Dimanche
09 septembre 2012 aux environ de 21h, je tombe fortuitement sur la
rediffusion le l’entretien de Thierry Ngongang de STV2 avec le Général
Pierre Semengue. N’ayant pas pu suivre les éditions précédentes de cet
entretien, je remercie le ciel pour cette séance de rattrapage qu’il
m’offre gracieusement .Un entretien avec le premier Général Kamerunais
ne peut faire l’impasse sur la répression sanglante du mouvement
nationaliste Kamerunais dont il fut le stratège le plus en vue. Bien
qu’ayant pris le train en marche, j’ai la chance de suivre l’une des
phases les plus intéressantes de l’émission. En effet répondant à la
question du journaliste sur ce qu’il pensait aujourd’hui avec du recul
de cette répression, l Général a voulu se justifier en disant trois
choses sur lesquelles je voudrais que nous nous arrêtions un instant.
SUR LA LÉGITIMITÉ DE LA LUTTE.
La première chose qu’il dit, c’est que si la lutte des nationalistes se justifiait avant l’indépendance, elle ne se justifiait plus après. Dès lors que le Kamerun avait accédé à l’indépendance le 1er janvier 1960 et qu’il allait réaliser sa réunification un an plus tard (le 1er octobre 1961), cette lutte avait perdu sa légitimité puisque les deux objectifs visés par l’UPC étaient atteints. De nationaliste au départ selon le Général, cette lutte était devenue une simple lutte pour le pouvoir, les upécistes voulant à tout prix prendre un pouvoir que le colonisateur avait remis à d’autres.
Le même bricolage avait prévalu à propos de
la réunification. Prévue pour se réaliser avant l’indépendance de tout
le pays par l’UPC, la réunification fut obtenue après un tour de
prestidigitation référendaire du 11 février 1961 à l’issue duquel la
partie nord du Cameroon britannique fut perdue, un an après «
l’indépendance » du Cameroun français. Cette mascarade a fait du
Kamerun le seul pays au monde à avoir deux dates d’indépendance.
Original n’est-ce pas ? Au total, ni « l’indépendance » ni « la
réunification » n’ont atteint les objectifs vises par les nationalistes
kamerunais et nous en sommes encore là aujourd’hui. La légitimité de la
lutte était donc restée intacte après la pseudo indépendance et la
pseudo réunification ; elle ne pouvait que se poursuivre après ces
événements. Que le Général cherche donc d’autres arguments pour
justifier les massacres perpétrés en Sanaga Maritime, dans le Moungo,
dans le Wouri, dans le Mbam ,à lOuest et ailleurs dans le pays par la
France colonialiste et le régime néocolonial dont il a été le bras armé !
SUR LE RALLIEMENT D’UNE PARTIE DE L’UPC.
La deuxième chose qu’a dit le Général, c’est
qu’une partie du l’UPC (celle de Mayi ma Matip) s’était rallié au
régime néocolonial. Là également, le Général devrait rentrer à ses
études sur l’histoire du Kamerun. En effet, nul ne se souvient de la
date à la quelle monsieur Mayi ma Matip était devenu un dirigeant
national de l’UPC. Même au Congrès de 1952 à Eseka (c’est-à-dire chez
lui), il ne fut élu au Comité Directeur. Il avait plutôt été élu
président de la JDC (Jeunesse Démocratique du Cameroun), organe annexe
de l’UPC. Alors en quoi son ralliement au régime Ahidjo pouvait –il-
engager le parti ? Non mon Général. Depuis sa dissolution le 13 juillet
1955, l’UPC au prix de mille et un sacrifices, a continué son combat
pour l’unité et l’indépendance véritables, ainsi que l’épanouissement
total du peuple kamrunais. Et quelque soit le nom de l’ennemi du
moment, cette lutte continue et continuera jusqu’à la victoire finale.
SUR L’ESPOIR DE VOIR UN JOUR UN GRAND DEBAT OUVERT SUR CETTE PERIODE DE NOTRE HISTOIRE.
En troisième lieu, le Général a émis l’espoir de voir un jour un grand
débat ouvert sur cette période de notre histoire. C’est le seul point
d’accord que j’ai pu avoir avec l’interlocuteur de Thierry Ngongang .
J’espère qu’il est sincère. Mais j’ajoute tout de suite que le Général
se rallie aujourd’hui au thème central de la Conférence Nationale
Souveraine à l’égard de laquelle il ne marqua aucune sympathie en 1991,
à moins que sa mémoire sur ce chapitre aussi, ne lui joue des tours.