l'opération trois ou quatre sièges au plus mais nous nous serons débarrassés des ennemis de l'intérieur», se réjouit notre source. Le véritable danger, admet des analystes, se trouve dans des circonscriptions à un ou deux sièges où l'influence des députés à «éliminer» est réelle sur l'électorat puisque ce sont eux qui, pour l'essentiel, ont piloté les opérations d'inscription sur les listes électorales. Par contre, dans les circonscriptions uniques à trois ou quatre sièges à l'instar de celle du Logone et Chari, le parti au pouvoir est certain, au finish, de conserver ses positions.
«Si le Nord tient à jouer un rôle de premier plan après les législatives, il doit avoir dans sa besace de bons résultats. C'est aux élites d'être pragmatiques», soupire la source. Sans doute fait-elle allusion à la Primature, principal objectif des politiciens nordistes depuis la perte du deuxième rang protocolaire par Cavaye Yeguié Djibril? Beaucoup pourraient lui opposer la légèreté de son argument car il y a bien longtemps que les résultats électoraux, bons ou mauvais, n'influencent plus les louvoiements du Président national du Rdpc et Chef de l’Etat.
L'opération de «démarafatisation» des élus concerne-t-elle également les municipales? Oui indique notre source bien que l'approche soit différente des législatives. Ici, les maires recensés comme proches de l'ex-Minatd devraient figurer sur les listes Rdpc investies. Ils ne devraient donc pas être publiquement frappés d'ostracisme. Cependant, une fois la victoire assurée, le parti investirait d'autres candidats à la tête des exécutifs municipaux.
Personnellement, je n'ai pas le blues et donc je ne vais pas jeter l'éponge. En ce moment, je constitue mon dossier pour solliciter l'investiture. C'est à mon parti de prendre ses responsabilités», a-t-il conclu.
Pour beaucoup, le parti au pouvoir ne rassemble plus pis, il est devenu sourd au débat interne et a perdu la raison. Cette décision est-elle un avertissement à tous ceux qui dévieraient du soutien indéfectible au Président national? Peut-être.