Le Dictateur Paul Biya musèle le Cameroun : Kelman et Beyala se taisent…
Le Dictateur Paul Biya musèle le Cameroun : Kelman et Beyala se taisent…
"Et les chiens se taisaient..."
Aimé Césaire.
Décidément, il est des silences plus parlants que tous les discours. Les défenseurs camerounais du despote Gbagbo pendant la dernière crise postélectorale ivoirienne, nous auront habitués à bien de bien étranges mutismes, chaque fois que leur propre pays natal, le Cameroun est au cœur du débat démocratique et de l’actualité politique africaine. Nous devons ausculter ce patriotisme africain suspect, à tête chercheuse, à allumage alternatif et à objectifs semi-invisibles. Selon la loi camerounaise, une élection présidentielle doit se tenir au plus tard en octobre 2011 dans le pays, dont Paul Biya, 78 ans sonnés, tient farouchement les rênes depuis 29 ans au prix de moult mensonges et crimes de toutes sortes. Qu’en pensent nos anticolonialistes à tête chercheuse ? Notre propos est précisément de nous interroger : Où sont-ils passés, nos anticolonialistes dogmatiques, passés maîtres dans l’art de pérorer sur la Côte d’Ivoire et la Lybie, maintenant que Biya s’affiche résolument comme candidat à la présidence à vie et parangon de la défense des intérêts multinationaux de l’Occident au Cameroun ? Où sont passés les Beyala et les Kelman quand Biya martyrise les rares formations politiques à pouvoir encore contester la mascarade électorale que l’organisme ELECAM, à la botte du parti-Etat du RDPC, nous prépare à froid ? Que disent nos gueulards fieffés des révélations extraordinaires du livre d’enquête de la journaliste Fanny Pigeaud, Au Cameroun de Paul Biya, qui défraie actuellement la chronique éditoriale politique sur les trente dernières années de l’histoire du pays ? J’irai même plus loin : où sont les cadres de LMP en général et du FPI en particulier, quand leurs rares soutiens de l’UPC sont pris en otage par la soldatesque de Biya au Cameroun, alors même que l’UPC est la seule formation politique au sud du Sahara à avoir organisé des manifestations de rue dans un pays étranger pour soutenir le maintien au pouvoir du soi-disant Camarade anti-impérialiste Laurent Gbagbo ? Le principe de réciprocité en matière de solidarité politique internationale n’eut-il pas voulu que le FPI et ses militants manifestassent d’une manière ou d’une autre leur soutien à leurs « camarades » menacés par le despote criminel de Yaoundé ? L’Afrique abonde décidément de mystères.
I Une semaine d’enfer pour l’opposition radicale au Cameroun
La semaine passée a été marquée au Cameroun par l’encerclement militaire des militants de l’UPC (Union des Populations du Cameroun) en Congrès ordinaire de leur parti à Douala. Alors qu’ils participaient aux travaux de leur Congrès prévu du 12 au 14 août 2011, les upécistes ont été envahis et pris à la gorge par un détachement de bidasses sans foi ni loi appartenant à l’unité terroriste du BIR (Brigade d’Intervention Rapide), au service du dictateur Paul Biya. Irrité par le fait que l’UPC, le parti du mythique résistant Ruben Um Nyobè, ancien Vice-Président du RDA aux côtés de Félix Houphouet-Boigny, soit le seul parti politique à réclamer l’instauration effective d’une Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), Biya a décidé de montrer ses muscles, envoyant une centaine d’hommes armés jusqu’aux dents dans le quartier de New-Bell où le parti nationaliste tenait ses Assises. Malgré toutes ces intimidations et oukases, l’UPC a ténu son Congrès et a relativement renouvelé sa direction, comme prévu. En dehors donc de nous-mêmes et de tous nos camarades upécistes, mais aussi des intellectuels camerounais libres et engagés, restés attachés à la fois à la démocratie et à la souveraineté de l’Afrique, qui a-t-on entendu et vu monter au créneau contre les dérives arbitraires du biyaïsme ?
Ce qu’il y a de terrible dans cette affaire, c’est que nous en sommes à moins de trois mois de l’échéance de l’élection présidentielle dans un pays où le droit de manifester, le droit de s’associer, de se réunir n’est toujours pas reconnu par le pouvoir. A la moindre velléité de manifestation publique, au moindre rassemblement de masse, le régime Biya mobilise l’armée – même pas les seules police et gendarmerie- et notamment ses troupes d’élites contre le menu peuple des citoyens aux mains nues. 150 vies ont été ainsi fauchées en 2008 par les tirs à balles réelles de l’armée camerounaise sur les foules. Devant une telle forfaiture, que de plumes camerounaises manquent à l’appel dans la presse, que de voix et de visages font défaut aux radiotélévisions ! Cette aberration de l’arbitraire triomphant du despote Biya est connue de tous, mais nos forts en thème de l’anticolonialisme dogmatique, les Beyala, les Kelman, les Mono Ndjana, les Touoyem, les Ayissi Lucien, les Mbélé et consorts, n’en font curieusement pas les choux gras de leurs sorties médiatiques.
Comment comprendre qu’il existe une intelligentsia critique de la domination internationale dans un pays comme le Cameroun, mais que la même intelligentsia soit aux abonnés absents quand la domination des africains sur les africains fait rage ? Le SDF (Social Democratic Front ) de John Fru Ndi, lui-même ancien militant du RDPC de Paul Biya, a abandonné l’exigence radicale d’une Commission Electorale Nationale Indépendante il y a une semaine, pour se soumettre à la machinerie d’ELECAM. Or qu’est-ce, ELECAM ? Un organisme électoral dont 90% des membres nommés par le Président de la République et Président du RDPC au pouvoir, sont des hauts cadres et militants de longue date du RDPC . Un organisme soi-disant électoral, qui a été dépouillé du droit de proclamer les votes dans les bureaux de vote. Un organisme de caricature électoral qui découvrira avec étonnement les résultats de l’élection qu’il est supposé organiser, à la télévision nationale, comme le gros du peuple camerounais qui refuse à bon droit de cautionner cette mascarade en abondant des listes électorales qui ne servent à rien ! ELECAM, ou l’impuissance de l’opposition et de la société civiles camerounaises à mettre en place un rapport de forces qui contraigne Biya à se soumettre au verdict souverain des urnes…
II Le silence des charognards vient de leurs ventres pleins…
Venons en donc aux raisons de cet anticolonialisme dogmatique à tête chercheuse et osons une hypothèse explicative qui ne plaira pas à certains esprits simplistes. Vraisemblablement, le silence de la bande des anticolonialistes d’opérette du Cameroun a partie liée avec celui des pseudo-démocrates du FPI quand leurs soi-disant alliés camerounais de l’UPC sont pris à la gorge par les sbires du despote Biya, l’homme-Lion du RDPC. Si ces intellectuels d’opérette et ces alliés de circonstances politiques se taisent lorsque Biya violente des citoyens upécistes avec pour seul motif leur opposition à la mascarade pseudo-électorale d’ELECAM, c’est bien qu’il existe au fond une solidarité objective entre les deux engeances. Sur quoi cette solidarité objective est-elle construite ? Au fond, les Kelman, Beyala, et leurs suiveurs donneurs de leçons de patriotisme en Côte d’Ivoire ne sont ni des patriotes, ni des démocrates africains, mais bel et bien des pourvoiristes. L’enjeu de leur soutien à Gbagbo fut le soutien de Gbagbo à leur projet d’insertion politico-diplomatique et à leurs quêtes de strapontins opportunistes.
Sans vergogne, ni Kelman, ni Beyala, ne s’inquiètent des violations des libertés au Cameroun. Ils s’activent autant que possible à lisser l’image de la barbarie camerounaise et à exercer toute leur verve critique là où ils n’ont rien à perdre : dans les affaires de pays étrangers qui peuvent nourrir leur business médiatico-diplomatique. Kelman, bien introduit dans les milieux de la droite et du centre politique en France, ancien conseiller du tristement célèbre Eric Besson, est connu pour ses entrées au Consulat de France à Yaoundé et pour ses largesses verbales et télévisuelles envers le régime Biya. L’homme s’est même reconverti dans l’exacerbation des fantasmes anti-chinois qu’un certain capitalisme français veut désespérément exploiter pour consolider des positions souvent indues en Afrique. Calixte Beyala s’est quant à elle souvent affichée comme une proche amie et conseillère de Madame Chantal Biya, lésinant volontiers sur les crimes de Paul Biya à la tête de l’Etat, le présentant comme un homme résolument moderne et compétent quand les interrogations sur les silences camerounais de ses sorties critiques se faisaient ardues. De fait, Beyala avait espéré le soutien des barbouzes de la Françafrique pour l’accès au poste de Secrétaire Générale de la Francophonie, contre un vieux briscard de la carrure d’Abdou Diouf, l’ancien chef de l’Etat sénégalais. Mal en a pris notre gueularde de l’anticolonialisme dogmatique, car le cinglant désaveu des chefs d’Etat africains, doublé de la paire de claques de Sarkozy, l’avait laissée aphone, avec Simone et Laurent Gbagbo, mais aussi le bédouin fou Khadaffi pour seuls et menus soutiens. L’affaire à foiré et depuis lors, Beyala, qui a fait ses choux gras en arpentant les allées secrètes de la droite française parisienne, se comporte médiatiquement comme une enfant gâtée qui commençait à prendre ses mauvaises habitudes pour des normes de comportement.
Les intellectuels sédentaires du pouvoir camerounais, les Rachel Bidja, Mono Ndjana, Mbélé, Towa, Mbélé, Ayissi, Njoh Mouellé, Kontchou, Kamto, Fame Ndongo et consorts, très chauds pour se jeter dans l’arène politique ivoirienne au nom d’un patriotisme africain de pure illusion, sont aussi aux abonnés absents dans les luttes populaires contre l’exploitation économique dévastatrice du pays. Ils ne disent rien de décisif devant la descente aux enfers de nos universités nationales par la départementalisation ethnique des facultés et écoles. Ils ne disent rien de clair devant les nombreuses réécritures et récupérations ethnicistes de la normativité politique camerounaise. Ils ne disent rien face à l’instrumentalisation politicienne et cynique de l’opération anti-corruption Epervier par Paul Biya contre ses rivaux politiques de l’oligarchie du RDPC. Ils ne disent rien quand Biya fabrique un monstre institutionnel nommé ELECAM, pour nuire à l’espérance forte du peuple camerounais d’exercer enfin sa souveraineté dans le choix de ses dirigeants provisoires. Quelle explication donner au silence de ces soi-disant hommes et femmes de science ? Je dirai qu’on ne comprendra jamais ce mutisme si on ne prend pas en compte la branche de l’arbre sur lequel reposent tous les espoirs de cette engeance. Laissons parler à cet effet le Professeur Jacques Famè Ndongo en 2010, expliquant ce que valent les intellectuels du biyaïsme :
« Nous sommes tous des créatures ou des créations du président Paul Biya, c’est à lui que doit revenir toute la gloire dans tout ce que nous faisons. Personne d’entre nous n’est important, nous ne sommes que ses serviteurs, mieux, ses esclaves. »
C’est donc parce qu’ils ont le ventre plein de la mansuétude du prince Biya que nos anticolonialistes dogmatiques se taisent allègrement sur les crimes locaux d’un despote qu’ils défendent du reste contre l’intrusion impérialiste d’une Communauté Internationale de plus en vétilleuse sur les avancées démocratiques des Etats africains. Le silence de ces gens est celui des ventriloques du biyaïsme, ils ne parlent et se taisent que pour roter.
Ecoutons aussi Gaston Kelman, le noir qui n’aime pas le manioc, justifiant dans une émission télévisée sur France 5 en 2011, la politique française de l’immigration sous les yeux médusés d’admiration du ministre sarkozyste Brice Hortefeux :
« La politique de l’immigration de la France ne peut se décider dans les pays d’origine des immigrés…Et de toutes les façons, moi je demande, au lieu de s’acharner sur la politique d’immigration de la France, qu’on regarde un peu les chinois, car moi Kelman, je n’ai pas envie qu’un chinois devienne président de la république du Cameroun. »
Vous y avez compris quelque chose ? Biya, pour tous ces neuneu, doit rester au pouvoir au Cameroun pour protéger les intérêts français contre l’invasion chinoise en Afrique. Françafrique contre Chinafrique. Le match dans le match a commencé à la barbe de nos luttes démocratiques ! La question essentielle est pourtant celle de l’expression souveraine des peuples africains dans l’invention et la consolidation des institutions de leurs libertés.
Et pour en revenir à nos anticolonialistes dogmatiques de LMP/FPI en Côte d’Ivoire, autant dire maintenant pourquoi ils n’organisent pas de manifestation en Côte d’Ivoire pour soutenir les upécistes menacés de mort par le dictateur Biya, alors que l’UPC, dans un fourvoiement grave, a osé organiser des manifestations de rue au Cameroun pour défendre le soi-disant anticolonialiste Laurent Gbagbo au lieu de se concentrer sur le cas patent du dictateur Biya qui la tient en joue aujourd’hui grâce à ses sbires ! N’existerait-il donc pas un principe de réciprocité en matière de relations politiques internationales ? Ne soyons pas dupes de l’inanité de certaines pseudo-alliances. Nous pensons à haute voix que le FPI en 2011 n’est ni un parti démocratique, ni un parti anticolonialiste, l’un de ces attributs ne valant rien de bon sans l’autre. Parti d’extrême-droite ivoiritaire, le dépôt de bilan du FPI en 2011, avec toutes les clarifications apportées par la critique courageuse du Professeur Mamadou Koulibaly, ancien Vice-Président de ce parti, est dramatiquement désolant : pays appauvri, infrastructures à l’abandon, écoles et universités délabrées, image internationale de la Côte d’Ivoire écornée, recul massif du respect de la dignité humaine, racisme et xénophobie exacerbés, corruption publique massive, etc.
La Côte d’Ivoire de Gbagbo ressemble étrangement au Cameroun de Paul Biya ( Lire en ce sens de livre-enquête de Fanny Pigeaud, Au Cameroun de Paul Biya), et le FPI de Gbagbo au RDPC de Paul Biya ! Le mépris du verdict des urnes, marque déposée du biyaïsme (le livre de Thierry Amougou, Le Biyaïsme, L’Harmattan 2001 en traite), est devenu l’emblème du gbagboisme en fin de pouvoir. Plutôt mourir au pouvoir que de le perdre, brûler le Cameroun et la Côte d’Ivoire que de reconnaître qu’on n’y a pas gagné les élections. Gbagbo, comme Biya, ont dit à leur peuple : « après moi, sans moi, ce sera le chaos ! » Par voie de conséquence, les militants de l’UPC (Union des Populations du Cameroun) qui ont été tentés par l’appel des sirènes anticolonialistes et dogmatiques du LMP/FPI de Gbagbo ont hélas brillé par leur irresponsabilité et leur naïveté impardonnables. On ne peut risquer la crédibilité d’une organisation historique de la valeur de l’UPC dans la défense d’un anticolonialisme dogmatique couvrant les crimes de l’africain Gbagbo contre les libertés fondamentales de ses propres compatriotes. On ne peut risquer sans désaveu électoral des upécistes, dans l’UPC elle-même, de sacrifier l’UPC à l’autel des bêtises du Front Populaire Ivoirien. Cela impose, au FPI comme à l’UPC, l’urgence d’ un changement radical de leadership politique et de méthodes d’action pour affronter les nouveaux impératifs de la démocratisation africaine. Affaires à suivre dans mon livre à paraître en septembre 2011, Critique de la tragédie kamerunaise…