Le MRC veut faire de la diaspora camerounaise un acteur majeur du développement national

Maurice Kamto:Camer.beNotre pays connaît mal la diaspora nationale et celle-ci semble généralement considérée comme  étant  constituée essentiellement  d’« opposants»  antipatriotes.  Il  est  douteux  que  l’on dispose  officiellement les statistiques exactes sur le nombre de ses membres. Cela traduit à la fois le peu  de  cas  dont  il  est  fait  de  ces  compatriotes  expatriés  pour  des  raisons  diverses,  y  compris  pour  épargner  leurs  vies,  et  la  méconnaissance  du  rôle  moteur  de  la  diaspora  dans  l’histoire  du  développement des nations, en particulier ce que la diaspora camerounaise, dont la haute qualité  intellectuelle,  scientifique,  technique  et  artistique  est  unanimement  reconnue,  peut  apporter  à  notre pays.
 
Le  MRC  entend  faire  de  la  diaspora  camerounaise un  des  leviers  du  développement  national. Dans  cet  esprit,  il  s’est  efforcé  de  la  connaître.  En  se  limitant  à  quelques principaux  pays de résidence de la diaspora camerounaise hors du continent africain, on note que :
 
- en  France,  selon  l’Institut  National  de  la  Statistique  et des  Etudes  Economiques  (INSEE), 55.639 personnes d’origine camerounaise vivaient dans ce pays en 2007 ;
 
- en Allemagne, selon l’Office allemand de la Statistique, les statistiques des réfugiés et  le  Central  Registry  of  Foreigners sur  la  période  1980-2006, 14.414  personnes d’origine  camerounaise  résidaient  dans  ce  pays  et  on  les  estime  aujourd’hui  à  plus  de  20.000.  Elles constituent la plus forte immigration en provenance d’Afrique subsaharienne. La plupart d’entre  eux  sont  des  médecins,  des  scientifiques, enseignants  et  chercheurs  et  des  ingénieurs  dans  les  domaines les plus variés, mais aussi des chefs d’entreprises ;
 
- aux  Etats-Unis  d’Amérique,  selon  le  U.S.  Census  Bureau,  la  communauté  camerounaise dans ce pays comptait 11.765 personnes en 2000 et une actualisation faite en 2007  par le Global Migrant Origin Database donne le chiffre de 12.835 personnes. Selon ces mêmes  sources, 58,7% de ces Camerounais ont une licence ou un diplôme universitaire plus élevé ; plus  de 75% d’entre  eux  étaient  insérés dans  le  monde du  travail,  dont 36% dans  le domaine de  la  santé  et  des  services  sociaux,  13% dans  le  domaine  de  la  science,  de  la  gestion  de  l’administration  et  de  la  gestion  des  déchets,  10% dans  le  commerce  de  détail  et  7% dans  le  domaine de la finance, de l’assurance, de l’immobilier, de la location et du leasing ;
 
- au Royaume-Uni,  selon  Overview,  quelques  20.000  Camerounais  vivraient  dans  ce  pays, la plupart étant dans des domaines qui requièrent un haut niveau d’éducation, tels que les  médecins,  les  enseignants  à  tous  les  niveaux,  les  chercheurs,  les  ingénieurs,  les  banquiers,  les  architectes,    les  consultants,  les  infermières,  les  techniciens  de  laboratoire,  les  promoteurs  économiques.
 
L’apport  d’une  diaspora  d’une  telle  importance  et  d’une  telle  qualité  intellectuelle  et  technique, exposée aux savoirs et savoir-faire les plus avancées, ne peut être limité aux transferts  des ressources financières, bien que ce transfert soit important. Le haut niveau d’instruction et de  formation  des  Camerounais  de  la  diaspora  est  une  chance  que  le  MRC  entend  exploiter  au  maximum au  bénéfice  d’un  développement  accéléré  de  notre  pays, comme  l’ont  fait  avant  lui  tous les pays aujourd’hui dits émergents, sans exception.
 
2.1. Créer un environnement favorable au « retour des cerveaux »

Sous le MRC, l’Etat créera les conditions  idoines à cette fin, car  l’expérience de pays ayant pris conscience du rôle crucial de leur diaspora pour un succès rapide de leurs politiques de  développement, a montré par exemple que l’inversion de la fuite de cerveaux – si préjudiciable  au  Cameroun  – n’est  pas  un  phénomène  spontané,  mais  le  résultat  d’une  politique  pensée  et  d’efforts organisés des gouvernements de ces pays. Ces politiques comprennent la création d’un  environnement favorable (stratégie de recherche financée par le gouvernement, mise en place ou  renforcement des institutions appropriées, réformes juridiques nécessaires) et la mise en capacité  de ceux qui retournent au pays.
 
2.2. Faire  les  réformes nécessaires pour impliquer  les Camerounais de  l’étranger dans  la  vie politique nationale
 
Il  est  un  fait  que  tous  les  Camerounais  de  la  diaspora  ne  rentreront  pas  s’installer  au  pays. Il n’est même pas souhaitable qu’ils le fassent, car leur présence à l’étranger, souvent dans  les  Puissances  dominantes  politiquement,  économiquement  et  technologiquement  est  un  atout  majeur pour notre pays. Nombre d’entre eux ont pris une nationalité étrangère, souvent pour des  raisons  professionnelles,  mais  ils  restent  tous très  attachés  au Cameroun, ce « berceau  de  leurs  ancêtres ». Ils veulent participer pleinement et sur tous les plans à la vie de la nation.  La législation actuelle leur permet une participation très partielle à la vie politique : ils  ne peuvent voter que pour l’élection présidentielle.
 
Le MRC  entend  promouvoir  une  réforme  politique  permettant  aux  Camerounais  de  l’étranger  d’une  part,  d’être  électeurs  à  toutes  les  élections  nationales  (présidentielle  et  législatives), d’autre part, d’être représentés au Parlement en élisant leurs députés à l’Assemblée  nationale et ayant des sénateurs désignés parmi les Camerounais de la diaspora. 
 
Ceci  n’est  possible  que  si  tous  les  Camerounais  sont  mis  en  capacité  juridique  de  participer  aux  diverses  consultations  électorales.  Or,  en  réalité,  la  plupart  d’entre  eux ne  le  peuvent pas parce que l’acquisition d’une nationalité étrangère les prive automatiquement de la  nationalité  camerounaise.  C’est  pourquoi  le  MRC  entend  donner  rapidement  une  réponse  adéquate à la question de la double nationalité.
 
2.3.  Canaliser  le  potentiel  exceptionnel  de  la  diaspora  camerounaise  pour  le  mettre  au  service du développement national
 
L’utilisation de la diaspora comme partenaire non-gouvernemental pouvant agir comme  un  levier ou comme un  levain du développement du pays est désormais  éprouvée. La diaspora  camerounaise  peut  servir  comme  un  facilitateur  et  un  catalyseur  de  la  recherche  et  de  l’innovation, un précieux véhicule pour le transfert de technologie, un moteur pour l’attraction de  l’investissement extérieur et un vivier des compétences pour la gestion du développement. Le MRC entend promouvoir l’implication de la diaspora sous diverses formes telles que  les  réseaux  de  scientifiques  et  de  technologues,  le  retour  virtuel  ou  partiel  de  Camerounais  de  l’étranger sous  formes de  leur  implication dans  l’enseignement, la  mise sur pied et  l’animation  des laboratoires de recherche et les structures d’innovation technologique.
 
2.4. Créer des structures d’encadrement et de coordination des relations avec la diaspora
 
L’efficacité de l’implication de la diaspora camerounaise dans la vie et la marche de la  nation  exige  une  organisation  sérieuse  et  articulée  de  la  diaspora  elle-même et  par  elle-même,  comme  c’est  le  cas  dans  certains  pays  de  forte  immigration. Les  pouvoirs  publics  ne  peuvent  apporter  leur concours  qu’à  la  demande  de  l’organisation  ou  des  organisations  représentant  la  diaspora. De son côté, l’Etat devra traduire sa politique volontariste et d’ouverture patriotique à la  diaspora dans les faits en se dotant de structures d’encadrement et des relations avec la diaspora.
 
A cet égard, le MRC agira à deux niveaux : d’une part, au niveau diplomatique, en créant dans  les  ambassades  du  Cameroun  auprès  des  pays  abritant  une  forte  communauté  de  personnes  d’origine  camerounaise  un  service  chargé  de  la  diaspora ;  d’autre  part,  en  créant  une  Agence  nationale  des  Camerounais  de  l’étranger (ANCE) ou  un  Office  des  Camerounais  de  l’étranger  (ou de l’extérieur si l’on préfère) (OCE).

© Source : mrc-party.org


16/12/2012
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