Terre-plein, chaussée et trottoir pris d’assaut par les commerçants et les mototaxis.
Navrant, le spectacle qu’offre le Boulevard des Nations
unies, non loin de la prison centrale de New Bell, quelques mois
seulement après sa réhabilitation. Les commerçants qui se plaignaient de
son état de dégradation avancé dans un premier temps, et qui bloquaient
les travaux de réfection par leur occupation anarchique, l’ont
transformé en comptoir géant. Sur la chaussée, on trouve des étals de
vente de légumes, les trottoirs sont « réservés » à l’étalage des
chaussures, des sacs d’écolier, des vêtements et des tissus
d’ameublement.
Le terre-plein ,quant à lui, sert d’aire de stationnement pour les
mototaxis, et d’atelier de cordonnerie pour les réparateurs de
chaussures. Les arbres plantés dans le cadre de la réalisation de
l’ouvrage sont, pour ainsi dire, étouffés. Sur la voie, les
automobilistes doivent faire attention : la chaussée est réduite, et des
vendeurs, ou des piétons n’ayant plus la possibilité de marcher sur le
trottoir, sont à tout moment sur le bitume.
Devant la pharmacie centrale, quelques pavés ont déjà été enlevés. Il
semble qu’à l’anarchie s’ajoute du vandalisme. Selon des éléments de la
police municipale, trouvés sur le terrain par CT, des vendeurs les
enlèvent pour soutenir leurs étalages… Justement, ces membres de la
police municipale viennent d’arrêter deux vendeurs avec l’aide des
gendarmes. De temps en temps, les occupants anarchiques sont ainsi
réprimandés, mais la tâche est immense. Des éléments de cette police
décrivent leur quotidien comme étant extrêmement compliqué.
L’un d’eux, le chef d’équipe visiblement, explique que ce lundi matin,
c’est encore passable : voitures et piétons circulent malgré la
confiscation partielle de la chaussée et des trottoirs. En effet, à
partir de 17h, lorsque ses éléments lèvent le camp, le spectacle est
encore plus fou. Pour ne pas dire que la voie disparaît pratiquement.
Se frayer un chemin est quasiment impossible. Les commerçants, beaucoup plus ceux qui proposent des produits frais, descendent et occupent toute la route. Cet axe est alors noir de monde. Devenant pour le moins impraticable. L’ouvrage ainsi maltraité a coûté quelque deux milliards de francs.