Le Mémorandum du Grand Nord : Des hauts placés signataires du document désavoués

Cameroun - Le Mémorandum du Grand Nord : Des hauts placés signataires du document désavouésAutrefois de l’opposition et dénonciateurs des magouilles du régime Biya, Issa Tchiroma Bakary (ministre de la communication), Hamadou Moustapha (ministre chargé des missions à la Présidence) et Dakolé Daïssala (sénateur nommé, secrétaire à la chambre haute), sont accusés d’avoir tourné le dos aux populations du Septentrion.

Plus de 12 ans après sa publication, le «Mémorandum du Grand Nord» est plus que jamais d’actualité. De toute évidence les injustices dénoncées dans ce pamphlet sont non seulement restées lettre morte mais pire se sont amplifiées. A en croire, Faycal Hamadou, un Camerounais de la diaspora résidant dans la région lyonnaise, les signataires du mémorandum ont retourné la veste et mis en péril l’avenir du Septentrion.

Ce dernier en intellectuel averti a écrit une correspondance qui a attiré notre attention. «Pendant combien de temps encore devrions nous accepter d’être des citoyens de seconde zone aux esprits caporalisés tel des serfs dont le seul intérêt épisodique se manifeste lors des échéances électorales ou quand il faut agiter le fanion de l’unité nationale? », s’interroge t-il. Le citoyen de la diaspora soutient que Issa Tchiroma Bakary (ministre de la communication), Hamadou Moustapha (ministre chargé des missions à la Présidence) et Dakolé Daïssala (sénateur nommé, secrétaire à la chambre haute), font partie des auteurs du «Mémorandum du Grand Nord». Un document dans lequel, les signataires remettaient en cause de nombreuses irrégularités, à savoir : la famine, le difficile accès à l’eau potable, l’électricité, le chômage, la paupérisation des habitants du Septentrion.
 
Autant de problèmes dont Faycal Hamadou estime qu’aucune solution n’a été trouvée maintenant que les autorités précitées en ont les capacités : «De toute évidence les injustices dénoncées dans le pamphlet sont non seulement restées lettre morte mais pire se sont amplifiées», constate le Camerounais. Voici ses arguments :

- L’autosuffisance alimentaire est un vœu pieux et la disette voire la famine sont devenues des phénomènes endémiques; - L’accès aux soins de santé est une pure vue d’esprit révélateur de l’échec prévisible du programme chimérique de la ‘’santé pour tous en l’an 2000’’; - La scolarisation vecteur d’émancipation par excellence reste à un niveau inacceptable;

- L’accès à l’eau potable et à un habitat décent continuent d’être des mirages inaccessibles pour les populations du septentrion. Fort de ce qui précède, le patriote se demande où sont passés les principaux signataires de ces revendications. Ce dernier remarque que «les personnalités pointées du doigt sans exception sont devenues des zélateurs obséquieux et inconditionnels du régime du renouveau ». Il continue non sans surprise mais avec un ton cassant : « on connaît les états de services et les turpitudes de ces individus faits de trahison de compromission et de lâcheté sans commune mesure, très loin de la vision noble de la politique et du sens de l’intérêt général».

 
Notre écrivain se rappelle les propos de l’actuel Ministre de la Communication, jadis instigateur des mots d’ordre de «villes mortes» : «Quel est le septentrion qui fait entièrement confiance à Monsieur le président de la République ? Celui de vos rêves et de vos fantasmes, ou celui des damnés de la terre et des forçats de la faim ?» ; «L’expérience nous prouve que le Renouveau porte la poisse comme la nuée porte l’orage, l’échec lui étant à ce point consubstantiel qu’à son contact l’or le plus pur se transforme en ordure ».

Des déclarations de Issa Tchiroma Bakary qui font dire à Faycal Hamadou qu’il était prolifique en proclamations péremptoires et est resté muet au lendemain des Présidentielles de 1992 après qu’il ait obtenu un poste ministériel. En ce qui concerne Hamadou Moustapha, le Camerounais de la diaspora prétend que pendant ses périodes de chômage, il a milité tantôt pour dénoncer à souhait la marginalisation du Grand Nord, tantôt pour exiger le rapatriement du corps du Président Ahmadou Ahidjo : «Son silence coupable en dit long sur la réalité de son engagement à défendre les intérêts du Septentrion».

Enfin, quant à Dakolé Daïssala : «son engagement à défendre les intérêts du Septentrion n’a été qu’un moyen pour revenir aux affaires. Ses diatribes verbales contre le régime cessent comme par enchantement à chaque fois qu’il est rappelé aux affaires sans pour autant que les fléaux qu’il dénonce n’aient trouvé un début de solution. Toute honte bue il a soutenu la révision constitutionnelle de 2008 qui a fait sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels au Cameroun», peut-on lire.
 

© Aurore Plus : Linda Mbiapa


10/07/2013
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