Le Nord peut-il lâcher Paul Biya ?

Cameroun : Le Nord peut-il lâcher Paul Biya ?Jeune Afrique estime qu’en s’aliénant cette partie du pays, le chef de l’Etat attise davantage l’idée de création d’un parti du Grand Nord.

Après avoir fait arrêter puis emprisonner successivement l’ancienne ministre de l’Education de Base, Haman Adama, l’ancien secrétaire général de la présidence de la République et non moins ancien ministre de l’Administration territoriale, Marafa Hamidou Yaya, et aujourd’hui l’ancien directeur général de la Société de développement du coton (Sodecoton), Iya Mohamed, tous originaires de la région du Nord, il semble, plus que jamais évident, que Paul Biya va s’aliéner l’électorat de cette partie du pays qui, à partir de l’arrestation suivie de l’incarcération de Marafa le 16 avril 2012, avait crié à un complot de Paul Biya et de son entourage, pour écarter cette région de la succession au sommet de l’Etat.

L’hebdomadaire panafricain basé à Paris, Jeune Afrique, dans son édition en cours, pense que l’élite du Nord, à l’occasion des législatives et municipales du 30 septembre prochain, pourrait jouer la carte de la traîtrise. Et le portrait-robot du traître «dans le Cameroun d’aujourd’hui», est facile à esquisser: «Il a la tête d’un candidat à la députation natif du Nord. Il se présente aux élections locales du 30 septembre prochain, par exemple sous la bannière du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir).

Mais surtout, une fois élu, il démissionne pour prendre sa carte au parti du Grand Nord», écrit le journal.  Politique-fiction ? Eh bien, le journal de Béchir Ben Yahmed est partagé entre le oui et le non. «Certes, le parti du Grand Nord n’existe pas encore, mais dans l’ombre, de mystérieux hommes politiques originaires du septentrion travaillent à sa création (en juge l’audition au secrétariat d’Etat à la Défense, début juin dernier, du directeur de publication de l’hebdomadaire l’oeil du Sahel, Guibaï Gatama, qui avait quelques jours plus tôt révélé l’existence d’un tel projet).

Pour l’instant, ils avancent masqués, mais envisagent de se découvrir après les législatives et municipales et espèrent provoquer des défections massives aux seins des partis rivaux», poursuit le journal de la rue d’Auteuil. Selon qui, à Yaoundé, la menace est prise au sérieux au point que le  président Paul Biya a ordonné une enquête. Il n’échappe à personne au pays de Paul Biya que le fameux axe nord-sud, garant (supposé ou réel) de la stabilité du pays, «tangue dangereusement», estime J.A, pour qui, depuis l’arrestation de Marafa, «la crispation s’est accentuée». Du coup, «afin  de prévenir tout trouble éventuel, les services secrets ont renforcé leur surveillance dans cette partie du pays».

Qui est à la manoeuvre ? Qui sont ceux qui envisagent de quitter leur groupe parlementaire pour un autre ? Pour y répondre, Jeune Afrique indique que ces questions taraudent aussi les états-majors des partis politiques à l’heure de la sélection des candidats à présenter aux deux scrutins. Et d’ajouter : «Dans cette ambiance morose, les «sudistes» s’attendent à un coup tordu des «nordistes» tandis que ces derniers sont convaincus qu’un complot se trame contre eux.

Cette théorie a pris davantage de consistance ces dernières semaines avec la mise en détention, le 10 juin, de Mohammed Iya, patron de la Sodecoton et personnalité médiatique de Garoua». Président de l’Alliance pour la démocratie et le développement (Add), Garga Haman Adji, interrogé par Jeune Afrique, dédramatise. Pour lui, c’est des «balivernes !» A en croire l’ancien ministre qui, lui aussi est originaire de Garoua, le projet a bel et bien existé, mais il est mort avec l’arrestation de Marafa.

© Mutations : Jean de dieu Bidias


10/07/2013
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