En règle générale, le bien ne fait pas de bruit et le bruit ne fait pas de bien. Mais qui jettera le premier la pierre à ceux qui pensent qu’il ne suffit pas de bien faire, il faut en plus faire savoir ce qui est bien fait.
En tout cas, telle est la sève vivifiante de la communication gouvernementale telle que voulue par le président de la République, Paul Biya. Dans ce sens, le ministre de l’Enseignement supérieur (Minesup), Jacques Fame Ndongo a entrepris d’échanger avec la presse mercredi dernier dans ses services, au sujet de l’octroi par le chef d’un don spécial de 500.000 ordinateurs portables aux étudiants des universités publiques et privées du Cameroun. En un mot comme en mille, pour le Minesup, il s’agit de la réponse présidentielle à une doléance des étudiants formulée le 13 février 2016, à l’occasion de la célébration du 83e anniversaire de Paul Biya.
Le chef de l’Etat met ainsi en oeuvre le projet «un étudiant-un emploi», qui vise à généraliser et systématiser l’usage de technologies de l’information et de la communication (Tic) par les étudiants. Grâce au programme «e-national higher éducation»,dans lequel s’inscrit le «cadeau» du chef de l’Etat, chacune des huit universités d’Etat sera dotée d’un centre de développement du numérique universitaire destiné à renforcer l’enseignement à distance, la numérisation de l’administration universitaire, le travail en réseau dans les universités et l’interconnexion sécurisée des universités publiques et privées du Cameroun.
Le tout pour une incidence financière de 75 milliards Fcfa. Un prêt concessionnel de la Chine au Cameroun, qui rentre dans l’accord-cadre signé le 18 juin 2015 à Beijing par le Minepat et le ministre chinois du Commerce, en présence des Premiers ministres camerounais et chinois. Sans s’arrêter outre mesure sur la controverse au sujet de cette nouvelle dette contractée par l’Etat du Cameroun, la «génération androïde» ne fera pas la fine bouche face au geste présidentiel, qui est un pas important dans l’arrimage des étudiants à l’économie numérique universitaire.
Mais ce geste n’est pas suffisant. Il doit absolument en appeler d’autres. Le challenge est multisectoriel et l’on est fondé de soutenir que le ministre de l’Enseignement supérieur a fait (au moins en partie) son job dans ce vaste chantier. Les autres urgences pour l’avènement d’une véritable économie numérique du Cameroun ont été définies au cours des premières journées nationales consacrées à cette question, intervenues après le message présidentiel à la jeunesse du 10 février dernier. Le gouvernement doit poser 4000 km supplémentaires de fibre optique, en plus du linéaire de 6000 km.
Le maillage du territoire national par les cinq câbles sous-marins est également un impératif tout comme la stimulation de la production et l’offre des contenus numériques. Du reste, il urge d’assurer la promotion de la culture du numérique, de développer les infrastructures de large bande et d’assurer la mutation numérique de l’administration publique et de l’ensemble des secteurs d’activités. Le Cameroun a pris du retard dans le domaine de l’économie numérique, qui est une niche de croissance. En la matière, en comparaison avec des pays tels que le Rwanda, le «géant Cameroun» n’est qu’un petit poucet. Le don du chef de l’Etat est un indice de volonté politique, mais aussi un indicateur de ce que le gouvernement peut mieux faire.