Le point: Après la série de coups d'Etat et trahisons ourdis depuis 1983, Paul Biya survivra-t-il au complot des sénatoriales?

Yaoundé, 25 Mars 2013
© La Redaction | L'Anecdote

Au commencement du processus, tous s'accordent à reconnaître qu'il y avait Paul Biya et son renouveau.

Au commencement du processus, tous s'accordent à reconnaître qu'il y avait Paul Biya et son renouveau. Puis il y eut le Rdpc avec ses «marches» historiques contre le multipartisme. Après suivirent les danses bafia de l'opposition naissante et naïve des années 90. Dont les atermoiements récurrents militent encore contre la vision, politique citoyenne et patriotique du promoteur du renouveau, pour une République exemplaire. Celle qui convoque pour le bien être de tous, l'égalité des chances, la modernisation des institutions, l'accroissement des opportunités et l'harmonie dans nos relations avec les amis et les partenaires au développement. Autant de voies de Crésus dont la paix (des cœurs et des esprits), la stabilité et la sécurité constituent les vecteurs d'un Etat de droit, démocratique et sûr pour les investisseurs.

Elle est donc lointaine cette époque où tous les retards à l'allumage, tous les ratés au démarrage et tous les frémissements à notre sécurité territoriale, alimentaire, institutionnelle et économique étaient à mettre sur le dos du seul Sdf. Même s'il faut reconnaître que le parti dont le slogan crachait du «Biya must go» afin que le «suffer du peuple don finish», ait lui-même donné le change. En se positionnant pendant des lustres comme le chantre d'une logique insurrectionnelle qui a fait beaucoup de mal à notre pays. Sur tous les plans. Pendant près de 30 ans. Aidés en cela par ces multiples crises multidimensionnelles dont les corollaires que sont la misère le chômage et le désarroi économique n'ont pu éviter le naufrage à notre pays que grâce à la pugnacité de Paul Biya. Et au ... sort. Entre temps la conjoncture politique internationale, qui convoquait le changement à tous les prix, le bradage de nos ressources et l'incompétence de nos gouvernants occupés à juguler la crise interne, a prêté le flanc à moult autres blocages systématiques. A mettre à l'actif des acteurs politiques internes d'abord, qui y avaient trouvé une occasion d'aider «l'ennemi» à mieux piller le pays. Au premier rang desquels ces camarades politiques de Paul Biya qui s'étaient engouffrés au sein du Rdpc dont le slogan avait fini par se muer dans notre imagerie servile en «Rassemblement démagogique des pilleurs du Cameroun». Au regard des hauts faits d'armes, dans le registre des prévarications, des trahisons et des dérives managériales dont ils font montre depuis, malgré la remise en selle de l'opération épervier. Le bateau Cameroun, piloté par Paul Biya avec un moteur marque Rdpc tangue de toutes parts, parce que les «vendeurs de tickets de voyage» ont choisi de se servir d'abord.

Pourtant l'espoir a failli être de mise, avec la détermination affichée du commandant de bord d'évacuer les écuries d'Augias qui plombent sa politique et retardent son rêve déclamé à Radio Monte Carlo, de laisser à la postérité l'image d'un homme qui aura apporté à son pays la démocratie et la prospérité. Dommage. Pourrait-on dire au regard du drame politique que lui font subir ses camarades du parti, depuis les deux coups d'Etat de 1983 et avril 1984. Car comment comprendre autrement qu'en ce moment ou l'embellie économique tant attendue pointe à l'horizon, avec les grandes réalisations, que le Rdpc ait choisi de lui planter un couteau dans le dos avec cette histoire d'investitures ratés et truqués à la candidature pour le poste de Sénateur. Si ce n'est pas un complot, comme ils savent le faire depuis la levée du verrou constitutionnel ayant permis à Paul Biya de se représenter, cela ressemble plus à une volonté de nuire. Ou pire, d'accélérer le processus de mise à l'écart, définitivement, à défaut du régime du Renouveau dont on accuse de s'arc-bouter, du moins son promoteur Paul Biya, du pouvoir. Tout laisse croire, j'exagère peut être mais à dessein, que la troupe sulfure de voir le Chef partir, avant que le naufrage collectif que représente l'opération épervier (épuration politique?) n'ait fini d'emporter tous ceux qui dont le destin de Paul Biya a amenuisé le leur. Et pour cause! Un parti qui profite goulûment des affres du pouvoir, incrusté dans tous ses hélices avec les hommes les plus compétents et les moyens d'Etat à sa guise peu ou prou. Et qui n'arrive pas à concocter une liste de 07 candidatures, calquée sur le module d'une loi qu'il s'est lui-même concocté à sa taille, pour des motifs aussi banal que suspect comme le défaut de nationalité, la légalisation de l'extrait de casier judiciaire par un policier (dans la liste de la région de son Secrétaire Général?), l'investiture des étrangers comme s'il manquait de camerounais, ou des citoyens n'ayant pas la majorité requise... Au même moment, des concurrents qui ont toujours récusé au Rdpc cette position de privilégiée, ont pu malgré le calendrier électoral en leur défaveur se mettre en légalité. Comme pour donner raison à ceux qui susurrent depuis, tant au Rdpc qu'ailleurs, que le régime, à bout de souffle, n'a pu se maintenir jusque là que par la fraude, le faux en écriture et la masturbation des résultats.

Si l'on doit se rappeler en permanence, aux générations présentes et futures, le bon combat mené par Paul Biya, à la suite des patriotes et nationalistes pour l'avènement d'un Cameroun exemplaire fort, unie et solidaire, force est de reconnaître que nous vivons subitement une ère de soupçons. Et de susceptibilités, comme savent le convoquer les fins de règne. Et surtout les guerres de positionnement, qu'ils suscitent, par des loups-garous, qui pullulent dans le système Biya que l'on dit avachis par 30 ans de pouvoir.

A ces paravents se greffent d'autres actions qui peuvent donner des sueurs froides, à un peuple abasourdi par tant d'années d'incuries, qui ne comprend pas que des acteurs qui ont proclamés leurs bonnes intensions n'arrivent pas à s'arrimer à un environnement sociopolitique des plus délétères. Dans ce registre, si l'on évacue les années "démocraticides" que notre pays a connu, avec leurs lots de "villes mortes", de coups d'Etat et putschs ratés en 1983 et 1984, les évènements de février 2008 ou encore l'animosité d'une certaine communauté internationale jalouse de notre stabilité, le moins que l'on puisse dire est que nous vivons une époque d'hypocrisie. Avec un climat sécuritaire taraudé de toutes parts, qui a commencé avec l'affaire Bakassi, en passant par la tuerie mystérieuse des éléphants à Waza, l'enlèvement plus ou moins supposé des français, des lois volontairement brinquebalantes déposés avec des fautes à l'Assemblée nationale, le débat sur la candidature de Cavaye aux sénatoriales, le budget qui attend depuis 06 mois pour être engagé... Avec une crise économique qui contraste avec l'enrichissement illicitement exponentiel des uns, le pouvoir d'achat qui s'amenuise au jour le jour, l'affairisme des hommes en charges des questions de sécurité qui ont laissé une bande de ripoux armés attaquer des banques, ou la relance économique qui connait des soubresauts...

Non, non et non! Cela n'est pas, et ne peut pas être fortuit. Surtout en analysant ce que disent les tabloïds racoleurs au plus sérieux des quotidiens français sur notre pays, depuis les déclenchements de l'opération épervier, l'affaire des otages français ou l'arrestation de certains barons du régime. Tout le monde est coupable, tant du fait des secteurs du pouvoir que de l'opposition. Qu'on nous fasse donc grâce des rengaines complaisantes autour de la négligence et de simples remous de surface. Car loin de décliner en notoriété, la grand-messe du régime déclinant domine incontestablement notre logique républicaine. Cependant que se dessine la mystérieuse alchimie d'un adorable chaos. La situation que l'on a vécue depuis la publication des listes des postulants aux sénatoriales par Elecam ne s'expliquant pas uniquement par les défaillances du système. On peut spéculer aussi sur un complot exécuté avec méthode et qui vise à faire dériver le pays vers le chaos. Il peut s'agir de préparer le terrain à cette contre révolution que certains appellent de tout leur cœur, du fait que pour eux 30 ans de pouvoir d'un seul homme, c'est trop. Ce complot est alimenté des acteurs intérieurs et extérieurs.

Les grandes figures du régime, tombées au banc de l'histoire, actuellement en prison condamnés ou en attente de procès, ou en puissance de l'être seraient elles donc prêts à tout. Pour en découdre avec leur mentor d'hier, co-paneliste attitré de notre malheur selon eux, profitant d'un environnement international favorable et idoine à leurs sobres desseins. Il aurait été naïf de croire pour ne citer le cas de Michel Thierry Atangana, pompeusement appelé 8e otage français au Cameroun, que ses amis resteront les bras croisés, face à un régime qui se relève pour devenir un Etat plus démocratique et suffisamment fort pour menacer leurs intérêts.

Certainement pour les contradicteurs du régime, profitant du désarroi suscité par la misère ambiante et les trous sécuritaires qui s'amoncèlent à nos frontières, comme c'est justement le cas en Centrafrique aujourd'hui et hier au Mali, en Cote d'voire ou en Lybie, il n'est pas question de laisser le régime réussir la jonction du rêve de Paul Biya: la prospérité et la démocratie.

Cela nous amène à nous interroger, non pas sur la sincérité des hagiographes du Roi, mais de savoir si Paul Biya, dont le bateau est trucidé de toutes parts, tiendra le coup. Et ce jusqu'à quand, à quel prix?



26/03/2013
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres