Le Général Pierre Semengue répond au Député Jean Michel Nintcheu: «Tout ce que j’ai dit est vrai et je peux le prouver»
YAOUNDE - 20 AOUT 2015
© Adeline ATANGANA | Cameroon-Info.Net
Je ne peux pas accepter parler à la télévision pour dire n’importe quoi. Tout ce que j’ai dit est vrai et je peux le prouver. Je ne peux pas me mettre à raconter du n’importe quoi. Je ne veux pas entrer dans des polémiques inutiles. Il ne faut pas que les gens disent des choses dont ils ne peuvent pas rapporter la preuve"
Une vraie grande muette. Le général d’armée Pierre Semengue fait rarement des sorties médiatiques. Et surtout quand il s’agit de parler de la guerre d’indépendance du Cameroun des années 60 au cours de la quelle il est soupçonné d’avoir joué un rôle de premier plan avec le soutien des colons français dans le massacre des indépendantistes camerounais. Mais, plus de 50 ans plus tard, l’officier le plus gradé de l’armée camerounaise a exceptionnellement accepté de raconter sa version des faits. Pour cela, il s’est livré à cœur ouvert pendant près de trois heures dans l’émission dominicale «Tribune de l’Histoire» édition du 16 août 2015 diffusée sur Canal 2 International, une chaine de télévision camerounais basée à Douala.
Les propos tenus par l’invité spécial et par le journaliste Ananie babier Bindzi qui a la particularité de toujours apporter de l’eau a moulin de son invité, ont déclenché un tollé au sein de l’opinion publique. Les prolongations de cette émission se jouent donc avec ceux qui contestent les déclarations du journaliste et du premier officier de l’armée camerounaise. Parmi les contestataires, figure le député SDF, Jean Michel Nintcheu. Pour ce dernier, «ces négationnistes d’un genre nouveau de l’Histoire du Cameroun ont laborieusement tenté de nier la réalité du génocide ou de susciter le doute chez un public qu’ils espèrent mal informé et non averti. En recourant à des déclarations volontairement scandaleuses sur la période sombre des années 60 au cours de laquelle de vaillants compatriotes ont été massacrés par les colons et leurs collabos en service commandé dans l’armée camerounaise, ces deux personnages se sont honteusement livrés à un exercice pitoyable et hideux de reniement de la réalité, de l’ampleur, et des modalités de l’extermination de nos compatriotes en pays Bassa et Bamiléké» fait observer l’honorable Jean-Michel Nintcheu, avant d’exposer ce qu’il pense être l’objectif de la sortie du très taiseux Pierre Semengue. «L’analyse de leurs propos démontre qu’ils étaient clairement destinés à légitimer un discours négationniste en prélude à la déclassification imminente des archives qui a été annoncée en des termes à peine voilés par le Président François Hollande lors de sa récente visite au Cameroun. L’obsession frénétique de M. Anani Rabier Bindji à vouloir à tout prix et à tous les prix dédouaner le chef de l’armée du régime néocolonial de la responsabilité des atrocités commises durant les années d’indépendance et le fait surtout de banaliser les faits au motif fallacieux que les crimes auraient été perpétrés par des bandits, obligent désormais et à juste titre les Historiens à s’intéresser sur le rôle que lui, Anani Rabier Bindji, aurait personnellement joué durant cette période trouble… Que les négationnistes Anani Rabier Bindji et le Général Pierre Semengue sachent une chose : qu’ils le veuillent ou pas, ça va se savoir. La déclassification des archives étant irréversible, rien ne sert de procéder à une fuite en avant pitoyable. Les crimes de sang, les crimes de génocide et les crimes contre l’humanité sont imprescriptibles» affirme l’élu du peuple.
Au lendemain de cette critique au vitriol, nos confrères du journal Mutations sont allés recueillir la réaction du général Pierre Semengue. Sans se faire prier et tout sereinement, ce dernier a mis au défit son contradicteur d’apporter la preuve des affirmations contenues dans sa critique «Je ne peux pas accepter parler à la télévision pour dire n’importe quoi. Tout ce que j’ai dit est vrai et je peux le prouver. Je ne peux pas me mettre à raconter du n’importe quoi. Je ne veux pas entrer dans des polémiques inutiles. Il ne faut pas que les gens disent des choses dont ils ne peuvent pas rapporter la preuve. Apres les déclarations de François Hollande, les gens ont proclamé dans la presse que je suis un général génocidaire. Bien avant, au cours d’un débat public, Henri Hogbe Nlend a déclaré que c’est moi qui ai tué Ossende Afana, en lui coupant la tête. Comment un intellectuel et homme d’Etat peut-il raconter de tels bobards ? J’ai donc tenu à restituer sur Canal 2 International la vérité historique » a répliqué avec fermeté, Pierre Semengue.
Le général âgé de 80 ans et mis en réserve de la République depuis quatre ans, a profité de cette opportunité pour rappeler un autre acte posé pendant les années 90, période du retour du multipartisme dans la violence. « Ce député SDF qui remet en cause mes propos, sait-il que j’ai gardé Ni John Fru Ndi (Leader emblématique du Sdf, ndlr)? S’il n’est pas d’accord, qu’il demande à Berbard Muna ». A Jean Michel Nintcheu d’apprécier !
Adeline ATANGANA, Cameroon-Info.Net