Il a aussi, dans son communiqué, démenti les causes de la mort de Vivianne Yakam.
Il est douze heures, ce lundi 18 juin au marché Mokolo de Yaoundé. Rien n’a changé à l’exception de la circulation qui est redevenue légèrement fluide en rapport à ce qu’on observe d’habitude à Mokolo. Le long de la route et sur les trottoirs, de nombreux commerçants ont réinstallé leurs marchandises dont les qualités varient d’un vendeur à un autre. Sauf que, installés, ces commerçants emballent les produits exposés pour s’enfuir à l’arrivée des forces de l’ordre qui font des va et vient incessants.
Le trottoir n’est pas seulement occupé par ces marchands. Certains, ce prenant pour des malins, ont tout simplement laissé leurs marchandises à l’arrière et viennent en route pour attirer des éventuels acheteurs vers leurs produits laissés en arrière. « Nous ne pouvons pas rester au quartier ; nous voulons manger et vivre. Ce commerce est notre gagne pain, si nous ne revenons plus vendre, comment allons nous vivre », proclame Ali Amadou, un commerçant rencontré sur le trottoir.
Dans l’après-midi d’hier, un communiqué signé du préfet du Mfoundi Jean Claude Tsila « informait les usagers du marché Mokolo que ce dernier sera temporairement fermé au public du mercredi 20 au 27 juin 2012, afin de permettre de conduire durant cette période, une concertation sereine avec tous les exploitants du marché Mokolo dans le but de déboucher sur une plate forme de collaboration permettant de concilier l’exercice de la liberté de commerce dans le bon ordre et les exigences de maintien de l’ordre » .
L’administrateur civil principal qui expliquait dans son communiqué qu’il agissait sur ordre du Premier ministre Philémon Yang, a trouvé nécessaire de lever une équivoque sur la mort de Vivianne Yakam Gatcha. Selon le préfet, la cause du décès de cette dame est à imputer aux « aux délinquants sans foi ni loi ». Il a précisé paradoxalement par la suite à l’attention des populations du Mfoundi que : « madame Yakam Gatcha Vivianne, gérante d’un kiosque de Pmuc au marché Mokolo est décédée de suites d’un traumatisme crânien provoqué par un projectile lancé contre les forces de maintien de l’ordre par ces hors la loi, décidés à transformer une opération de routine en bataille rangée »
Samedi dernier avant douze heures, comme le témoignait Yimga Moussa, président de l’Association nationale des opérateurs du secteur informel pour la lutte contre la pauvreté au Cameroun ( Anosilp), « le commissaire Ayissi a organisé un gang, comme d’habitude ; il entretient au marché ce gang qui , pille les boutiques, enlève la et emportent les marchandises des commerçants. Il est allé saisir deux ballots de friperie d’une maman à l’intérieur du marché, c'est-à-dire sur son comptoir. Celle-ci ayant refusé d’obtempérer, le commissaire a envoyé ses gorilles sur la pauvre dame à qui ils ont administré une bastonnade avant de lui arracher sa marchandise. C’est de ce comportement de brigandage que sont nés les affrontements entre commerçants et forces de l’ordre, faisant un mort et plusieurs blessés graves » a conclu ce témoin.
Et quand le désordre vient de ceux qui sont chargés de maintenir l’ordre, que reste -t-il alors aux populations ?