LE JUGE D’INSTRUCTION DEMANDE 1 MILLION A ENOH MEYOMESSE POURQUOI ?

LE JUGE D’INSTRUCTION DEMANDE 1 MILLION A ENOH MEYOMESSE POURQUOI ?

Meyomesse:Camer.beLes complices d’Edgar-Alain Mebe Ngo’o paniquent. Or toutes les fois où ils paniquent, ils commettent des fautes graves. Surpris le 19 décembre 2011 en pleine séance de torture par un reporter de Le Jour, ils ont monté une scène surréaliste pour des medias sélectionnés, le 21 décembre. Cette scène était filmée par un vidéographe-gendarme que chacun peut voir sur la photo ci-dessus, contre-image qui servait de doute évidence à faire du chantage aux journalistes afin que leur récit publié soit celui du ministre délégué à la défense, le maitre d’œuvre de toute cette clownerie.

Mais contre-image qui a discrédité les charges portées contre Enoh Meyomesse. Cette fois c’est le juge d’instruction du tribunal militaire de Yaoundé qui propose à l’écrivain de payer 1 millions de FCFA pour obtenir une liberté provisoire. Pire : il propose au cas où la somme ne serait pas réunie en entier, que l’auteur du venimeux Accentuer la lutte pour la chute de Paul Biya et de son régime paye d’abord 600,000 FCFA, le reste pouvant être payé après sa sortie de prison qui serait ainsi sous condition. Enoh pourrait vendre ses livres pour se décharger auprès du tyran, et l’innocent sortirait ainsi de Kondengui ayant de facto reconnu l’accusation frauduleuse portée contre lui, ‘vol aggravé’, et qui plus est, avec sur sa tête une épée de Damoclès – celle même qui a contraint beaucoup d’activistes les plus vocaux au silence ou alors à fuir le pays.

Ainsi, dans les bureaux du juge d’instruction les accusations de ‘vol aggravé’ et de ‘tentative de coup d’Etat’ se sont rapidement soldées à 1 million de FCFA, débattables en plus comme au Marché de Mokolo, tandis qu’en même temps le ministre de la communication, toujours loquace en telles occasions, déclare ceci sur Rfi : ‘Ce Monsieur’, et il parle ici de Enoh Meyomesse, que nous savons opposant à Paul Biya comme lui-même il y a quelques années et d’ailleurs candidat à l’élection présidentielle du 9 octobre 2011, bref, ‘ce Monsieur, il sait ce qu’il a fait. Il a commandité un braquage à l’occasion duquel on a arraché un kilo d’or dans l’Est. Comme il en était commanditaire, il a pris cet or. Il est parti à Singapour. Eh bien, à son arrivée, on a mis la main dessus. Et puis voilà. Aujourd’hui, il est entre les mains de nos tribunaux ! Est-ce qu’on a besoin de le torturer, dès lors que les faits sont évidents ? C’est un braquage qui a impliqué des armes à feu. Et dans ce cas, c’est le tribunal militaire, selon la loi, qui est habilité à juger de tels actes.’

On se souvient que le 21 décembre, avec à ses côtés le gouverneur de l’Est, Adolphe Lélé Lafrique, et de nombreux gendarmes en tenue neuve, le colonel Oumarou Galibou avait présenté à la république du Cameroun stupéfaite quatre ‘brigands’ dont un ‘chef de gang’ avec kalachnikov et autres armadas, ce qui avait occasionné à deux jours de Noel, une conférence de presse du ministre de la communication ! Aujourd’hui de ‘coup d’Etat’, ‘braquage’, ‘association de malfaiteurs’, ‘corruption de gendarme’, et ‘trafic de minerais’, nous en sommes réduits à la possession d’‘un kilo d’or’ lors d’un voyage à Singapour – sans blague ! Tout ce théâtre pour un kilo d’or ? Mieux, pour le ministre de la communication, le second crime est en plus que le ‘braqueur’ n’a pas d’importance, dit-il, car selon lui, Enoh Meyomesse est ‘vraiment presque lambda, sans consistance, sans épaisseur politique’, et mieux encore : ‘Que représente-t-il aujourd’hui pour être torturé? Afin qu’on lui arrache quel aveu ?’ Ah, quand la torture devient un luxe que les grandes ambitions ne réservent qu’aux grands types comme Issa, ceux qui l’ont subie peuvent s’en vanter !

Seulement en même temps, dans les bureaux de la justice militaire de Yaoundé, il est signifié à Enoh par le juge d’instruction, étonnamment après que le cas de l’écrivain ait fait la une de Le Jour, qu’il recevrait six mois d’incarcération ‘pour information’, mais que d’ailleurs il peut foutre le camp s’il paye 1 million de FCFA, sinon d’ailleurs 600,000 FCFA. Consigne passée à la famille de l’écrivain qui par la bouche de son ‘cousin’ Oscar-Francis Oyezo’o, demande ‘de ne pas ébruiter la chose.’ Encore cet Oyezo’o, avec qui j’avais parlé au téléphone déjà le 7 décembre 2011, c’est-à-dire au moment où Enoh Meyomesse était en train d’être torturé à la gendarmerie de Bertoua, et qui en me confirmant que ‘son cousin’ avait été arrêté, m’avait dit que ‘la famille d’Enoh ne souhaitait pas faire ébruiter l’affaire.’ Avais-je suivi ce ‘cousin d’Enoh’ dans le silence complice que nous n’en serions pas là aujourd’hui, et peut-être Enoh Meyomesse serait mort – comme Bibi Ngota en 2010 !

Parce qu’aujourd’hui cette affaire qui aurait pu être conclue dans l’obscurité d’une chambre de torture de la gendarmerie de Bertoua a ameuté de nombreux écrivains et intellectuels du monde y compris un prix Nobel, les medias camerounais d’abord tatillons, des medias étrangers, les politiques camerounais, et réuni une bonne centaine d’activistes au Cameroun, en Afrique, en Europe, aux USA, en Amérique latine autour d’‘ENOH !’ une plateforme pour la libération et la réhabilitation de l’écrivain, les complices d’Edgar-Alain Mebe Ngo’o paniquent soudain et se rendent compte du merdier dans lequel ils se sont foutus. Il veulent fuir après avoir déféqué dans la cour ! Pire d’ailleurs : au lieu de le relaxer et de s’excuser publiquement pour avoir terni son honneur en public par une accusation grave et mensongère, ils veulent qu’un homme de toute évidence innocent achète sa liberté !

‘Aujourd’hui, il est entre les mains de nos tribunaux !’ a martelé le ministre de la communication, Issa Tchiroma. Soit ! Pour sa défense l’écrivain incarcéré a entretemps reçu les services de trois avocats sous la houlette de Maitre Jacques Mbuny d’Avocats sans frontières, avocats qui sont prêts à le défendre et à détruire toutes les charges farfelues qui font éclater de rire le monde entier. Son sort a mobilisé le soutien d’organisations comme Internet sans frontières, le Pen international. Jamais depuis des années la société civile camerounaise ne s’est autant mobilisée autour d’un homme, car la plateforme qui s’est spontanément bâtie pour la défense de l’écrivain réunit des Camerounais de presque tous les groupes ethniques de notre pays, et de tous les bords politiques. Elle traverse la division Anglophone-Francophone et ne connaît pas la limitation de sexe. Pour Issa Tchiroma, ‘Monsieur Enoh Meyomesse est un Camerounais, vraiment presque lambda.’ Voilà justement toute sa grandeur, car chaque Camerounais peut dire fièrement aujourd’hui : ‘Je suis Enoh !’ ; ‘I am Enoh !’ Ces citoyens qui demandent le procès Enoh Meyomesse m’ont toujours dit ceci en s’engageant : ‘Ça peut nous arriver à nous aussi.’ C’est simple : un homme innocent mérite la libération pure et simple, ou un procès en bonne et due forme. Or Enoh Meyomesse est innocent ! Allez djjjjiiiire !

© Correspondance : Patrice Nganang


16/01/2012
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